Bilan "décevant" pour la carte Auti'a


Mise en place l'année dernière à titre expérimental en lieu et place des bons alimentaires, la carte Auti'a a révélé ses “limites” crédit photo : présidence de la Polynésie française
Tahiti, le 13 juillet 2023 - Mise en place l'année dernière à titre expérimental en lieu et place des bons alimentaires, la carte Auti'a a révélé ses “limites”, selon la ministre en charge des Solidarités, Minarii Galenon. Au-delà d'un changement de nom somme toute anecdotique, elle entend réformer cette carte et l'élargir à d'autres partenaires pour y inclure une aide à l'énergie et à l'inclusion culturelle.
 
La représentante non-inscrite A here ia Porinetia, Teave Chaumette, a interpellé la ministre des Solidarités ce jeudi matin à l'assemblée lors de la séance des questions orales sur le bilan de la carte Auti'a. Pour mémoire, il s’agit d’un dispositif instauré en mai dernier par l'ancienne ministre des Solidarités, Isabelle Sachet, pour remplacer les bons alimentaires. L'idée était de simplifier et de moderniser la gestion des aides sociales grâce à ce nouveau moyen de paiement, destiné à l'achat de denrées alimentaires (hors tabac, alcool et sodas) et de produits d'hygiène. Et une phase d'un an d'expérimentation avait été lancée auprès de 500 familles de la zone urbaine de Tahiti.
 
“Un bilan décevant”
 
Mais au total, ce ne sont que “175 cartes actives” qui ont été comptabilisées et le “bilan est plutôt décevant”, a répondu la ministre Minarii Galenon en séance. D'abord, elle annonce un changement de nom : ce ne sera plus la carte Auti'a mais la carte Fa'atupu. Qu'à cela ne tienne. Ensuite, sur le fond, elle explique que l'expérience a révélé “les limites de cette carte”, notamment parce qu'elle n'était pas compatible avec tous les terminaux de paiement électronique (TPE), “à part la banque Socredo”, ce qui “restreignait considérablement le nombre de partenaires”. C'est pourquoi elle a saisi le président du comité des banques de la Polynésie et celui de la fédération bancaire de France pour leur présenter les nouvelles orientations du gouvernement et lever tous ces freins.
 
1 500 nouvelles cartes à venir
 
Un avenant à la convention relative à cette carte a donc été signé le 30 juin dernier pour prolonger la phase pilote de ce nouveau dispositif, et depuis cette signature, “nous avons enfin pu lever ce que les travailleurs sociaux ont qualifié de frein et d'obstacle”. Avec cette modification de la convention, environ 1 550 cartes sont créées : “973 pour les îles Sous-le-Vent, 560 pour Tahiti et Moorea, et depuis peu, 24 pour les îles Marquises à titre expérimental”. Sur l'ensemble de ces cartes, 210 sont actives aujourd'hui et sont uniquement utilisées sur Tahiti et Moorea.
 
Si cette carte a été instaurée pour remplacer les quelque 50 000 bons alimentaires distribués par la direction des solidarités, de la famille et de l'égalité, la ministre veut aller plus loin et développer d'autre partenariats : “La carte fa'atupu ne sera pas limitée aux seules aides alimentaires ou vestimentaires, mais elle comprendra d'autres types d'aides comme une aide à l'énergie ou une aide à l'inclusion culturelle”.
 
Pas de version mobile
 
À terme, l'idée est de pouvoir porter au crédit de cette carte toutes les aides susceptibles d'être accordées, comme celles destinées aux personnes en situation de handicap, ainsi que les prestations familiales. Une réflexion a été entamée avec le ministre de la Santé et la Caisse de prévoyance sociale. “10 000 personnes” pourraient bénéficier de cette carte selon la ministre, sachant que “ce nombre ne cesse de croître depuis ces derniers mois, et notamment depuis la pandémie”. Enfin, et pour répondre à la suggestion de l'élue AHIP, Minarii Galenon a estimé qu'il était pour l'instant “prématuré” d'envisager une version de cette carte sur smartphone au regard du public concerné. 
 
Deux questions et deux dossiers retirés

À noter que lors de la séance à l’assemblée, jeudi, les deux questions orales du Tavini relatives à l'éducation (sur l'organisation de la prochaine rentrée scolaire et le problème récurrent des bourses et logements étudiants) ont finalement été retirées... alors que le ministre était présent. Les deux projets de loi du Pays sur les aides aux pensions de famille et sur la règlementation en matière d'hébergements touristiques ont également été retirés de l'ordre du jour.

Ils avaient pourtant été examinés et adoptés à l'unanimité à deux reprises (par la précédente majorité et ensuite par la nouvelle), et inscrits à l'ordre du jour de cette séance comme convenu en conférence des présidents, s'est ainsi étonnée l'élue Tapura Tepuaraurii Teriitahi.
“Depuis sept jours, nous avons été un peu occupés avec un conflit social justement dans le secteur du tourisme et son outil absolument essentiel qui est Air Tahiti Nui. C'est la raison principale pour laquelle nous avons demandé le retrait de ces dossiers”, lui a répondu le président Moetai Brotherson. Pourquoi pas. Même s'il est difficile d'y voir un lien de cause à effet. D'autant que le premier projet de loi du Pays “renforçant le pilotage et la déconcentration de la politique touristique” a quant à lui bel et bien été examiné et voté.
Stéphanie Delorme
 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 13 Juillet 2023 à 17:36 | Lu 3182 fois