Brisbane se prépare dans l'angoisse à une nouvelle montée des eaux


BRISBANE, 12 janvier 2011 (AFP) - Centre-ville quasi désert, magasins fermés, ponts et routes coupés, Brisbane et sa banlieue, déjà aux prises avec les pires inondations en un siècle, se préparaient dans l'angoisse à une nouvelle montée des eaux prévue pour jeudi matin.

"Vous voyez le bâtiment tout neuf là bas, il y en a pour des milliers de dollars de champagne Dom Pérignon et d'autres vins français". A Albion, une banlieue de Brisbane, à quelques kilomètres de l'aéroport, Tod Williams et sa femme Nicole sont impuissants face à l'inexorable montée des eaux.

"Cela a commencé aujourd'hui vers midi, la rivière Breakfast Crique a continué à monter. Ce matin, nous avions emballé les palettes de vin dans du plastique pour les protéger et nous avons déposé des sacs de sable devant la porte, c'est tout ce que nous pouvons faire".

Le commerce de vin de Tod emploie dix personnes dans une zone industrielle peu à peu recouverte par une eau brune et nauséabonde. A 50 mètres, des policiers interdisent l'accès à un pâté de maisons déjà inondé.

"Le pire va arriver demain matin vers 04h30, avec la marée haute", assure encore Tod.

A 50 m de là, un policier déconseille d'aller vers le centre ville. "La plupart des routes sont coupées", assure-t-il. Pourtant, des voitures continuent à s'aventurer vers le coeur de la troisième ville d'Australie, en rebroussant souvent chemin devant des pancartes "Route inondée".

Au fil des quartiers d'habitations déjà en partie sous les eaux, toujours le même spectacle. Les habitants sauvent ce qui peut l'être en stockant meubles et canapés sur les toits, en attendant l'angoissante montée des eaux.

Selon les prévisions, près de 30.000 habitations sont menacées, notammment par le fleuve Brisbane, qui traverse la métropole et devrait atteindre un pic historique jeudi matin à plus de 5 mètres. Près de 70.000 maisons sont privées d'électricité et les transports sont fortement perturbés, voire suspendus.

"J'ai eu le temps de tout monter dans le salon et j'espère que l'eau ne va pas monter au-delà", confie devant sa petite maison de bois verte Andrew Callaghan, 33 ans, interrompu par un coup de téléphone de sa mère qui ne cesse de l'appeler pour s'assurer qu'il va bien.

Quelques kilomètres plus loin, le quartier des affaires de Brisbane, le "CBD" (central business district) est quasi désert. Ses habitants ont été évacués, les rares commerces encore ouverts baissent leur rideau. Au pied du casino fermé, le patron brésilien d'un magasin de sandwiches Subway met littéralement les clients dehors. "Je ferme, je vaix essayer de rentrer chez moi avant qu'il ne soit trop tard".

La police bloque le pont Queen Victoria qui conduit vers la rive sud inondée et sous lequel défilent branches, barges, morceaux de quai arrachés, charriés par le fleuve inquiétant.

Le centre culturel qui abrite notamment le musée des sciences a les pieds dans l'eau, et un policier chasse les rares touristes venus prendre des photos. Un imprudent, de l'eau jusqu'au ventre, se fait vertement réprimander.

Du pont, deux employés de la ville estiment, à la jumelle, la solidité d'un quai flottant qui menace d'être arraché par les flots démontés.

"Il s'agit des plus grands dégâts dus aux inondations depuis 1974", assure Peter Hancock. "Mais le pire est pour demain matin".

Ailleurs dans la ville, le stade Suncorp de 52.000 places qui accueille les matches de l'équipe de rugby à XIII des Brisbane Broncos, est devenu une piscine. Quant aux supermarchés, ils ont été dévalisés en quelques heures.

ebe/fmp/dfg

Rédigé par Par Eric BERNAUDEAU le Mercredi 12 Janvier 2011 à 03:18 | Lu 661 fois