Bad buzz du Night Bus : aucune plainte déposée contre le vigile


PAPEETE, le 13 aout 2014 - L’affaire d’une prétendue agression sexuelle dans le Night Bus vendredi dernier fait le buzz depuis le début de la semaine. Elle semble beaucoup moins grave que la rumeur ne le laissait penser. Anatomie d’un bad buzz.

L’affaire a commencé par les réseaux sociaux. Ce week-end, une jeune femme de 24 ans a dénoncé sur Facebook un comportement inapproprié dont elle et une amie auraient été victimes vendredi dernier dans le tout nouveau Night Bus au niveau de la Punaruu, où elles étaient les premières à embarquer. C’est le vigile lui-même, censé assurer la sécurité des passagers, qui les aurait invitées à l’arrière du bus avant de demander à la jeune femme une faveur de nature sexuelle, qu’elle refuse sans que l’affaire aille plus loin selon ses témoignages ultérieurs.

Anatomie d’un buzz

La radio reprend l’information lundi et interviewe la victime et la compagnie RTU qui gère ces bus. Les paroles déplacées sont alors requalifiées en « agression », et la machine médiatique est lancée. Une chaîne de télévision rencontre la victime et un cadre de la société de transport – qui prend parti pour son vigile – et annonce que la jeune femme a porté plainte, ce qui est inexact. Le lendemain la presse papier reprend l’affaire et le grand public s’empare de l’histoire. Il y a tout pour faire le buzz : un abus d’autorité combiné à la triste ironie du bus censé assurer la sécurité des fêtards, transformé en "piège pervers" tout juste une semaine après son lancement…

Xavier Chung Sao, DRH de la société de transport, confirme que « ça s’est passé très vite, moi-même je n’ai pas tout suivi, mais je fais confiance à la gendarmerie pour mener l’enquête. » Il tient à rappeler la présomption d’innocence, et assure que cette affaire a déjà eu des répercussions pour le vigile : « elle le pénalise déjà dans sa vie personnelle, vis-à-vis de sa famille, et sa demande de carte professionnelle est gelée le temps que cette affaire soit élucidée. Et nous même, si tout cela est fondé, nous sommes prêts à enclencher des mesures disciplinaires. Les consignes aux employés sont claires : "il faut avoir une attitude toujours professionnelle, vous n’êtes pas là pour draguer." » Il ajoute que quelle que soit l’issue de cette histoire, il encourage toujours les passagers à se manifester auprès de l’entreprise en cas de problème.

Le bus de nuit en pâtit

Pour la société également la situation n’est pas anodine : « Nous, nous avons subi une grosse perte de confiance. Aucune entreprise n’a voulu acheter de la publicité pour le Night Bus cette semaine, et on verra ce week-end si la fréquentation baisse ou pas. »

Ce mercredi la gendarmerie révèle que « vers 12h00, la victime présumée s’est présentée à la brigade de Punaauia. Elle a été entendue mais n’a pas désiré déposer (plainte). L'amie de la victime, le mis en cause et le conducteur du bus ont également été auditionnés. Le Parquet, informé du résultat de l'enquête, prescrit un classement sans suite de la procédure pour absence d'infraction. » Interrogé, le bureau du procureur reste évasif et signale qu'il est en train d'examiner le dossier.

La conclusion de l'enquête des gendarmes est donc qu'aucune infraction n'a été constatée pour l'instant, les militaires ne se prononcent pas sur la véracité des témoignages contradictoires de la jeune femme ou du vigile. En attendant, l’histoire a pris des proportions qui semblent dépasser la réalité et l’image du bus de nuit qui devait aider à sauver le "Papeete by night" est ternie.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mercredi 13 Aout 2014 à 14:56 | Lu 3111 fois