Braquage à main armée d'une pizzeria à Pueu pour un butin de 10.000 francs


La carabine à plombs, la veste de treillis et la cagoule "trois trous" saisies par la gendarmerie après l'interpellation de l'auteur de ce braquage de pizzaria
PAPEETE, 6 juillet 2015 - Un père de famille a été interpellé dans la nuit de samedi à dimanche après le braquage à main armée une roulotte de Pueu. Ce primo délinquant de 31 ans était cité en comparution immédiate ce lundi après-midi mais le tribunal n'a pu être constitué (voir encadré).

"On est devant un cas de délinquance de la misère", analyse le colonel Caudrelier, le commandant du groupement de gendarmerie de Polynésie française, "face à quelqu'un qui le dit assez clairement : il a commis cet acte pour assurer sa propre subsistance".

La gendarmerie n'en a pas moins, pour autant, eu à faire à un des rares vols à main armée commis en Polynésie française.

Vers 22 heures samedi soir, sur le site de restauration de la marina de Pueu, commune de Taiarapu-Est sur la presqu'île de Tahiti, un individu camouflé derrière une cagoule "trois trous", vêtu d'une veste de treillis et armé d'un fusil, braque l'employé d'une roulotte à pizzas pour lui voler sa recette. Il se fait remettre 10.000 Fcfp et prend la fuite en courant en direction de la montagne où il disparaît dans l'obscurité.

La gendarmerie est vite prévenue et mobilise très rapidement une trentaine de militaires, de Taravao, Papara, Faa'a et du groupe des pelotons d'intervention, déployés avec l'appui d'une équipe cynophile. Une chasse à l'homme est lancée de nuit, dans les vallées de Pueu entre le PK 4 et le PK 14. Vers 2h30, dimanche matin, l'auteur du braquage est interpellé en douceur alors qu'il tentait de regagner son domicile.

L'homme avait pris le soin de changer de tenue vestimentaire. Son arme, un fusil à plombs de calibre 4.5, sa veste et sa cagoule ont été découverts dans le quartier, sur les indications du braqueur. Tout comme le maigre butin de l'opération criminelle qui sera restitué à la victime.

L'enquête confiée à la Section de recherches de Papeete a confirmé l'implication de ce père de famille, dès dimanche. Elle met en lumière un geste prémédité. L'homme n'était pas sous l'emprise de l'alcool ni d'aucune drogue.

"En termes de méthode, on assiste à quelque chose de nouveau", constate le colonel Caudrelier. "Nous ne sommes pas habitués, ici, à des préparatifs aussi professionnels pour commettre ce genre d'acte. Cela ressemble beaucoup à de la délinquance organisée avec un mode opératoire que l'on retrouve surtout dans les affaires liées aux stupéfiants. Rien de tout cela pourtant, mais cet acte nous replace typiquement dans l'esprit de l'action "déposez les armes" que nous sommes en train de mener conjointement avec la police".

Immédiatement placé en garde à vue, ce primo délinquant était cité en comparution immédiate ce lundi, à 14 heures, devant le tribunal correctionnel de Papeete pour vol avec la menace d'une arme. Il risque 20 ans de réclusion criminelle. Le tribunal n'a pu être constitué en raison d'un défaut de représentation du ministère public. Il a été remis en liberté avec deux autres délinquants dont un agresseur sexuel multirécidiviste.

Pas de procès, faute de parquet

Étrange contraste que celui de gendarmes qui, hier matin se félicitaient d'avoir résolu sans tarder, samedi soir, une affaire de braquage à main armée, alors que l'après-midi même, alors que l'auteur était cité en comparution immédiate, le tribunal n'a pu être valablement constitué en raison d'un défaut de représentation du ministère public. Tout le monde a été relâché et sera convoqué ultérieurement.
"Je ne peux pas m'exprimer au sujet de la gestion des affaires de justice", avoue avec circonspection le colonel Caudrelier, immédiatement prévenu du sort des prévenus. "On est sur des faits qui nous paraissent graves et qui justifiaient un jugement en comparution immédiate".
Deux autres personnes étaient citées à comparaître avec le père de famille auteur du braquage à main armée. Au nombre de celles-ci, un agresseur sexuel multirécidiviste qui, déjà sous le coup d'un sursis mise à l'épreuve, aurait dû terminer sa journée à Nuutania. Aujourd'hui, tout le monde est dans la nature.
"C'est scandaleux", s'est indignée l'avocate de la victime de l'agresseur sexuel. "Elle est victime d'agressions sexuelles depuis 5 ans. Ce monsieur, son ancien compagnon, a été condamné quatre fois déjà, avec une interdiction de l'approcher. Il y a un dossier en instruction, donc encore une nouvelle affaire en cours. Et là, ce week-end, il l'a de nouveau agressée, violée et tabassée. Il lui dit clairement depuis le début : "je te tuerai un jour". Et aujourd'hui on libère ce monsieur. Là, à coup sûr, il partait à Nuutania, parce que dans ses condamnations précédentes il y avait des sursis mise à l'épreuve. C'est scandaleux".


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 6 Juillet 2015 à 15:35 | Lu 2387 fois