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Paris, France | AFP | jeudi 30/11/2022 - Les points de frictions restent nombreux entre les négociateurs de la COP15 Biodiversité, qui s'ouvre le 7 décembre. Sur quels objectifs cruciaux devront-ils trouver un consensus pour espérer obtenir un accord le 19 décembre à Montréal?
- 30% de la planète protégée
Parmi la vingtaine d'objectifs en discussions, l'ambition phare, surnommée 30x30, vise à placer au moins 30% des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d'ici 2030. Contre respectivement 17% et 10% dans l'accord précédent de 2010.
Le pourcentage -- un minimum pour certains spécialistes, qui réclament 50% -- n'est qu'une partie de l'équation. La France a ainsi déjà atteint l'objectif maritime, mais des ONG dénoncent le choix de zones inexploitées dans les mers australes et la permanence d'une pêche industrielle dans des secteurs protégés de métropole.
Ce chiffrage sera aussi en balance avec les efforts nécessaires sur les 70% restants de la planète. Sont ainsi en débat la restauration des terres dégradées (20%, 30% ou 1 milliard d'hectares?), diviser au moins par deux la circulation des espèces invasives et réduire l'usage des pesticides et des engrais (de moitié voire de deux tiers pour les plus ambitieux, avec des débats tendus en perspective avec le Brésil et l'Argentine notamment).
- Droits des peuples indigènes
Les territoires des communautés autochtones abritent 80% de la biodiversité restante sur Terre, selon les experts climat de l'ONU. Le rôle de ces peuples est devenu un fil rouge dans les négociations, consensuel sur le principe mais loin d'être traduit dans l'accord.
"Il est impossible de réaliser le 30x30 sans eux (...) parce qui si vous regardez les cartes, plus d'un tiers de la Terre est gérée par les peuples indigènes", a rappelé à l'AFP Jennifer Tauli Corpuz, dont l'association Nia Tero représente les peuples autochtones à la COP15.
Après des années de marginalisation et de déplacements forcés, parfois même au motif de la conservation (renommé "colonialisme vert" par certains militants), ces communautés exigent de donner un consentement libre et informé sur l'établissement de zones protégées. Et veulent des garanties sur la préservation de leur droit et la reconnaissance de leur rôle dans plusieurs autres objectifs en débat.
Mexique, Bolivie et Colombie, ainsi que les Philippines ou la Nouvelle-Zélande et l'Australie sont très impliqués sur cette question, selon Mme Tauli Corpuz.
- Biopiraterie
L'héritage non-résolu de la biopiraterie, vieux serpent de mer des négociations onusiennes, menace l'obtention d'un accord.
Un grand nombre de pays du Sud, Afrique en tête, exigent de toucher enfin les bénéfices des ressources biologiques ayant permis la fabrication lucrative de médicaments ou produits cosmétiques dans les pays riches. Une promesse qui remonte à l'origine même de la Convention sur la diversité biologique en 1992.
Un système a été mis en place, à partir de 2014 en vertu du protocole de Nagoya, pour rémunérer chaque usage de ressource.
Sauf qu'il ne concerne que le prélèvement physique d'une plante ou d'un animal. Or, les chercheurs ne travaillent plus quasiment qu'avec des séquences génétiques numérisées, les DSI (Digital sequence information). Contenues dans des bases de données en en libre-accès, elle ne génère aucun flux financier vers les pays d'origine.
"C’est le pillage du tiers-monde: ces populations ne touchent pas un sou des merveilles qu’elles ont conservées", explique l'économiste Catherine Aubertin, décrivant "une grosse frustration" historique muée en question de principe.
La création d'un nouveau fonds multilatéral, ainsi que des transferts de compétences et de soutiens à la recherche, suffiront-ils à résoudre cette question devenue très sensible?
- Financement
Un bras de fer s'annonce enfin sur les financements. Plusieurs pays en développement, dont le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Indonésie, demandent que les pays riches transfèrent "au moins 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2030" pour préserver la biodiversité, une somme qui s'ajouterait à l'objectif du même montant pour le climat.
En face, les pays riches sont réticents à la création d'un nouveau fonds, à la gestion jugée complexe et inefficace, et veulent privilégier une amélioration des flux actuels, via notamment les banques de développements. Ils feront de ces questions financières, cruciales pour dénouer les blocages en fin de sommet, une contrepartie à leur souhait de voir l'accord intégrer des objectifs précis, mesurables et contraignants.
- 30% de la planète protégée
Parmi la vingtaine d'objectifs en discussions, l'ambition phare, surnommée 30x30, vise à placer au moins 30% des terres et des mers du globe sous une protection juridique minimale d'ici 2030. Contre respectivement 17% et 10% dans l'accord précédent de 2010.
Le pourcentage -- un minimum pour certains spécialistes, qui réclament 50% -- n'est qu'une partie de l'équation. La France a ainsi déjà atteint l'objectif maritime, mais des ONG dénoncent le choix de zones inexploitées dans les mers australes et la permanence d'une pêche industrielle dans des secteurs protégés de métropole.
Ce chiffrage sera aussi en balance avec les efforts nécessaires sur les 70% restants de la planète. Sont ainsi en débat la restauration des terres dégradées (20%, 30% ou 1 milliard d'hectares?), diviser au moins par deux la circulation des espèces invasives et réduire l'usage des pesticides et des engrais (de moitié voire de deux tiers pour les plus ambitieux, avec des débats tendus en perspective avec le Brésil et l'Argentine notamment).
- Droits des peuples indigènes
Les territoires des communautés autochtones abritent 80% de la biodiversité restante sur Terre, selon les experts climat de l'ONU. Le rôle de ces peuples est devenu un fil rouge dans les négociations, consensuel sur le principe mais loin d'être traduit dans l'accord.
"Il est impossible de réaliser le 30x30 sans eux (...) parce qui si vous regardez les cartes, plus d'un tiers de la Terre est gérée par les peuples indigènes", a rappelé à l'AFP Jennifer Tauli Corpuz, dont l'association Nia Tero représente les peuples autochtones à la COP15.
Après des années de marginalisation et de déplacements forcés, parfois même au motif de la conservation (renommé "colonialisme vert" par certains militants), ces communautés exigent de donner un consentement libre et informé sur l'établissement de zones protégées. Et veulent des garanties sur la préservation de leur droit et la reconnaissance de leur rôle dans plusieurs autres objectifs en débat.
Mexique, Bolivie et Colombie, ainsi que les Philippines ou la Nouvelle-Zélande et l'Australie sont très impliqués sur cette question, selon Mme Tauli Corpuz.
- Biopiraterie
L'héritage non-résolu de la biopiraterie, vieux serpent de mer des négociations onusiennes, menace l'obtention d'un accord.
Un grand nombre de pays du Sud, Afrique en tête, exigent de toucher enfin les bénéfices des ressources biologiques ayant permis la fabrication lucrative de médicaments ou produits cosmétiques dans les pays riches. Une promesse qui remonte à l'origine même de la Convention sur la diversité biologique en 1992.
Un système a été mis en place, à partir de 2014 en vertu du protocole de Nagoya, pour rémunérer chaque usage de ressource.
Sauf qu'il ne concerne que le prélèvement physique d'une plante ou d'un animal. Or, les chercheurs ne travaillent plus quasiment qu'avec des séquences génétiques numérisées, les DSI (Digital sequence information). Contenues dans des bases de données en en libre-accès, elle ne génère aucun flux financier vers les pays d'origine.
"C’est le pillage du tiers-monde: ces populations ne touchent pas un sou des merveilles qu’elles ont conservées", explique l'économiste Catherine Aubertin, décrivant "une grosse frustration" historique muée en question de principe.
La création d'un nouveau fonds multilatéral, ainsi que des transferts de compétences et de soutiens à la recherche, suffiront-ils à résoudre cette question devenue très sensible?
- Financement
Un bras de fer s'annonce enfin sur les financements. Plusieurs pays en développement, dont le Brésil, l'Afrique du Sud et l'Indonésie, demandent que les pays riches transfèrent "au moins 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2030" pour préserver la biodiversité, une somme qui s'ajouterait à l'objectif du même montant pour le climat.
En face, les pays riches sont réticents à la création d'un nouveau fonds, à la gestion jugée complexe et inefficace, et veulent privilégier une amélioration des flux actuels, via notamment les banques de développements. Ils feront de ces questions financières, cruciales pour dénouer les blocages en fin de sommet, une contrepartie à leur souhait de voir l'accord intégrer des objectifs précis, mesurables et contraignants.