Crédit Nhac NGUYEN / AFP

Lao Cai, Vietnam | AFP | mercredi 22/04/2025 - Au Vietnam, le village de Nguyen Thi Kim, englouti par un glissement de terrain lors du typhon Yagi en septembre 2024, a été reconstruit deux kilomètres plus loin, avec cette fois du béton et des canaux de drainage, dans l'espoir de pouvoir mieux résister aux futures pluies extrêmes.
"Le désastre était trop important pour nous tous", se souvient la jeune femme de 28 ans, qui a perdu 14 membres de sa famille dans la catastrophe. "Je ne peux toujours pas en parler sans pleurer. Je ne peux pas oublier."
Le typhon Yagi, le plus puissant qu'ait connu le Vietnam en plusieurs décennies, a provoqué des inondations et des glissements de terrain sur une zone allant de la capitale Hanoï, proche de la mer, à la Birmanie, à des centaines de kilomètres plus loin.
Au moins 320 personnes ont péri au Vietnam, dont 67 rien que dans le village de Lang Nu, où habitait Nguyen Thi Kim, dans la province montagneuse et reculée de Lao Cai (nord).
Plus de six mois après la catastrophe, la jeune femme garde le souvenir douloureux du moment où un torrent de boue l'a emportée avec sa fille de deux ans. Elles ont été secourues plusieurs heures plus tard.
Aujourd'hui, elle réside avec environ 70 autres survivants sur un site fraîchement construit par les autorités, qui bénéficie d'une topographie moins risquée en cas de nouveaux épisodes météo extrêmes.
Les chercheurs ont montré que, sous l'effet du changement climatique, les cyclones étaient devenus plus puissants et plus dévastateurs parmi des populations souvent vulnérables et mal préparées.
- Maisons en dur -
La surface plus chaude des océans alimente en énergie les tempêtes tropicales, accélérant la force de vents destructeurs au moment de toucher terre, ainsi que l'intensité des intempéries.
En décembre, le nouveau village de Lang Nu, construit à deux kilomètres de son emplacement original, comptait 40 maisons en béton, et non en bois comme il est de tradition dans la région.
Le site a été choisi pour son élévation et sa pente moins inclinée qui devraient limiter l'impact des cours d'eau voisins.
L'endroit est sûr "au mieux de notre connaissance et de notre compréhension", affirme Tran Thanh Hai, recteur de l'Université de géologie et des mines de Hanoï.
"Il est très difficile de prédire avec une certitude absolue la sécurité en géologique", souligne-t-il.
Un réseau de canaux de drainage permet d'éviter la saturation en eau du site et de diminuer les risques d'éboulement, ont expliqué à l'AFP des scientifiques qui ont travaillé sur le projet.
Nguyen Thi Kim n'a pas hésité à abandonner le style traditionnel en bois des maisons de sa communauté. "Nous voulons respecter nos traditions, mais si ce n'est plus sûr, nous devons changer", déclare-t-elle.
Des poutres en acier supportent l'habitation de Hoang Thi Bay, au toit en tôle ondulée et non plus en feuilles de palmes comme avant.
Cette femme de 41 ans a survécu au glissement de terrain en s'accrochant à l'unique pilier de béton de son ancienne maison.
"Je me réveille toujours au milieu de la nuit en ressassant ce qu'il s'est passé", explique-t-elle.
"Notre ancienne maison était plus grande et plus jolie, avec des jardins et des champs. Mais en dormant ici dans la nouvelle maison, je me sens plus en sécurité", poursuit-elle.
Mais le risque zéro n'existe pas, préviennent les experts.
- Risques -
La pente du site peut évoluer en fonction du développement du village, rappelle Tran Thanh Hai, qui alerte sur les risques liés à la construction de barrages ou de réservoirs dans la région qui peuvent modifier la circulation de l'eau.
Construire plus de maisons ou de nouvelles routes, défricher des forêts peuvent aussi favoriser les glissements de terrain, selon Do Minh Duc, professeur à l'Institut de géotechnique et d'environnement à l'Université nationale du Vietnam à Hanoï.
Le typhon Yagi a détruit de vastes forêts naturelles matures à Lao Cai et, bien que des entreprises privées aient fait don d'arbres à planter, il n'est pas certain qu'ils puissent offrir une protection suffisante.
"En termes de prévention des glissements de terrain, la seule forêt qui peut avoir de bons effets est la forêt tropicale humide avec une très forte densité d'arbres, appelée forêt primaire", explique Duc, qui a également participé au choix du nouveau site.
Pour Nguyen Thi Kim, le moment de quitter la terre où sa famille habitait depuis environ cinquante ans a été difficile. Mais elle est reconnaissante qu'elle et d'autres villageois aient bénéficié d'une nouvelle chance.
"Je crois que c'est le terrain le plus sûr pour nous", estime-t-elle.
La publication de ce reportage coïncide avec le "89 Percent Project" de l'initiative Covering Climate Now, qui vise à souligner qu'une large majorité dans le monde souhaite davantage d'action climatique.
"Le désastre était trop important pour nous tous", se souvient la jeune femme de 28 ans, qui a perdu 14 membres de sa famille dans la catastrophe. "Je ne peux toujours pas en parler sans pleurer. Je ne peux pas oublier."
Le typhon Yagi, le plus puissant qu'ait connu le Vietnam en plusieurs décennies, a provoqué des inondations et des glissements de terrain sur une zone allant de la capitale Hanoï, proche de la mer, à la Birmanie, à des centaines de kilomètres plus loin.
Au moins 320 personnes ont péri au Vietnam, dont 67 rien que dans le village de Lang Nu, où habitait Nguyen Thi Kim, dans la province montagneuse et reculée de Lao Cai (nord).
Plus de six mois après la catastrophe, la jeune femme garde le souvenir douloureux du moment où un torrent de boue l'a emportée avec sa fille de deux ans. Elles ont été secourues plusieurs heures plus tard.
Aujourd'hui, elle réside avec environ 70 autres survivants sur un site fraîchement construit par les autorités, qui bénéficie d'une topographie moins risquée en cas de nouveaux épisodes météo extrêmes.
Les chercheurs ont montré que, sous l'effet du changement climatique, les cyclones étaient devenus plus puissants et plus dévastateurs parmi des populations souvent vulnérables et mal préparées.
- Maisons en dur -
La surface plus chaude des océans alimente en énergie les tempêtes tropicales, accélérant la force de vents destructeurs au moment de toucher terre, ainsi que l'intensité des intempéries.
En décembre, le nouveau village de Lang Nu, construit à deux kilomètres de son emplacement original, comptait 40 maisons en béton, et non en bois comme il est de tradition dans la région.
Le site a été choisi pour son élévation et sa pente moins inclinée qui devraient limiter l'impact des cours d'eau voisins.
L'endroit est sûr "au mieux de notre connaissance et de notre compréhension", affirme Tran Thanh Hai, recteur de l'Université de géologie et des mines de Hanoï.
"Il est très difficile de prédire avec une certitude absolue la sécurité en géologique", souligne-t-il.
Un réseau de canaux de drainage permet d'éviter la saturation en eau du site et de diminuer les risques d'éboulement, ont expliqué à l'AFP des scientifiques qui ont travaillé sur le projet.
Nguyen Thi Kim n'a pas hésité à abandonner le style traditionnel en bois des maisons de sa communauté. "Nous voulons respecter nos traditions, mais si ce n'est plus sûr, nous devons changer", déclare-t-elle.
Des poutres en acier supportent l'habitation de Hoang Thi Bay, au toit en tôle ondulée et non plus en feuilles de palmes comme avant.
Cette femme de 41 ans a survécu au glissement de terrain en s'accrochant à l'unique pilier de béton de son ancienne maison.
"Je me réveille toujours au milieu de la nuit en ressassant ce qu'il s'est passé", explique-t-elle.
"Notre ancienne maison était plus grande et plus jolie, avec des jardins et des champs. Mais en dormant ici dans la nouvelle maison, je me sens plus en sécurité", poursuit-elle.
Mais le risque zéro n'existe pas, préviennent les experts.
- Risques -
La pente du site peut évoluer en fonction du développement du village, rappelle Tran Thanh Hai, qui alerte sur les risques liés à la construction de barrages ou de réservoirs dans la région qui peuvent modifier la circulation de l'eau.
Construire plus de maisons ou de nouvelles routes, défricher des forêts peuvent aussi favoriser les glissements de terrain, selon Do Minh Duc, professeur à l'Institut de géotechnique et d'environnement à l'Université nationale du Vietnam à Hanoï.
Le typhon Yagi a détruit de vastes forêts naturelles matures à Lao Cai et, bien que des entreprises privées aient fait don d'arbres à planter, il n'est pas certain qu'ils puissent offrir une protection suffisante.
"En termes de prévention des glissements de terrain, la seule forêt qui peut avoir de bons effets est la forêt tropicale humide avec une très forte densité d'arbres, appelée forêt primaire", explique Duc, qui a également participé au choix du nouveau site.
Pour Nguyen Thi Kim, le moment de quitter la terre où sa famille habitait depuis environ cinquante ans a été difficile. Mais elle est reconnaissante qu'elle et d'autres villageois aient bénéficié d'une nouvelle chance.
"Je crois que c'est le terrain le plus sûr pour nous", estime-t-elle.
La publication de ce reportage coïncide avec le "89 Percent Project" de l'initiative Covering Climate Now, qui vise à souligner qu'une large majorité dans le monde souhaite davantage d'action climatique.