CHPF : le service radiologie toujours en grève, tous les rendez-vous annulés


La grève des radiologues et des manipulateurs, qui a débuté lundi 26 décembre au Centre hospitalier du Taaone, semble partie pour durer. La réunion organisée hier lundi entre les représentants syndicaux, le président Oscar Temaru et le ministre de la santé Charles Tetaria, n'a pas permis de déboucher sur un accord. Radiologues et manipulateurs confondus, les grévistes sont au nombre de 21 (sur un effectif total de 38) selon la direction de l'hôpital. Tous les rendez-vous sont reportés sine die, seules les urgences sont assurées par deux radiologues et deux manipulateurs réquisitionnés.

"Les radiologues demandent toujours deux semaines de congés qui ne sont pas justifiées" a relaté le directeur de cabinet du ministre de la santé, Raymond Chin-Foo, "donc non, rien n'a été signé hier (lundi NDLR)". Les radiologues réclament pourtant l'application du protocole signé par ce même ministre à l'issue de leur dernier mouvement social, en novembre 2011.

Suite à la suppression unilatérale en 2010 de leurs quatre semaines de "congés rayons", censés compenser l'exposition des personnels des services de radiologie aux risques d'irradiation, la profession avait alors abouti à un accord avec Charles Tetaria, qui avait coupé la poire en deux. "Contrairement à ce qu'affirme le ministre aujourd'hui, nous ne sommes pas venus le supplier, c'est lui qui nous a fait cette proposition et nous a accordé deux semaines de congés" explique un manipulateur radio à Tahiti Infos. "Aujourd'hui, on attend toujours".

Le ministre s'est-il dédié? Ou bien a-t-il reçu une fin de non-recevoir de la part du président en conseil des ministres ? Peu importe selon les radiologues et les manipulateurs, qui se disent prêts à continuer la grève "aussi longtemps qu'il le faudra". "Si le mouvement devait continuer, il nous faudrait réquisitionner plus de personnel" a affirmé la direction de l'hôpital à Tahiti Infos. Les cliniques Cardella et Paofai, qui ne sont pas touchées par le mouvement de grève pour l'heure limitée au secteur public, prennent le relais.

En métropole, les "congés rayons" ont été supprimés en 1986. Interrogé par un sénateur dans une question écrite du 10 juillet 1986, le ministère de la santé avait fait à l'époque la réponse suivante : "les congés n'auraient en effet, de l'avis de tous les experts, aucun effet réparateur des conséquences des radiations. Les matériels en usage aujourd'hui ainsi que les intallations permettent lorsque les conditions convenables d'utilisation sont réunies, d'assurer une sécurité normale."

Le manipulateur interrogé par Tahiti Infos relativise cette affirmation : "la Polynésie est en retard en matière de normes de radioprotection (absence de contrôle dosimétrique opérationnel, étude de poste, visite médicale bi-annuelle, etc..) et nous sommes toujours aussi exposés au Taaone qu'à Mamao, car les scanners et la salle de radiologie interventionnelle, où nous sommes sous la machine, sont les mêmes que dans l'ancien hôpital" a-t-il affirmé. Le personnel du service d’imagerie répond en outre qu’il refuse d’être le personnel le plus exposé de la République Française : cette récupération du temps d’exposition aurait lieu selon eux dans certains centres métropolitains, qui bénéficient en outre d’une réduction du temps d’exposition grâce à la mise en place des 35 heures, ce qui représente 208 heures annuelles d’exposition en moins.

Rédigé par F K le Mardi 3 Janvier 2012 à 11:00 | Lu 1863 fois