Bagarre mortelle à Moorea : Un adolescent de 13 ans en détention provisoire ( MAJ)


Le jeune garçon a été écroué malgré son âge en raison de la gravité des faits et des risques de menaces, pressions et représailles qui pèsent sur ce douloureux dossier.
PAPEETE, le 20 décembre 2016 - La mesure est exceptionnelle, le principal suspect étant encore mineur. La loi l'autorise néanmoins, l'adolescent ayant 13 ans révolu et les faits, particulièrement graves, étant de nature criminelle.


Transféré de Moorea à Tahiti sous escorte de la gendarmerie, le jeune mineur de 13 ans suspecté d'avoir mortellement blessé un autre adolescent du même âge au cours d'une bagarre qui a mal tourné, dimanche soir à Maharepa, a été déféré ce mardi après-midi devant le procureur de la République, puis présenté au juge d'instruction et enfin devant le juge des libertés et de la détention. Mis en examen pour "coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner", l'adolescent a été placé en détention provisoire en fin de journée, conformément aux réquisitions du parquet. Une mesure exceptionnelle concernant un mineur de cet âge, mais prévue et encadrée par la loi (lire par ailleurs).

L'enquête confiée à la gendarmerie se poursuit et devra révéler au plus près le scénario de ce drame qui a endeuillé toute une famille, tout un quartier. En l'état actuel des investigations, le jeune garçon écroué aujourd'hui est seul en cause. Selon nos informations, de nombreux témoins ont confirmé l'avoir vu porter les coups. Il reste présumé innocent.

Une victime sans histoires

Le drame s'était déroulé dimanche, tard dans la soirée, sur le deck en bois blanc d'une boutique en bord de route à Maharepa. Les jeunes -et même très jeunes- de la commune ont l'habitude de s'y retrouver sur fond, pour certains, de consommation d'alcool et de pakalolo comme le dénoncent régulièrement les habitants et commerçants du quartier. Selon les premiers témoignages relayés par les proches de la victime, un groupe de trois ou quatre autres jeunes l'aurait alors pris à partie. Tout le groupe se connaissait pourtant bien.

Provocation ? Regard de travers ? Une bagarre a ensuite éclaté pour atteindre un rare niveau de violence comme en témoignent les multiples traces de coups et ecchymoses découvertes sur le corps de l'adolescent. Une autopsie a été ordonnée. De sources proches du dossier, des examens toxicologiques et cliniques complémentaires seront pratiqués pour déterminer si la victime ne souffrait pas de problèmes de santé, notamment cardiaques.

La victime, élève sans histoire au collège de Pao Pao, n'était pas connue pour aimer la bagarre, au contraire selon ses proches. Alertés, les secours avaient tenté en vain de le ranimer alors qu'il gisait, inconscient et en sang, sur le deck du magasin.

La détention des mineurs, ce que dit la loi

-Un mineur peut-il être placé en détention provisoire ?
Les mineurs âgés de 13 ans révolus et de moins de 16 ans ne peuvent être placés en détention provisoire que s'ils encourent une peine criminelle, ce qui est actuellement le cas.

-Qui décide de l'incarcération provisoire d’un mineur ?
Le juge des libertés et de la détention peut décider de placer ou de maintenir un mineur en détention provisoire à condition que cette mesure soit indispensable ou qu'il soit impossible de prendre toute autre disposition ; que les obligations du contrôle judiciaire et celles de l’assignation à résidence avec surveillance électronique soient insuffisantes.

-Quelle est la durée de la détention provisoire des mineurs ?
En matière criminelle, la détention provisoire des mineurs âgés de plus de 13 ans et de moins de 16 ans ne peut excéder six mois. A titre exceptionnel, elle peut être prolongée une fois pour une durée n'excédant pas six mois.

*Source : Ministère de la Justice

"Une responsabilité collective" pour Marcel Tuihani

Le président de l'Assemblée de la Polynésie française a exprimé "sa compassion et sa peine", ce matin dans un communiqué faisant écho à ce drame. "Mes premières pensées vont à ses parents et à sa famille, durement éprouvés par cette terrible tragédie (…). Je mesure combien la disparition d'un enfant est une blessure à jamais ouverte et si douloureuse", écrit Marcel Tuihani pour qui ce drame qui "nous interpelle brutalement à quelques jours des fêtes de Noël (…) doit nous rappeler que la responsabilité est collective".

"Elle concerne bien entendu les individus d’abord, mais aussi les familles et les autorités qui ont chacun leur rôle à jouer dans la prévention", poursuit le communiqué. "Je souhaite que nous puissions trouver, suite à cette tragédie, la volonté et les moyens de mieux accompagner nos jeunes, trop souvent désœuvrés, afin que la mort de Raimanutea et celles de tant d’autres avant lui, nous aident à éviter de nouveaux drames et à prendre les mesures courageuses qui s’imposent".

Rédigé par () le Mardi 20 Décembre 2016 à 18:07 | Lu 4018 fois