Bora Bora : les hôtels aident les habitants à payer leurs factures d'eau


BORA BORA, le 17 janvier 2018 - Bora Bora est la seule île polynésienne à avoir mis en place une péréquation au niveau de la facture d'eau. Selon le tāvana, les hôtels de l'île payent 60 % sur les factures des habitants. En échange, la municipalité se charge du transfert de leurs eaux usées.

L'île de Bora Bora est bien connue sur le plan touristique avec ses beaux hôtels et son lagon bleu turquoise. Mais elle doit aussi sa réputation à ses nombreux efforts fournis sur le plan environnemental, ce qui lui a valu l'obtention à plusieurs reprises du Pavillon Bleu, sur ses plages.

Et la gestion de l'eau fait également partie de ses privilèges. En effet, depuis 2001, la commune de Bora Bora utilise des osmoseurs. "L'osmose c'est faire le chemin inverse à l'eau de mer pour la rendre potable. L'eau de mer passe dans des filtres très fins, qui retiennent tout y compris le sel, et pour faire passer cette eau, il faut pousser très fort. Donc, mettre l'eau de mer en pression sinon l'eau ne passe pas au travers des filtres. Ça demande beaucoup d'électricité, ça fonctionne avec une pompe et un compresseur", raconte le tāvana.

Plusieurs articles ont d'ailleurs été écrits à ce sujet, comme les tests d'une nouvelle technologie qui ont été installés l'an dernier, par la Polynésienne des Eaux, gestionnaire de la ressource sur l'île.

Et la mise en place des osmoseurs à Bora Bora a vu le jour, parce que l'eau des nappes phréatiques était insuffisante pour alimenter toute la population "qui ne cesse d'augmenter". Avec le dernier recensement, la Perle du Pacifique compte 10 500 habitants, "il y a les hôtels aussi". L'an 2000 restera particulièrement gravé dans les mémoires, où "on a connu une grave période de sècheresse", se remémore Gaston Tong Sang, tāvana de Bora Bora.

La première unité d'osmose a été construite en 2001, ce qui "nous a permis de répondre au surplus des demandes. Mais on s'est rendu compte que ça ne suffisait pas. Donc, nous avons construit une deuxième unité", puis une troisième, une quatrième, une cinquième et une sixième. "Aujourd'hui, les usines produisent le ¾ de nos besoins, mais quand il pleut et ça a été le cas de 2017, où il a beaucoup plu durant toute l'année, l'osmose a couvert nos demandes à hauteur de 30 %. Le reste venait des nappes phréatiques", explique le tāvana. Une aubaine en termes énergétique.

LES HÔTELIERS METTENT LA MAIN À LA POCHE

Pour obtenir ces osmoseurs, la commune a dû investir près de 100 millions de francs par machine. Elles produisent chacune 500 m3 d'eau quotidiennement. Et selon le premier magistrat de l'île, la population consommerait à peu près 60 % des quantités, et le reste est utilisé par les hôtels. "Mais, au moment de passer à la caisse, sur la facture d'eau, les habitants ne supportent que 40 % du prix, le reste ce sont les hôtels, les restaurateurs, tous les professionnels qui paient. Je demande aux hôteliers d'aider la population à payer une partie de sa facture d'eau, on appelle ça la péréquation."

Un foyer consomme en moyenne "23 m3 d'eau par mois, sans se restreindre. Et à 120 francs le mètre cube, la famille paye son eau mensuellement entre 2 000 et 3 000 francs. Il y a en plus l'assainissement qui représenterait entre 1 500 à 2 000 francs tous les mois", précise Gaston Tong Sang.

De leur côté, "les hôtels trouvent que l'eau est chère mais ils ne s'en plaignent pas. C'est quand même un service de qualité qu'on leur offre. D'autant plus que derrière, il n'y a pas que l'eau potable, nous nous occupons également des eaux usées, c'est-à-dire qu'on récupère les eaux usées des hôtels pour les envoyer dans une station d'épuration, comme ça ils n'ont pas à s'en occuper. On assure ce service, ils paient le prix et ils ont le service correspondant", rajoute le tāvana.

Aujourd'hui, sept hôtels sont en activité à Bora Bora, mais Gaston Tong Sans rappelle tout de même qu'il "y en a eu 4 qui ont fermé à cause de la crise, ce qui correspond à peu près à 300 chambres d'hôtel en moins. Et actuellement, il y a à peu près 800 chambres". Malgré la fermeture de ces hôtels, l'île retrouve le même nombre de touristes qu'elle avait avant la crise de 2008.


Rédigé par Corinne Tehetia le Mercredi 17 Janvier 2018 à 16:33 | Lu 11944 fois