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Bébé secoué : 3 ans dont un ferme pour Nounou Anita


Bébé secoué : 3 ans dont un ferme pour Nounou Anita
PAPEETE, mardi 17 septembre 2013 – Nounou Anita a été condamnée à 3 ans de prison dont un ferme, au terme d'un procès d'un jour et demi aux assises. La nourrice a été jugée coupable d’avoir provoqué des séquelles neurologiques définitives sur un nourrisson de 4 mois, après l'avoir violemment secoué le 5 novembre 2009.

Aujourd’hui âgée de 4 ans, la fillette est lourdement handicapée.

Depuis le box des accusés, Anita a le visage fermé. Regard fixe, les bras croisés sous un gilet bleu-marine jeté sur ses épaules, la quinquagénaire écoute l’évocation des faits, déclinés par l’accusation.

La veille, elle a de nouveau nié à la barre la véracité des déclarations qu’elle avait faites en garde à vue, ce matin de mai 2010, lorsqu’elle avait reconnu avoir secoué l’enfant sous le coup de l’exaspération. Une posture de déni que la nounou adopte dès juillet 2010 alors qu’elle est entendue par un expert psychologue, dans le cadre de l’instruction. Elle clame depuis son innocence.

Mais pourtant selon l’accusation, les faits sont clairs. "Avec ce que l’on a comme éléments médicaux, nul besoin d’aveux : les faits parlent d’eux-mêmes", a souligné Jean-Pierre Belloli.

Et l’avocat général de s’appuyer, dans son réquisitoire, sur les rapports d’experts qui attestent avoir constaté sur la petite victime les symptômes du "bébé secoué" : aucun trauma extérieur mais un traumatisme cérébral massif provoqué par des saignements avec atteinte des parties blanches du cerveau. Les médecins se borneront à constater les dégâts irréversibles, des lésions graves et définitives. Et les experts consultés pendant l'instruction sont formels : les premiers symptômes du "syndrome du bébé secoué" apparaissent toujours "très peu de temps après" l’instant du choc traumatique. Une question de demi-heure.

"Poupée de chiffon"

Or, le 5 novembre 2009, la petite Vaikeha entame son deuxième jour de garderie. Sa maman l'a déposée peu après 8 heures. Tout indique qu'elle va bien. Lors de la visite médicale des 4 mois, quelques jours auparavant, le pédiatre a constaté un développement moteur normal chez ce nourrisson. L’enfant est certes prématuré mais en bonne santé.

Toute la matinée du 5 novembre, l’enfant va être grincheux et souvent pleurer, visiblement perturbé par son nouvel environnement. Nounou Anita s’en occupe personnellement tandis que son assistante maternelle prend en charge les autres pensionnaires de cette garderie, qui exerce sans agrément au domicile de la nounou, à la faveur de recommandations d'anciens parents satisfaits.

A 11 heures, lorsque l’assistante s’en va, le nourrisson s’est manifestée toute la matinée, inconsolable, et a presque entièrement mobilisé la nounou.

Mais à 11 h 45 lorsque la maman de Vaikeha arrive en urgence pour récupérer sa fille, elle trouve un bébé pâle, la respiration lente, amorphe : une "poupée de chiffon", déclarera-t-elle.

Peu avant, vers 11 h 30, Anita l’a appelée : "La petite ne va pas bien. Elle ne respire pas bien ! On dirait qu’elle a de l’asthme..."

Les jurés ont estimé que durant cette fatale demi heure, la nourrice aura perdu son calme et commis l'irréparable, en secouant nerveusement le bébé.

Entre 11 heures et 11 h 30, ce matin du 5 novembre 2009, se sont noués les "éléments d’une tragédie qui va entraîner un véritable chemin de croix pour la famille, pour la petite qui vit aujourd’hui un calvaire et pour cette nounou, qui en quelques secondes d'égarement a commis l’irréparable", a résumé l’avocat général, Jean-Pierre Belloli, avant de requérir une peine de 6 ans d’incarcération.

Les jurés auront accordé le bénéfice d'un geste non intentionnel à la nourrice. Le jour même, Anita a commencé à purger sa peine d'un an d'incarcération à Nuutania.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 17 Septembre 2013 à 14:24 | Lu 3512 fois