Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 16/11/2021 - Un budget "incomplet", "insincère", "cosmétique", "de propagande électorale": le Sénat dominé par l'opposition de droite risque fort d'écourter l'examen en première lecture du dernier projet de budget du quinquennat Macron, qui débute jeudi dans l'hémicycle, en principe pour trois semaines.
"On va procéder à l'examen de la première partie, les recettes, et il est probable qu'on n'ira pas beaucoup plus loin", a indiqué à l'AFP le rapporteur général Jean-François Husson (LR). "Il y a de fortes chances que la seconde partie ne soit pas examinée", confirme le patron des sénateurs centristes Hervé Marseille.
S'il rejette la partie "recettes", le Sénat ne pourra pas débattre de la partie "dépenses", consacrée aux crédits des différents ministères.
"On voit bien que par rapport au projet de loi de finances (PLF) initial déposé par le gouvernement, il y a eu derrière une avalanche d'annonces nouvelles", déplore le rapporteur général, fustigeant "le clientélisme électoral" de la majorité gouvernementale.
Entre la présentation du projet de budget et la fin de son examen en première lecture à l'Assemblée nationale, mardi, 11,8 milliards de dépenses supplémentaires ont été ajoutées, pour porter la prévision de déficit à 5% du PIB en 2022, avec un solde négatif de 155 milliards d'euros.
Outre "un budget insincère et électoraliste", le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau dénonce "un mépris du Parlement". "On se fout de nous", lance un sénateur du groupe, habitué des discussions budgétaires.
En 2016, la Haute Assemblée, déjà tenue par la droite, avait opté pour un rejet d'emblée du dernier budget du quinquennat de François Hollande, fustigeant un budget 2017 "maquillé comme une voiture volée".
La tentation était grande chez LR de réitérer l'opération en votant une motion de rejet. Mais les centristes, deuxième composante de la majorité sénatoriale, ont mis le holà. Ils ont estimé "qu'on pouvait être critique vis-à-vis d'un budget cosmétique, euphorique, mais qu'il fallait l'examiner", explique leur président de groupe.
"Pas d'ardoise magique"
De leur côté les sénateurs PS - deuxième groupe du Sénat en nombre - ne décolèrent pas, regrettant une position "qui fragilise l'institution Sénat".
"Nous sommes défavorables au PLF tel que présenté par le gouvernement, mais nous souhaitons en débattre, et des recettes, et des dépenses", indique leur chef de file sur ce texte, Rémi Féraud.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire défend "un PLF de relance et d'investissement", marquant "la fin du +quoi qu'il en coûte+" voulu par le président de la République durant la crise sanitaire. Il loue la croissance retrouvée, 6,25% prévus en 2021 et 4% en 2022, et la baisse du chômage.
Devant la commission des Finances du Sénat, il a aussi vanté un budget qui "fait le choix d'une politique de réarmement régalien".
Le PLF a été largement complété à l'Assemblée, au fil des débats et des annonces présidentielles, avec notamment l'adoption de "l'amendement le plus cher de la Ve République", une promesse de 34 milliards d'euros d'investissements pour décliner en plusieurs années le plan d'investissements France 2030 annoncé par Emmanuel Macron pour "réindustrialiser" le pays et "décarboner" l'économie.
En 2022, la première tranche de ce plan représente 3,5 milliards d'euros.
Autres ajouts, quelque 550 millions pour le "contrat d'engagement jeune" présenté par le président de la République le 2 novembre, le plan pour Marseille, dont 30 millions de subventions et 100 millions d'avances remboursables dès 2022 pour les transports, ou encore des mesures pour les harkis, avec une première tranche de 50 millions d'euros dès 2022.
"Tout ça traduit clairement un exécutif déjà en campagne qui hypothèque aussi l'avenir, puisqu'en chargeant la barque, on risque de donner un coup d'arrêt ou de ralentissement à la croissance", analyse M. Husson.
"Il n'y avait soi disant pas d'argent magique, il y en a, mais il n'y a pas d'ardoise magique", met-il en garde. Le rapporteur général rappelle l'avis du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) qui a regretté un effort de désendettement insuffisant.
"On va procéder à l'examen de la première partie, les recettes, et il est probable qu'on n'ira pas beaucoup plus loin", a indiqué à l'AFP le rapporteur général Jean-François Husson (LR). "Il y a de fortes chances que la seconde partie ne soit pas examinée", confirme le patron des sénateurs centristes Hervé Marseille.
S'il rejette la partie "recettes", le Sénat ne pourra pas débattre de la partie "dépenses", consacrée aux crédits des différents ministères.
"On voit bien que par rapport au projet de loi de finances (PLF) initial déposé par le gouvernement, il y a eu derrière une avalanche d'annonces nouvelles", déplore le rapporteur général, fustigeant "le clientélisme électoral" de la majorité gouvernementale.
Entre la présentation du projet de budget et la fin de son examen en première lecture à l'Assemblée nationale, mardi, 11,8 milliards de dépenses supplémentaires ont été ajoutées, pour porter la prévision de déficit à 5% du PIB en 2022, avec un solde négatif de 155 milliards d'euros.
Outre "un budget insincère et électoraliste", le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau dénonce "un mépris du Parlement". "On se fout de nous", lance un sénateur du groupe, habitué des discussions budgétaires.
En 2016, la Haute Assemblée, déjà tenue par la droite, avait opté pour un rejet d'emblée du dernier budget du quinquennat de François Hollande, fustigeant un budget 2017 "maquillé comme une voiture volée".
La tentation était grande chez LR de réitérer l'opération en votant une motion de rejet. Mais les centristes, deuxième composante de la majorité sénatoriale, ont mis le holà. Ils ont estimé "qu'on pouvait être critique vis-à-vis d'un budget cosmétique, euphorique, mais qu'il fallait l'examiner", explique leur président de groupe.
"Pas d'ardoise magique"
De leur côté les sénateurs PS - deuxième groupe du Sénat en nombre - ne décolèrent pas, regrettant une position "qui fragilise l'institution Sénat".
"Nous sommes défavorables au PLF tel que présenté par le gouvernement, mais nous souhaitons en débattre, et des recettes, et des dépenses", indique leur chef de file sur ce texte, Rémi Féraud.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire défend "un PLF de relance et d'investissement", marquant "la fin du +quoi qu'il en coûte+" voulu par le président de la République durant la crise sanitaire. Il loue la croissance retrouvée, 6,25% prévus en 2021 et 4% en 2022, et la baisse du chômage.
Devant la commission des Finances du Sénat, il a aussi vanté un budget qui "fait le choix d'une politique de réarmement régalien".
Le PLF a été largement complété à l'Assemblée, au fil des débats et des annonces présidentielles, avec notamment l'adoption de "l'amendement le plus cher de la Ve République", une promesse de 34 milliards d'euros d'investissements pour décliner en plusieurs années le plan d'investissements France 2030 annoncé par Emmanuel Macron pour "réindustrialiser" le pays et "décarboner" l'économie.
En 2022, la première tranche de ce plan représente 3,5 milliards d'euros.
Autres ajouts, quelque 550 millions pour le "contrat d'engagement jeune" présenté par le président de la République le 2 novembre, le plan pour Marseille, dont 30 millions de subventions et 100 millions d'avances remboursables dès 2022 pour les transports, ou encore des mesures pour les harkis, avec une première tranche de 50 millions d'euros dès 2022.
"Tout ça traduit clairement un exécutif déjà en campagne qui hypothèque aussi l'avenir, puisqu'en chargeant la barque, on risque de donner un coup d'arrêt ou de ralentissement à la croissance", analyse M. Husson.
"Il n'y avait soi disant pas d'argent magique, il y en a, mais il n'y a pas d'ardoise magique", met-il en garde. Le rapporteur général rappelle l'avis du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) qui a regretté un effort de désendettement insuffisant.