"C'est pour bébé que j'ai fait ça" déclare le braqueur de Pueu


Les effets saisis par la gendarmerie sur indication de Vaianui, après le braquage de la roulotte pizzeria samedi soir.
PAPEETE, 9 juillet 2015 – Le braqueur de Pueu a finalement été jugé jeudi en comparution immédiate. Le tribunal l'a condamné à 8 mois de prison dont 4 avec sursis assortis d'une mise à l'épreuve de 2 ans, et a prononcé un mandat de dépôt. Son acte était passible d'une peine de 20 ans de réclusion criminelle.

Vaianui passera les quatre prochains mois à Nuutania. Ce père de famille, primo-délinquant de 31 ans, avait été interpellé dans la nuit de samedi à dimanche après le braquage, armé d'un fusil à plomb, d'une roulotte pizzeria de Pueu.

Présenté une première fois en comparution immédiate lundi, son jugement n'avait pu avoir lieu en raison d'un dysfonctionnement judiciaire.

> Lire aussi : Un braqueur et un violeur présumés relâchés suite au retard d'un procureur

Il a été de nouveau cité en comparution immédiate jeudi après-midi et reconnu coupable du crime de vol à main armé. Il est condamné à une peine de 8 mois de prison dont 4 avec sursis, assortie d'une mise à l'épreuve de 2 ans. Le tribunal a prononcé son mandat de dépôt.

Le visage repentant, ce solide gaillard a reconnu sans mal les faits. L'élocution calme, l'air navré, il a poliment servi des "oui Madame" à la juge Lacroix durant l'instruction à l'audience. Il a même reconnu, sans qu'on le lui demande lors de sa garde à vue, un premier vol en mai dernier au même endroit. Le larcin avait discrètement été commis alors que le pizzaiolo fermait la roulotte : "40 mille francs et quelques pièces", avoue-t-il simplement. Personne ne le soupçonnait.

"Un travail pour retrouver de la dignité"

Concernant le braquage de samedi soir, l'explication qu'il finit par lâcher à la barre est pathétique : "C'est pour bébé que j'ai fait ça. Il n'y a pas de travail, il n'y a pas d'argent. C'est pas souvent qu'il y a de la bouffe à la maison". Vaianui et sa compagne sont les parents d'un nourrisson de 5 mois. Sans emploi, le couple loge au domicile des parents à deux kilomètres de la marina de Pueu.

Vers 22 heures samedi soir, sur ce site de restauration, commune de Taiarapu-Est sur la presqu'île de Tahiti, camouflé derrière une cagoule "trois trous" et vêtu d'une veste de treillis, il avait braqué, armé de son fusil à plombs de calibre 4.5, l'employé d'une roulotte, lui réclamant la recette du jour. Celui-ci la lui avait d'abord remise : 30.000 Francs. Mais déjà victime d'un premier vol de sa recette en mai dernier, le pizzaiolo avait plaidé sa cause en déclarant qu'il perdrait son emploi, après ce second cambriolage. Et, au terme d'une "négociation" Vaianui avait accepté de ne garder que 10.000 Fcfp, rendant à l'employé 20.000 Fcfp avant de s'enfuir vite en direction de la montagne où il s'était évanoui dans l'obscurité.

Mais, en dépit de son camouflage, Vaianui avait ce soir-là été identifié "à sa démarche" par la propriétaire d'une roulotte voisine. Sans compter que, chemin faisant vers 21h30 alors qu'il se rendait à bicyclette vers la roulotte, il s'était vanté de ses intentions, auprès de trois jeunes connaissances croisées par hasard.

Et vers 2h30, dimanche matin, il avait simplement été cueilli en douceur par les gendarmes alors qu'il tentait de regagner son domicile.

Immédiatement placé en garde à vue, ce primo délinquant avait une première fois été cité en comparution immédiate ce lundi, à 14 heures, devant le tribunal correctionnel de Papeete pour vol avec la menace d'une arme. Le tribunal n'avait pu être constitué en raison d'un retard de présentation du ministère public. Vaianui avait été remis en liberté.

Il est visé, depuis, par une plainte pour coups et blessures déposée sa sœur après un accrochage mercredi matin au sujet de sa situation judiciaire et personnelle. Mercredi, en constatant l'ouverture de cette nouvelle procédure, il a menacé de mettre fin à ses jours en se tranchant la gorge. "C'est ma sœur, je l'aime. Je l'ai toujours défendu lorsqu'elle avait des problèmes", a-t-il déclaré à la barre alors que ce matin-là, sous le coup de l'emportement il avait lâché des menaces de mort en direction de sa petite sœur. Face au risque de suicide, le tribunal a ordonné une prise en charge psychiatrique dès son arrivée à Nuutania.

"Moi, j'ai une solution pour ce genre de délinquant", a suggéré Me Tefan lors de sa plaidoirie : "avoir un travail pour retrouver de la dignité". Durant sa période de mise à l'épreuve, Vaianui sera assujetti à une obligation formation professionnelle. L'occasion peut-être de s'aménager une seconde chance et d'en faire profiter les siens.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 9 Juillet 2015 à 16:46 | Lu 1654 fois