C'est le moment de donner ses tōta


Pendant le Tōta tour, la population est invitée à faire don de ses pièces, qu'elle peut déposer dans des urnes présentes dans une centaine de commerces à Tahiti.
Tahiti, le 21 mars 2022 - C'est reparti pour le Tōta tour 2022, la collecte de pièces en faveur des jeunes trisomiques du centre Papa Nui, qui démarre ce lundi 21 mars, journée mondiale de la trisomie 21. L'édition de cette année a une teneur particulière, à quelques semaines de la fin programmée des tōta, qui est loin d'altérer l'enthousiasme de ses organisateurs. Au contraire, le centre travaille sur des projets toujours plus inclusifs et ne manque pas d'idées pour ses jeunes.
 
Top départ pour le Tōta tour 2022, en ce 21 mars, journée mondiale de la trisomie 21. Depuis sa création en 2010, l'opération de collecte de petites pièces (tōta) en faveur des jeunes trisomiques du centre médico éducatif Papa Nui a fait sa place dans les événements solidaires du fenua. Cette 13e édition se tient à quelques semaines de la fin de circulation des tōta prévue le 31 mai. Pas de quoi ébranler la motivation et l'enthousiasme de ses organisateurs : "Le Tōta tour, c'est un état d'esprit. Je n'ai pas d'inquiétudes, on rebondira toujours. Le Tōta tour continuera", confie Stéphane Maradin, directeur du centre Papa Nui et organisateur du Tōta tour. "On continuera à exister et développer des partenariats solidaires."
 
Cette année, l'événement a lieu du 21 mars au 21 avril. La collecte de pièces auprès de la population, avec les traditionnelles urnes en bois et avec de grands futs aux couleurs du Tōta, se fait dans presque une centaine de commerces de Tahiti. En parallèle, un Tōta tour des entreprises est proposé à toutes celles qui veulent participer, il leur suffit de créer leurs propre urne et la mettre à disposition de leurs employés et visiteurs et à partager l'initiative sur les réseaux sociaux.  Le Tōta tour se déplacera dans les écoles et pour que "la jeunesse se rencontre", les jeunes porteurs de la trisomie 21 iront dans les établissements scolaires participer à des échanges sportifs, culturels et même une opération de ramassage de déchets. Enfin, cette année, l'opération présente une nouveauté : des jeunes du centre Papa Nui circuleront en tuk tuk à la rencontre de la population dans le centre-ville de Papeete avec des animations pour le tuk tuk tōta tour ! 

"Des ambassadeurs de la trisomie 21"

Des grand futs pour récolter des pièces sont disponibles à l'agence Air France de Papeete, à la Brasserie Hoa à Fare Ute, au service fret du Taporo Motu Uta et au centre Papa Nui à taunoa.
Au-delà de la collecte de pièces, le directeur Stéphane Marandin insiste : "C'est un outil qui nous permet de faire connaître et reconnaître les personnes porteuses de trisomie 21. Le centre n'est pas un ghetto, il se veut interactif et nos jeunes ont des activités en milieu ordinaire, certains en club au tennis de table, en natation ou dans une troupe de danse… les jeunes du centre sont les meilleurs ambassadeurs de la trisomie 21."

Depuis la création Tōta tour, l'argent récolté a permis de grandement développer l'action éducative auprès des jeunes, comme nous l'explique Stéphane Marandin : "Grâce aux dons du Tōta tour, nous autofinançons des activités comme le théâtre, le judo, l'art thérapie, la natation, l'équitation… Ça nous permet aussi de compléter les frais de fonctionnement du centre. Le Tōta tour soutiendra également une partie de notre grand projet d'habitat inclusif pour nos jeunes adultes avec un appartement qui leur permet de développer leur autonomie. On commence en avril avec six jeunes qui vivront dans une maison, accompagnés d'un éducateur pendant cinq nuits. (un projet cofinancé par le Tōta tour, une subvention du Pays et les familles des jeunes)." 

Contact : 
Page Facebook Tōta Tour  
heimanava@mail.pf 

Trisomie 21

La trisomie 21 ou le syndrome de Down est une anomalie présente dans le chromosome n°21, normalement l'homme possède 23 paires de deux chromosomes. Dans le cas de la trisomie, le chromosome n°21 en possède trois paires. Cette anomalie entraîne un retard intellectuel et un retard de langage, "mais cela ne les prive pas de compétences, ils peuvent très bien en développer et développer des savoir-être et des savoir-faire", comme le précise le directeur du centre Papa Nui.  

Benoit Gaillard, 39 ans, porteur de trisomie 21, globe-trotter : "Je travaille, je vis seul, j'ai une vie normale !"

"J'ai passé six mois en stage au centre Papa Nui, il y a très longtemps. J'ai appris beaucoup de choses ici. De revenir ici, ça me touche le cœur, de voir tous ces jeunes. Maintenant je vis en France. Je travaille depuis sept ans, aux 3 Brasseurs à Avignon, j'ai signé un contrat. Je suis en cuisine, j'avais appris avant. J'ai eu mon diplôme de commis de cuisine et j'ai été embauché en 2015. Je suis heureux, je vis seul, j'ai un appartement, je fais le ménage, je cuisine, je prends le bus, je fais du sport tous les jours… J'aime beaucoup les voyages, je me suis arrêté à Los Angeles pour venir à Tahiti. Mon rêve c'est d'aller à New York ! J'ai aussi participé au Paris-Dakar en 2009 (au Chili Argentine), je faisais l'intendance dans une équipe de motards. Pour moi, tout est possible ! J'ai fait beaucoup de choses, des stages, des contrats, j'ai été en CTA, en IME… Je participe à des recherches sur la trisomie avec Jérôme Lejeune à Paris. J'ai une vie normale ! Je pense à mon avenir, j'ai déjà une copine depuis neuf ans, on ne vit pas encore ensemble, on se voit les week-ends. Les projets ensemble commencent à venir. La trisomie n'a jamais été un problème pour moi, pas du tout."

Temehani, 22 ans, du centre Papa Nui : "Au centre, je me sens bien"

"J'aime beaucoup être au centre, je me sens bien, j'ai des copains et des copines. Je fais un peu de tout. Je fais la cuisine, l'atelier du bois, le jardin, j'aime surtout aider au jardin, avec notre éducateur Guillaume. J'apprends beaucoup de choses. Ce que je préfère, c'est aller à la piscine. J'aime le Tōta tour, on a des sous pour faires des sorties et des activités." 

Tous les mercredis au centre Papa Nui, les jeunes vendent les produits de leur fa'a'apu bio au Matete iti.

Rédigé par JB et Alysson Moux le Lundi 21 Mars 2022 à 07:04 | Lu 1260 fois