Beach soccer : du rêve ou de la réalité pour Tahiti ?


En tout cas, la fête populaire de l'ouverture du beach soccer vendredi soir a été réussie et appréciée.
PAPEETE, lundi 16 septembre 2013. Au-delà de la vitrine touristique exceptionnelle que représente l’accueil, à Tahiti, de la coupe du monde de beach soccer (avec la présence des médias des pays sélectionnés), combien coûte et combien rapporte au Pays l’organisation de cet événement ? Le 29 janvier 2010, la Fifa annonçait que la 7e édition de la coupe du monde de beach soccer serait organisée à Tahiti, pour la première fois dans un territoire insulaire du Pacifique. Une annonce qui a immédiatement été perçue par le Pays comme une opportunité de promotion puisque l’organisation d’une compétition de niveau international offre toujours une ouverture intéressante sur le monde.Dans le cas présent, les 16 équipes finalistes seront médiatiquement suivies dans leur pays respectifs. Qui plus est, certains des 32 matches qui seront joués à Papeete entre le 18 et le 28 septembre prochains devraient être diffusés auprès de 120 millions de téléspectateurs. En soi, c’est déjà une belle prouesse. Tahiti se retrouvera donc sur le devant de la scène durant 10 jours. Sauf que le beach soccer est une discipline encore jeune : elle n’a été reconnue officiellement par la Fifa que depuis 2005. Aussi, les "foules" que le beach soccer arrive à drainer sont encore loin, bien loin des records que le football classique est capable d’atteindre.

Pour l’instant, il y a eu en tout et pour tout, selon les chiffres de la Fifa, 4 672 spectateurs par match en moyenne qui ont assisté aux 180 rencontres de la coupe du monde de beach soccer jouées jusqu’à aujourd’hui. En six éditions de coupe du monde cumulées, le beach soccer n’a pas encore rassemblé le million de spectateurs (840 000). Avant même le coup d’envoi, l’édition tahitienne sera en dessous de la moyenne habituelle puisque les organisateurs annoncent qu’il y aura 36 000 places disponibles dans l’arène de sable de la place To’ata pour les dix soirées de matches. Au-delà du prestige de l’image, difficilement mesurable, restent donc à comptabiliser les recettes escomptées de cet événement. Elles s’annoncent d’ores et déjà limitées. Pour faire de la coupe du monde de beach soccer à Tahiti un rendez-vous populaire, il a été prévu par le Comité organisateur et les responsables du Pays, dès le début, que seules la moitié des 36 000 places du To’ata Stadium seraient mises à la vente. Les autres devant être distribuées gratuitement aux partenaires et à des associations de jeunes. Aussi, dès début août, les soirées de finale ou de demi-finales ont été vite complètes.

Les retombées économiques directes de ces 10 jours de compétition sont évaluées à 500 millions de Fcfp, dont 130 millions de Fcfp de recettes pour les hébergements hôteliers –la Fifa a retenu trois établissements pour les délégations à Tahiti- et 150 millions de Fcfp pour les transports aériens des délégations assurés par Air Tahiti Nui. Mais le Pays paie le prix fort de cette vitrine mondiale : il a fallu investir 350 millions de Fcfp pour aménager le site du To’ata Stadium ; par ailleurs le Pays a renoncé à 90 millions de Fcfp de recettes fiscales en accordant à la Fifa un régime d’exonération spécial en adoptant une Loi de Pays particulière, le 24 septembre 2012 et ce pour respecter les termes de la convention conclue le 29 janvier 2010 entre la Polynésie française et la Fifa. Une loi d’exonération fiscale adoptée par 52 voix pour (sur les 57 représentants de l’assemblée de Polynésie) expliquant que «eu égard à l'importance de cet événement exceptionnel pour la Polynésie française qui réunira plus de 500 personnes (dont 16 équipes participantes), le Pays a décidé de soutenir cet événement en déployant d'importants moyens et mesures». En plaçant côté à côte les recettes estimées de cet événement pour le Pays (500 millions de Fcfp) aux investissements réalisés par celui-ci ajoutés aux exonérations fiscales accordées, la coupe du monde de beach soccer est au mieux pour le Pays une opération blanche…

Encore des places dans les hôtels

L’impact immédiat pour le tourisme polynésien de l’organisation de cette coupe du monde de beach soccer à Tahiti parait, là également, limité. En septembre 2012, les organisateurs de la coupe du monde de beach soccer s’inquiétaient de la capacité hôtelière de Tahiti pour cet événement qui verrait affluer entre 400 et 800 personnes d’autant que le Sofitel allait fermer. La fourchette basse étant celle des 16 équipes, leurs accompagnateurs et les membres de la Fifa (arbitres etc…) ; la fourchette haute étant l’afflux de quelques centaines de touristes supplémentaires venus à Tahiti pour suivre la coupe du monde. Renseignements pris, force est de constater que les établissements hôteliers de Tahiti, en dépit de l’arrivée depuis la fin de la semaine dernière des délégations sportives, ne sont pas encore complets. Au Méridien qui accueille la moitié des équipes sélectionnées, les deux tiers des chambres sont occupés par les délégations sportives.

Par ailleurs l’hôtel du PK 15 aurait vendu quelques chambres supplémentaires pour des accompagnants non officiels, c’est-à-dire non pris en compte par la Fifa. Mais d’étranglement, de difficultés à trouver des chambres pour les touristes, il n’y en a pas. «La clientèle d’affaires habituelle a reporté ses déplacements en octobre. Enfin, ATN ayant modifié ses horaires sur cette période aussi, nous n’avons plus de nuitées de transit de touristes passant par Tahiti avant de rejoindre les îles» précise Nicolas Gautier, directeur général du Méridien. L’occupation de l’hôtel sur les deux dernières semaines de septembre est à peine meilleure que d’habitude : les clients issus du beach soccer se substituant aux autres. Quelques kilomètres plus loin à Taapuna, le Manava accueille quatre équipes officielles et le taux de remplissage de l’hôtel est à 40%, mais l’optimisme est certain. «Toutes les occasions qui permettent une bonne exposition de Tahiti sont bonnes à prendre» assure Jean-Pierre Challeau, le directeur général de l’hôtel. Et de rêver qu’au lieu du beach soccer, un jour Tahiti puisse accueillir le mondial de foot «mais là ce serait un peu gros comme événement, non ?».

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 16 Septembre 2013 à 17:22 | Lu 2134 fois