Vaitiare Rimaono, superviseur de la zone Mahina-Faa'a et patronne de notre enquêteur Eren (derrière elle en train de remplir notre carnet)
PAPEETE, le 1er décembre 2014 - L'Institut de la Statistique de la Polynésie française a lancé il y a 5 semaines sa grande enquête sur le budget des ménages, qui va durer 12 mois. Les enquêteurs de l'ISPF ont donc commencé leur travail sur le terrain. Voici le témoignage d'un des premiers foyers sondés.
Vous vous en souvenez, une vaste étude du budget des familles a été lancée fin octobre par l’ISPF. Elle durera 12 mois et concernera un panel de 3792 ménages polynésiens, représentatifs de toute la population. Et dans la toute première fournée de ménages sondés, un journaliste de Tahiti Infos a été tiré au sort.
Tout a commencé par un mot laissé sur le portail nous indiquant que nous avions été sélectionnés pour l'étude. Rendez-vous pris avec l'agent de l'ISPF, nous nous sommes retrouvés lundi soir à 18h30 avec un jeune homme tout juste assermenté mais déjà parfaitement professionnel, que nous nommerons Eren pour ne pas perturber ses futures missions. Il a présenté sa carte officielle et a procédé à nous expliquer le but de l'étude : déterminer quel est le budget exact des ménages polynésiens, ce qui aura des répercussions sur le calcul de l'inflation (et donc de la hausse du SMIG) et sur toutes les politiques publiques du Pays.
Participer est donc un devoir citoyen et tenter de s'y soustraire nous ferait encourir une amende de 17 000 Fcfp. En contrepartie, l'Institut des statistiques nous offrira quelques cadeaux à la fin de l'étude, et notre anonymat total est garanti. Aucun nom n'est noté et l'enquêteur souligne même que si lui-même ou quiconque à l'ISPF venait à dévoiler nos réponses, il encoure une peine de 12 millions de francs d'amende… Voilà qui incite à la discrétion.
Des questions indiscrètes mais très utiles pour connaitre son budget
Eren nous a donc expliqué le déroulé de l'étude : il suit huit familles en parallèle, sur une période de trois semaines. Le jeune homme viendra à 5 reprises en tout pour nous aider à remplir le carnet où nous devons noter tous nos frais quotidiens. Il viendra à l'heure qui nous arrange : le matin tôt, le soir tard ou même les week-ends. Le plus simple, expliquera-t-il, est de garder tous nos tickets de caisse et de les glisser dans le cahier bleu : il se chargera lui-même de remplir le fascicule pour nous.
Mais avant tout, il devait établir nos revenus et nos grosses dépenses. Salaire, revenus financiers, loyer, abonnements, gros achats de l'année passée… Dès le début, l'enquête nous ouvre les yeux sur des calculs que nous n'avions pas forcément pris le temps de faire. Savez-vous exactement combien vous coûte votre logement, en comptant les taxes, assurances et les travaux que vous avez dû effectuer ces derniers mois ? Vous êtes-vous donné la peine de calculer l'argent que vous dépensez pour votre voiture ou en transports publics ? Dès la première demi-heure, le jeune expert nous fait la comptabilité du ménage. Très instructif.
Mais où disparaît tout mon argent ?
Vient ensuite notre part du travail. Pendant trois semaines, Eren revient régulièrement nous voir pour s'assurer que notre carnet est bien mis à jour. Lui-même sera payé au nombre de livrets correctement remplis qu'il rendra… Et la dernière semaine de l'expérience, c'est lui qui se retrouvait à remplir avec application le carnet à partir des reçus que nous lui gardions et nos dépenses en numéraire que nous dictions.
Ce travail normalement fastidieux était facilité par ce jeune homme très poli et aimable, qui se gardait bien de faire une quelconque remarque sur nos (mauvaises) habitudes. Et à la fin, de voir combien nous dépensons en cigarettes, en essence, en déjeuners au snack le midi et en viande rouge nous a donné une idée très claire d'où disparaissait notre salaire tous les mois…
"Ce n'est pas à moi de dire aux gens s'ils dépensent trop d'argent sur telle ou telle chose. On vient juste les aider à mieux savoir sur quoi ils dépensent. Mais il y a déjà des gens qui m'ont remercié de les avoir aidés à faire leurs comptes. Certains demandent même à avoir d'autres carnets pour les garder ensuite !" assure Eren.
Vous vous en souvenez, une vaste étude du budget des familles a été lancée fin octobre par l’ISPF. Elle durera 12 mois et concernera un panel de 3792 ménages polynésiens, représentatifs de toute la population. Et dans la toute première fournée de ménages sondés, un journaliste de Tahiti Infos a été tiré au sort.
Tout a commencé par un mot laissé sur le portail nous indiquant que nous avions été sélectionnés pour l'étude. Rendez-vous pris avec l'agent de l'ISPF, nous nous sommes retrouvés lundi soir à 18h30 avec un jeune homme tout juste assermenté mais déjà parfaitement professionnel, que nous nommerons Eren pour ne pas perturber ses futures missions. Il a présenté sa carte officielle et a procédé à nous expliquer le but de l'étude : déterminer quel est le budget exact des ménages polynésiens, ce qui aura des répercussions sur le calcul de l'inflation (et donc de la hausse du SMIG) et sur toutes les politiques publiques du Pays.
Participer est donc un devoir citoyen et tenter de s'y soustraire nous ferait encourir une amende de 17 000 Fcfp. En contrepartie, l'Institut des statistiques nous offrira quelques cadeaux à la fin de l'étude, et notre anonymat total est garanti. Aucun nom n'est noté et l'enquêteur souligne même que si lui-même ou quiconque à l'ISPF venait à dévoiler nos réponses, il encoure une peine de 12 millions de francs d'amende… Voilà qui incite à la discrétion.
Des questions indiscrètes mais très utiles pour connaitre son budget
Eren nous a donc expliqué le déroulé de l'étude : il suit huit familles en parallèle, sur une période de trois semaines. Le jeune homme viendra à 5 reprises en tout pour nous aider à remplir le carnet où nous devons noter tous nos frais quotidiens. Il viendra à l'heure qui nous arrange : le matin tôt, le soir tard ou même les week-ends. Le plus simple, expliquera-t-il, est de garder tous nos tickets de caisse et de les glisser dans le cahier bleu : il se chargera lui-même de remplir le fascicule pour nous.
Mais avant tout, il devait établir nos revenus et nos grosses dépenses. Salaire, revenus financiers, loyer, abonnements, gros achats de l'année passée… Dès le début, l'enquête nous ouvre les yeux sur des calculs que nous n'avions pas forcément pris le temps de faire. Savez-vous exactement combien vous coûte votre logement, en comptant les taxes, assurances et les travaux que vous avez dû effectuer ces derniers mois ? Vous êtes-vous donné la peine de calculer l'argent que vous dépensez pour votre voiture ou en transports publics ? Dès la première demi-heure, le jeune expert nous fait la comptabilité du ménage. Très instructif.
Mais où disparaît tout mon argent ?
Vient ensuite notre part du travail. Pendant trois semaines, Eren revient régulièrement nous voir pour s'assurer que notre carnet est bien mis à jour. Lui-même sera payé au nombre de livrets correctement remplis qu'il rendra… Et la dernière semaine de l'expérience, c'est lui qui se retrouvait à remplir avec application le carnet à partir des reçus que nous lui gardions et nos dépenses en numéraire que nous dictions.
Ce travail normalement fastidieux était facilité par ce jeune homme très poli et aimable, qui se gardait bien de faire une quelconque remarque sur nos (mauvaises) habitudes. Et à la fin, de voir combien nous dépensons en cigarettes, en essence, en déjeuners au snack le midi et en viande rouge nous a donné une idée très claire d'où disparaissait notre salaire tous les mois…
"Ce n'est pas à moi de dire aux gens s'ils dépensent trop d'argent sur telle ou telle chose. On vient juste les aider à mieux savoir sur quoi ils dépensent. Mais il y a déjà des gens qui m'ont remercié de les avoir aidés à faire leurs comptes. Certains demandent même à avoir d'autres carnets pour les garder ensuite !" assure Eren.
Faut-il vraiment tout déclarer ?
Vaitiare Rimaono, superviseur de la zone Mahina-Faa'a et patronne de notre enquêteur, nous explique que les ménages doivent effectivement déclarer toutes leurs dépenses, même si elles sont illégales. Paka, prostituées, jardinier payé au noir : un budget honnête inclut aussi les dépenses malhonnêtes ! Mais pas d'inquiétude : "jusqu'à preuve du contraire, aucun des précédents enquêtés en l'an 2000 n'a eu de remontées. Ce n'est pas de notre ressort de savoir si c'est légal ou pas, les enquêtes sont confidentielles et anonymes."
Pourquoi j'ai été choisi ?
Ce ne sont pas des personnes qui sont choisies pour être enquêtées, mais des maisons. Les données du recensement de 2012, anonymes, sont utilisées pour tirer des logements au sort afin d'être représentatives des différentes tranches de la population. Et comme pour le recensement, aucun nom n'est associé à la maison afin de protéger l'anonymat du foyer.
Vaitiare Rimaono, superviseur de la zone Mahina-Faa'a et patronne de notre enquêteur, nous explique que les ménages doivent effectivement déclarer toutes leurs dépenses, même si elles sont illégales. Paka, prostituées, jardinier payé au noir : un budget honnête inclut aussi les dépenses malhonnêtes ! Mais pas d'inquiétude : "jusqu'à preuve du contraire, aucun des précédents enquêtés en l'an 2000 n'a eu de remontées. Ce n'est pas de notre ressort de savoir si c'est légal ou pas, les enquêtes sont confidentielles et anonymes."
Pourquoi j'ai été choisi ?
Ce ne sont pas des personnes qui sont choisies pour être enquêtées, mais des maisons. Les données du recensement de 2012, anonymes, sont utilisées pour tirer des logements au sort afin d'être représentatives des différentes tranches de la population. Et comme pour le recensement, aucun nom n'est associé à la maison afin de protéger l'anonymat du foyer.