Bientôt un nouveau navire pour Maupiti ?


Si tout se passe comme il l'entend, Luke devrait acquérir son bateau l'an prochain.
PAPEETE, le 03/10/2016 - La nouvelle goélette devrait porter le nom de la passe de Maupiti, "Onoiau". Un capitaine de bateau qui a plus de 20 ans de service derrière lui est à l'initiative de ce projet. Malgré les nombreuses embûches qui se dressent devant lui, ce père de famille de 54 ans ne baissera pas les bras. Les difficultés que rencontre la population de l'île sont sa priorité. Il compte acquérir un nouveau bateau prochainement pour répondre aux attentes des habitants.

La future goélette de Maupiti, "Onoiau", est un navire danois. Il mesure 30,55 m de long ; 9 m de large et 5,7 m de haut. Ce bateau navigue depuis plus de 10 ans dans divers océans. Il pourra charger jusqu'à 80 tonnes de matériel, 20 voitures et 150 passagers. Ce projet est l’œuvre de Luke*, un père de famille âgé de 54 ans. Il y travaille depuis 4 ans. "Beaucoup de personnes m'ont dit de ne pas le faire parce que c'est une ligne déficitaire", explique-t-il.

Malgré ces propos, Luke n'a jamais baissé les bras. Sa priorité est de répondre aux attentes de la population de Maupiti : "Ils utilisent leurs bateaux pour aller à Bora Bora chercher leur gaz. À leur retour, certains se font arrêter par les gendarmes parce qu'ils n'ont pas de permis".

Capitaine de bateau depuis plus de 20 ans, Luke connait le métier et il croit en son projet. Mais pour rentabiliser au mieux son activité, il garde la tête sur les épaules et il aimerait desservir d'autres îles des Raromatai avant d'arriver à Maupiti : Raiatea et Bora Bora. "Pour que le Pays puisse nous accompagner sur le mazout. C'est vrai que cette ligne ne sera sûrement pas rentable, donc je demande l'aide du gouvernement pour obtenir une dérogation en permettant à "Onoiau" de se poser à Raiatea et Bora Bora."

Son souhait, aujourd'hui, est de demander l'avis de la population, en leur remettant un recueil dans lequel ils pourront préciser leurs attentes réelles. Quant au maire de la commune, Luke n'a eu aucun retour, malgré les sollicitations de sa part. Nous avons tenté de joindre le premier magistrat de Maupiti, mais nos appels sont restés sans réponse.

PAS DE DÉFISCALISATION SI LE BATEAU N'EST PAS NEUF

Pour acquérir ce navire, Luke a besoin de 100 millions de francs, et là, les choses se compliquent puisqu'il ne pourra pas bénéficier de la défiscalisation. "Je suis allé voir les instances du Pays pour me renseigner et là, on me dit que je ne pourrais pas bénéficier de la défiscalisation parce que le bateau n'est pas neuf."

Le porteur de projet a donc décidé de lancer les démarches pour obtenir un nouveau navire auprès d'un architecte, mais les coûts sont trop élevés pour Luke. "J'ai rencontré un autre architecte à Papeari qui m'a dit que c'était impossible de construire un bateau de cette envergure en Polynésie parce qu'il n'y avait pas de chantier apte à le faire".

Du coup, le quinquagénaire a fait machine arrière et campe sur sa première idée : acquérir le bateau danois. "Aujourd'hui, il reste la licence d'armateur et pour l'avoir, il faut que je passe par un expert-comptable ce qui me coûte 375 000 francs. Ensuite, mon dossier sera présenté au Conseil des ministres pour validation."

Pour son activité, Luke compte recruter du personnel, dont cinq marins et deux employés de bureau. Si tout se passe correctement. Onoiau devrait quitter Papeete le lundi, pour arriver à Raiatea, Bora Bora et Maupiti, mardi et retour prévu sur Papeete jeudi.

Si vous souhaitez obtenir plus d'informations sur cette nouvelle compagnie, un numéro est à votre disposition, le 87 75 09 97.


(*) Prénom d'emprunt

Maupiti Express attend l'aide du Pays

Avec ses déboires judiciaires, la société Maupiti Express a arrêté ses rotations vers Maupiti depuis 2013. Ce qui a amené, Gérard Sachet et son équipe à redoubler d'efforts pour garder la tête hors de l'eau.

Les rotations entre Raiatea et Bora Bora ont donc été maintenues. Et, pour faire face au déficit important de la société, les tarifs ont dû être augmentés, malgré eux. "Je ne voulais pas que ce soit la population qui ramasse, mais le Pays ne m'a pas donné d'autre choix", avoue Gérard Sachet, propriétaire du Maupiti Express.

Aujourd'hui, les finances se portent de mieux en mieux, mais pas question pour lui, de remettre en place la desserte sur Maupiti. "C'est une ligne déficitaire, il y a trop de charges à supporter (mazout, équipage…). S'il fallait remettre en place cette desserte, ce sera avec l'aide du Pays. Si non, on ne le fera pas".

Selon Gérard Sachet, le maire de Maupiti le soutiendrait "à fond". "Nous avons rencontré le ministre."

"Aujourd'hui, l'économie sur Maupiti marche au ralenti", explique Gérard Sachet. "Avant, je transportais cinq tonnes de pastèques par semaine, et maintenant, il n'y a plus rien", se désole-t-il.


Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 3 Octobre 2016 à 17:00 | Lu 4716 fois