Washington, Etats-Unis | AFP | lundi 23 mai 2022 - En prévenant la Chine que les Etats-Unis voleraient au secours de Taïwan en cas d'invasion, Joe Biden a accentué plus qu'il n'a levé la fameuse "ambiguïté" guidant la politique américaine envers l'île depuis des décennies.
"C'est l'engagement que nous avons pris", a déclaré le président américain, interrogé lors d'une conférence de presse à Tokyo pour savoir si les Etats-Unis interviendraient militairement en cas de tentative chinoise de s'emparer de Taïwan par la force.
Mais la Maison Blanche puis le Pentagone se sont empressés de déclarer que la politique américaine n'avait "pas changé", malgré ces propos qui ont immédiatement suscité l'ire de Pékin.
Joe Biden avait fait des déclarations semblables il y a huit mois, qui n'avaient toutefois pas eu le même éclat que cette affirmation lancée en pleine tournée diplomatique en Asie.
Depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, l'île peuplée de 24 millions d'habitants est dirigée par un régime rival de celui, communiste, qui gouverne la Chine continentale. Laquelle entend "réunifier" le territoire insulaire à "la mère patrie".
Les Etats-Unis, depuis 1979, ne reconnaissent diplomatiquement que la Chine continentale. Dans le même temps, ils ont promis de donner à Taïwan les moyens militaires de se défendre, mais sans promettre explicitement une intervention américaine.
Cette doctrine dans laquelle chaque mot compte est connue sous le nom d'"ambiguïté stratégique". Un concept depuis recyclé à sa manière par l'opposition républicaine aux Etats-Unis, qui réclame au contraire de la "clarté stratégique", en clair une promesse explicite de défense de Taïwan face à une Chine toujours plus puissante et ambitieuse.
"Clarté stratégique"
Pour Sung Wen-ti, expert à l'université nationale d'Australie, Joe Biden "veut le beurre et l'argent du beurre" en tenant de tels propos, suivis d'un rétropédalage de son gouvernement.
"Cela donne l'impression d'une plus grande détermination américaine, ce qui répond à un objectif de clarté stratégique, mais sans en avoir le coût", analyse-t-il.
Bonnie Glaser, directrice pour la région Asie du German Marshall Fund of the United States, estime que Joe Biden a peut-être aussi voulu rassurer son hôte, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, après que ce dernier a exprimé son inquiétude pour la stabilité dans la région.
Le président américain "a affaibli la doctrine d'ambiguïté stratégique et je pense que c'était délibéré", dit-elle, tout en notant qu'il avait malgré tout laissé planer le doute sur la forme exacte que prendrait le soutien américain.
"La confusion autour de notre politique sape l'effet de dissuasion", prévient l'experte.
La Chine n'est pas la Russie
Avec ses propos, Joe Biden a souligné un fort contraste vis-à-vis de son approche de la guerre en Ukraine, marquée par un refus répété, pour le coup dénué d'ambiguïté, de tout envoi de troupes américaines.
Les Etats-Unis ont envoyé et continuent de faire parvenir à l'Ukraine une assistance militaire massive, mais le président américain a plusieurs fois dit qu'il ne voulait surtout pas déclencher une troisième guerre mondiale au travers d'une confrontation directe avec la Russie.
La Chine, tout comme la Russie, a des armes nucléaires. Mais à l'inverse de Moscou, Pékin est considéré par Washington comme le seul et unique adversaire à sa taille.
Par ailleurs Taïwan, au-delà des aspects de pure stratégie, est une source indispensable de composants informatiques pour les Etats-Unis -- l'île fabrique 92% des semi-conducteurs de pointe du monde, selon une étude du Center for a New American Security.
Autant de raisons pour les Etats-Unis de surmonter leur réticence à se saisir frontalement du sujet de Taïwan. Washington pousse par exemple pour que l'île soit davantage intégrée dans les organisations internationales.
Le sénateur républicain Tom Cotton, exprimant la pensée des "faucons" conservateurs, a estimé que le temps était venu pour Joe Biden d'officialiser un changement de doctrine dans un discours en bonne et due forme.
"Sans cela, l'ambiguïté et l'incertitude continuelles vont certainement avoir un effet de provocation sur les communistes chinois, sans avoir d'effet de dissuasion -- le pire des scénarios", a-t-il averti.
"C'est l'engagement que nous avons pris", a déclaré le président américain, interrogé lors d'une conférence de presse à Tokyo pour savoir si les Etats-Unis interviendraient militairement en cas de tentative chinoise de s'emparer de Taïwan par la force.
Mais la Maison Blanche puis le Pentagone se sont empressés de déclarer que la politique américaine n'avait "pas changé", malgré ces propos qui ont immédiatement suscité l'ire de Pékin.
Joe Biden avait fait des déclarations semblables il y a huit mois, qui n'avaient toutefois pas eu le même éclat que cette affirmation lancée en pleine tournée diplomatique en Asie.
Depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, l'île peuplée de 24 millions d'habitants est dirigée par un régime rival de celui, communiste, qui gouverne la Chine continentale. Laquelle entend "réunifier" le territoire insulaire à "la mère patrie".
Les Etats-Unis, depuis 1979, ne reconnaissent diplomatiquement que la Chine continentale. Dans le même temps, ils ont promis de donner à Taïwan les moyens militaires de se défendre, mais sans promettre explicitement une intervention américaine.
Cette doctrine dans laquelle chaque mot compte est connue sous le nom d'"ambiguïté stratégique". Un concept depuis recyclé à sa manière par l'opposition républicaine aux Etats-Unis, qui réclame au contraire de la "clarté stratégique", en clair une promesse explicite de défense de Taïwan face à une Chine toujours plus puissante et ambitieuse.
"Clarté stratégique"
Pour Sung Wen-ti, expert à l'université nationale d'Australie, Joe Biden "veut le beurre et l'argent du beurre" en tenant de tels propos, suivis d'un rétropédalage de son gouvernement.
"Cela donne l'impression d'une plus grande détermination américaine, ce qui répond à un objectif de clarté stratégique, mais sans en avoir le coût", analyse-t-il.
Bonnie Glaser, directrice pour la région Asie du German Marshall Fund of the United States, estime que Joe Biden a peut-être aussi voulu rassurer son hôte, le Premier ministre japonais Fumio Kishida, après que ce dernier a exprimé son inquiétude pour la stabilité dans la région.
Le président américain "a affaibli la doctrine d'ambiguïté stratégique et je pense que c'était délibéré", dit-elle, tout en notant qu'il avait malgré tout laissé planer le doute sur la forme exacte que prendrait le soutien américain.
"La confusion autour de notre politique sape l'effet de dissuasion", prévient l'experte.
La Chine n'est pas la Russie
Avec ses propos, Joe Biden a souligné un fort contraste vis-à-vis de son approche de la guerre en Ukraine, marquée par un refus répété, pour le coup dénué d'ambiguïté, de tout envoi de troupes américaines.
Les Etats-Unis ont envoyé et continuent de faire parvenir à l'Ukraine une assistance militaire massive, mais le président américain a plusieurs fois dit qu'il ne voulait surtout pas déclencher une troisième guerre mondiale au travers d'une confrontation directe avec la Russie.
La Chine, tout comme la Russie, a des armes nucléaires. Mais à l'inverse de Moscou, Pékin est considéré par Washington comme le seul et unique adversaire à sa taille.
Par ailleurs Taïwan, au-delà des aspects de pure stratégie, est une source indispensable de composants informatiques pour les Etats-Unis -- l'île fabrique 92% des semi-conducteurs de pointe du monde, selon une étude du Center for a New American Security.
Autant de raisons pour les Etats-Unis de surmonter leur réticence à se saisir frontalement du sujet de Taïwan. Washington pousse par exemple pour que l'île soit davantage intégrée dans les organisations internationales.
Le sénateur républicain Tom Cotton, exprimant la pensée des "faucons" conservateurs, a estimé que le temps était venu pour Joe Biden d'officialiser un changement de doctrine dans un discours en bonne et due forme.
"Sans cela, l'ambiguïté et l'incertitude continuelles vont certainement avoir un effet de provocation sur les communistes chinois, sans avoir d'effet de dissuasion -- le pire des scénarios", a-t-il averti.