Bac: le détecteur d'ondes, seule arme légale contre la fraude au smartphone


PARIS, 15 juin 2012 (AFP) - Pour lutter contre la fraude au smartphone lors du baccalauréat, grand chantier de l'édition 2012, le gouvernement ne peut utiliser le brouillage, interdit par la loi, mais pourrait se rabattre sur des détecteurs qui ne permettent cependant pas d'identifier l'émetteur.

"Nous allons de façon aléatoire avoir un certain nombre d'outils qui vont nous permettre de lutter" contre ce phénomène, a annoncé mercredi sans plus de détails Jean-Michel Blanquer, directeur général de l'enseignement scolaire, évoquant l'usage de détecteurs de portables.

La seule circulaire qui fait référence en la matière stipule uniquement que les téléphones, smartphones et autres tablettes doivent être "éteints et rangés dans le sac du candidat ou remis aux surveillants de salle".

Si le gouvernement est resté volontairement très flou sur les moyens techniques qu'il pourrait utiliser tout comme la proportion de centres d'examens concernés, il n'a pas vraiment le choix quant aux méthodes à sa disposition.

"Le brouillage est interdit par la loi, cette dernière dérogeant pour seulement deux espaces: les salles de spectacle (cinéma, théâtre) et les établissements pénitentiaires", résume à l'AFP un spécialiste du secteur télécoms.

"Bien sûr, ce serait le moyen de loin le plus efficace et le plus radical pour neutraliser les téléphones, mais je vois mal le gouvernement passer outre la loi. Surtout que pour des raisons de sécurité, les communications mobiles ne peuvent pas être coupées dans tout un établissement scolaire ou un centre d'examen", ajoute-il.

A chaque moyen ses problèmes

Des brouilleurs d'ondes sont en vente libre sur internet pour quelques dizaines d'euros, sous la forme d'un petit boîtier qui va parasiter les ondes électromagnétiques émises par les portables et rendre impossible leur utilisation dans un rayon de 5 à 50 mètres, selon la puissance choisie.

"A part le brouillage, la seconde solution est la détection des ondes émises grâce à des boîtiers spécifiques", indique Damien Douani, expert en nouvelles technologies de l'agence FaDa.

"Ce type d'appareil permet de détecter l'activité d'un téléphone portable lorsqu'il émet un appel, un SMS ou se connecte à internet, car à ce moment-là le mobile émet des données. Mais il va aussi réagir lorsque le téléphone se met à rechercher tout seul le réseau qu'il a pu perdre momentanément", explique-t-il.

Si le boîtier signale qu'un smartphone est en activité dans une salle d'examen où peuvent être présents des dizaines de lycéens, il ne permet pas de localiser le téléphone en question et donc son utilisateur.

"Un autre problème est qu'il faudrait en équiper toutes les salles d'examen, voire même les toilettes", souligne Damien Douani.

Les autorités pourraient aussi mettre en place des détecteurs de métaux à l'entrée des salles d'examen, mais ils s'exposeraient aux problèmes rencontrés dans les aéroports, avec la signalisation intempestive des ceintures, pièces de monnaie ou barres métalliques dans la semelle des chaussures.

Enfin, la plus radicale des méthodes serait de demander aux opérateurs télécoms d'établir des "zones blanches", c'est-à-dire couper au niveau des antennes tous les réseaux mobiles à proximité des centres d'examen, un chantier énorme et difficilement maîtrisable vu la volatilité des ondes.

"Aucune demande de ce type n'a été déposée par le gouvernement auprès des deux principaux opérateurs", a affirmé vendredi à l'AFP un analyste du secteur.

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Rédigé par Par Katia DOLMADJIAN le Vendredi 15 Juin 2012 à 05:53 | Lu 558 fois