Bill Ravel a fait appel de son placement en détention provisoire, mardi matin devant la chambre de l'instruction. L'homme d'affaires est mis en examen pour les délits de trafic d'influence et de corruption active, notamment à l'égard d'hommes politiques et du syndicaliste Cyril Legayic. Il a été incarcéré à Nuutania le 2 novembre dernier.
Me Smaïn Bennouar a demandé le placement sous contrôle judiciaire de son client et plaidé les conditions déplorables dans lesquels Bill Ravel est maintenu en détention, et un encadrement sanitaire qui met la santé du septuagénaire en danger. L'homme d'affaires s'est présenté à l'audience de mardi vraisemblablement fragilisé psychologiquement et très fragilisé nerveusement. "On se rassure sur le bienfondé de ce placement en détention provisoire", a menacé Me Bennouar "mais on risque d'arriver à une impasse et cette impasse sera l'accident. Doit-on arriver à une telle extrémité ?"
Vous avez fait appel de la détention provisoire de votre client, mettant en avant ses problèmes de santé.
Me Bennouar : Nous n’avons pas affaire à un jeune homme en pleine possession de ses moyens. (…) M. Ravel a subi dernièrement une intervention chirurgicale à cœur ouvert, pendant 7 heures, pour un quadruple pontage coronarien. C'est une personne qui a un sérieux problème de diabète : il est insulinodépendant et son traitement est impossible à suivre avec régularité dans l’environnement carcéral de Nuutania. Mon client a 72 ans, il est diminué par l’âge et aujourd’hui il est également diminué physiquement et moralement par la détention.
Le ministère public requière le maintient de la détention pour éviter la concertation avec des personnes qui doivent encore faire l’objet d’audition. L’argument vous semble-t-il fondé ?
Me Bennouar : Non, et je ne suis absolument pas serein avec ce principe. Je ne comprends pas pourquoi M. Ravel ne pourrait pas bénéficier d’un contrôle judiciaire alors que d’autres, dans ce dossier, le peuvent. Bill Ravel n’a jamais contesté le fameux listing et les flux financiers qui font l’objet de l’instruction, d’autant moins qu’il est à l’origine de la demande à sa comptable de la tenue d’un listing sur l’intégralité des flux financiers et de leur destination. Nous n’avons pas affaire à quelqu’un qui nie, mais au contraire à une personne qui reconnaît les flux financiers et les explique de manière claire. La confrontation ne sera dans ce contexte qu’un réglage de peccadilles.
Nous avons vu Bill Ravel en larmes, pendant l’audience. On a l’impression qu’il ne comprend pas bien la dureté de ce qui lui arrive.
Me Smaïn Bennouar a demandé le placement sous contrôle judiciaire de son client et plaidé les conditions déplorables dans lesquels Bill Ravel est maintenu en détention, et un encadrement sanitaire qui met la santé du septuagénaire en danger. L'homme d'affaires s'est présenté à l'audience de mardi vraisemblablement fragilisé psychologiquement et très fragilisé nerveusement. "On se rassure sur le bienfondé de ce placement en détention provisoire", a menacé Me Bennouar "mais on risque d'arriver à une impasse et cette impasse sera l'accident. Doit-on arriver à une telle extrémité ?"
Vous avez fait appel de la détention provisoire de votre client, mettant en avant ses problèmes de santé.
Me Bennouar : Nous n’avons pas affaire à un jeune homme en pleine possession de ses moyens. (…) M. Ravel a subi dernièrement une intervention chirurgicale à cœur ouvert, pendant 7 heures, pour un quadruple pontage coronarien. C'est une personne qui a un sérieux problème de diabète : il est insulinodépendant et son traitement est impossible à suivre avec régularité dans l’environnement carcéral de Nuutania. Mon client a 72 ans, il est diminué par l’âge et aujourd’hui il est également diminué physiquement et moralement par la détention.
Le ministère public requière le maintient de la détention pour éviter la concertation avec des personnes qui doivent encore faire l’objet d’audition. L’argument vous semble-t-il fondé ?
Me Bennouar : Non, et je ne suis absolument pas serein avec ce principe. Je ne comprends pas pourquoi M. Ravel ne pourrait pas bénéficier d’un contrôle judiciaire alors que d’autres, dans ce dossier, le peuvent. Bill Ravel n’a jamais contesté le fameux listing et les flux financiers qui font l’objet de l’instruction, d’autant moins qu’il est à l’origine de la demande à sa comptable de la tenue d’un listing sur l’intégralité des flux financiers et de leur destination. Nous n’avons pas affaire à quelqu’un qui nie, mais au contraire à une personne qui reconnaît les flux financiers et les explique de manière claire. La confrontation ne sera dans ce contexte qu’un réglage de peccadilles.
Nous avons vu Bill Ravel en larmes, pendant l’audience. On a l’impression qu’il ne comprend pas bien la dureté de ce qui lui arrive.
Me Bennouar : Il ne comprend absolument pas. C’est quelqu’un qui à 72 ans, après 52 ans de vie professionnelle n’a jamais eu affaire à la justice. Il est certes connu comme quelqu’un de dur en affaires ; mais il s’est présenté spontanément devant les services de police, sachant qu’il était attendu de pied ferme, avec la volonté de se livrer aux questions des enquêteurs et ne comprend absolument pas comment il a pu être placé en détention. (…) On ne présente plus les conditions de détention à Nuutania, elles sont plus pénibles pour un homme de 72 ans que pour un jeune de 20 ans. Dans cette affaire, les services de l’Etat sont particulièrement défaillants. Mon client n’a pas à subir cette situation.
L’avocat général a évoqué la possibilité d’une détention en chambre carcérale, à l’hôpital de Taaone, vous demandez un placement sous contrôle judiciaire. En attendant les confrontations qui sont annoncées pour mi décembre, la chambre carcérale n’est-elle pas un compromis acceptable pour votre client ?
Me Bennouar : Ce n’est pas un compromis. De manière péremptoire, l’avocat général prétend que M. Ravel est convenablement soigné à Nuutania, ce qui est faux. (…) Ma responsabilité est de ne pas laisser faire cela.
Sur le fond du dossier M. Ravel a reconnu un certain nombre d’éléments, dans cette affaire. Certains faits ne sont-ils pas constitutifs des infractions de trafic d’influence et de corruption ?
Me Bennouar : Dès la première audition devant le juge de l’instruction on a exposé notre défense. Mme Tham Trong, auditionné la semaine dernière l’a encore rappelé : ces faits sont liés à la méthode Le Gayic : on bloque, on expose des revendications plus ou moins fondées et on attend de voir. Quand vous prenez des entrepreneurs à la gorge, quand vous mettez en péril un secteur d’activité et des emplois, les employeurs peuvent préférer s’acquitter d’une somme d’argent pour continuer à travailler normalement. (…) Concernant le trafic d’influence, il y a quelque chose de tabu : la relation d’un homme d’affaires avec des politiques, des magistrats présente par définition quelque chose de suspect. Dans ce dossier, on essaie d’imaginer quelque chose qui n’existe pas. On diabolise M. Bill Ravel. Mon client n’a pas attendu d’arriver en Polynésie pour s’enrichir. Ici, il a généré une activité économique et des emplois, par le biais de promotions immobilières, notamment. Il n’a jamais travaillé pour le Territoire. Il a répondu à des appels d’offres. Son seul lien avec le Pays est cette convention de transport des hydrocarbures. Cette convention n’est pas le fait d’un décideur unique. Elle est la résultante d’un processus qui met en cause plusieurs dizaines d’individus. Mon client est victime d’un système. Ce dossier a la vertu de faire jaillir ce qui existe. Les individus victimes de ce système auront-ils le courage de se manifester ? Un homme d’affaires averti, qui forge un empire d’une main de fer, ne peut pas reconnaître, même à demi-mot, qu’il a été victime d’un racket.
L’avocat général a évoqué la possibilité d’une détention en chambre carcérale, à l’hôpital de Taaone, vous demandez un placement sous contrôle judiciaire. En attendant les confrontations qui sont annoncées pour mi décembre, la chambre carcérale n’est-elle pas un compromis acceptable pour votre client ?
Me Bennouar : Ce n’est pas un compromis. De manière péremptoire, l’avocat général prétend que M. Ravel est convenablement soigné à Nuutania, ce qui est faux. (…) Ma responsabilité est de ne pas laisser faire cela.
Sur le fond du dossier M. Ravel a reconnu un certain nombre d’éléments, dans cette affaire. Certains faits ne sont-ils pas constitutifs des infractions de trafic d’influence et de corruption ?
Me Bennouar : Dès la première audition devant le juge de l’instruction on a exposé notre défense. Mme Tham Trong, auditionné la semaine dernière l’a encore rappelé : ces faits sont liés à la méthode Le Gayic : on bloque, on expose des revendications plus ou moins fondées et on attend de voir. Quand vous prenez des entrepreneurs à la gorge, quand vous mettez en péril un secteur d’activité et des emplois, les employeurs peuvent préférer s’acquitter d’une somme d’argent pour continuer à travailler normalement. (…) Concernant le trafic d’influence, il y a quelque chose de tabu : la relation d’un homme d’affaires avec des politiques, des magistrats présente par définition quelque chose de suspect. Dans ce dossier, on essaie d’imaginer quelque chose qui n’existe pas. On diabolise M. Bill Ravel. Mon client n’a pas attendu d’arriver en Polynésie pour s’enrichir. Ici, il a généré une activité économique et des emplois, par le biais de promotions immobilières, notamment. Il n’a jamais travaillé pour le Territoire. Il a répondu à des appels d’offres. Son seul lien avec le Pays est cette convention de transport des hydrocarbures. Cette convention n’est pas le fait d’un décideur unique. Elle est la résultante d’un processus qui met en cause plusieurs dizaines d’individus. Mon client est victime d’un système. Ce dossier a la vertu de faire jaillir ce qui existe. Les individus victimes de ce système auront-ils le courage de se manifester ? Un homme d’affaires averti, qui forge un empire d’une main de fer, ne peut pas reconnaître, même à demi-mot, qu’il a été victime d’un racket.