Biomatériaux : Une voie à suivre


Le "biomatériau", pour l'instant utilisé principalement dans le secteur de l'emballage, est une initiative au profit de l'environnement.
Tahiti, le 14 octobre 2022 – Le "biosourcing", déjà développé en Polynésie française, représente une solution dans le combat de la crise environnementale. Afin de développer cette initiative favorable pour l’environnement et l’économie, une table ronde dédiée à l’intérêt du biosourcing en Polynésie, a eu lieu jeudi dernier au 4ème Tech4Islands Summit.
 
Le biosourcing consiste à remplacer des matériaux d’origine minérale non renouvelable par des matériaux d’origine biologique renouvelable, dits "biomatériaux" ou produits "biosourcés". Par exemple, en Polynésie, ils peuvent être à base de fibres de coco, de bananier, d’ananas et bientôt de bagasse (résidu fibreux du broyage de la canne à sucre), tout comme ils peuvent être fabriqués à partir de chanvre, de lin, de noyaux d’olives, de coquillages, dans les pays étrangers. Ils servent principalement au secteur de l’emballage.
 
Jeudi dernier à l’occasion du 4ème Tech4Islands Summit, Florent Malbranche, fondateur de la startup Brigad, a animé la table ronde intitulée : "Le biosourcing / biomatériaux, une démarche nécessaire pour nos îles ?". "J’y vois deux avantages, celui de réduire le volume de matériaux qui impactent l’environnement et celui de créer de l’emploi tout en valorisant les ressources", a-t-il formulé. Sébastien Christian du fonds d’investissement américain Liberset l’a confirmé au cours de la table ronde. "Nous finançons des projets durables en stade de croissance, et nous avons des moyens. Pourtant cela reste difficile d’identifier les projets à accompagner", a-t-il nuancé. Il faut en effet réussir à placer le secteur entre le "mieux qu’avant" et le "bien". Celui qui répond aux exigences environnementales en restant acceptable financièrement pour être commerciable. Pacific Biotech, représenté à la table ronde par Xavier Moppert, produit des polymères à partir de bactéries. Florent Montaufray de Polyacht a détaillé le projet Cocorig qui consiste à utiliser de la bourre de coco pour fabriquer des cordes à destination notamment du secteur de la perliculture. Nicolas Moufflet, président de Lyspackaging, a annoncé quant à lui le lancement en mai 2023 d’une production locale de biomatériaux à partir de fibres de coco et de canne à sucre. Cette initiative sera le fruit d’un transfert de technologie entre Lyspackaging et Biopack.
 
Les "biosourcés, bientôt attractif"
 
Le biosourcing prend de l’ampleur. Une entreprise supplémentaire produisant 100 000 tonnes de biopolymères verrait le jour chaque année. Le coût de production des biomatériaux est toujours pointé du doigt, mais cela ne saurait durer. La pétrochimie, grand fournisseur de matériaux à bas prix pour le secteur de l’emballage, a récemment doublé, voire triplé ses tarifs. "L’industrie a même eu à gérer des pénuries", rapporte Nicolas Moufflet. Le coût de production des biomatériaux en revanche reste constant ce qui paraît être un avantage significatif dans le temps. "On va bientôt pouvoir devenir attractif !". Pour un territoire isolé, les biomatériaux présentent cet avantage de réduire la pollution, de créer des emplois mais également de réduire la dépendance. Sachant qu’en théorie, "tout pourrait être biosourçable" a indiqué Tutea Richmond, docteur en chimie des matériaux, chargé de recherche à l’Université de la Polynésie française.
 

Rédigé par La rédaction le Vendredi 14 Octobre 2022 à 17:03 | Lu 935 fois