BA.4 et BA.5, deux sous-variants à anticiper


Tahiti, le 9 juin 2022 – De nouveaux sous-variants d'omicron provoquent un rebond de l'épidémie de Covid-19 dans le monde. À l'aube des vacances, la Plateforme Covid-19 de la Polynésie française incite la population à mettre à jour sa protection vaccinale en anticipation d'une éventuelle nouvelle vague de contamination. À cet effet, la quatrième dose de vaccin Pfizer est désormais ouverte à tous, fortement recommandée pour les plus à risques.
 
La Plateforme Covid de Polynésie française a tenu ce jeudi 9 juin son premier point presse depuis trois mois, pour inciter la population à une grande vigilance concernant les possibles rebonds épidémiques et à une mise à jour de sa protection vaccinale. Si le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire publié mercredi semble indiquer une augmentation rapide du taux d'incidence depuis deux semaines, jusqu'à près de 50 cas pour 100 000 habitants, il révèle en réalité une plus grande détection des cas positifs chez les "voyageurs non-résidents". Environ 2.7% des tests réalisés au départ du Fenua par les touristes sont positifs. À cela s'ajoute un cluster découvert sur un paquebot de croisière en fin de semaine dernière. Pour l'épidémiologiste Henri-Pierre Mallet, la circulation du virus au sein de la population est pour l'instant faible et stable, avec un taux d'incidence autour de 7 pour 100 000 depuis plusieurs semaines chez les "résidents". "Il n'y a presque plus de passages aux urgences" pour Covid, a souligné le médecin, en faisant le point sur l'historique de l'épidémie au fenua.
 
La vague liée au variant omicron de février-mars a provoqué une contamination "au moins équivalente" à la vague delta d'août-septembre 2021, mais une mortalité et une pression hospitalière bien plus faibles. Pour l'épidémiologiste, ce faible taux des cas graves montre que les vaccins et les rappels vaccinaux ont bien eu un effet protecteur. Car, insiste-t-il, contrairement à la croyance populaire, omicron n'est pas moins dangereux que delta. Une enquête de séroprévalence réalisée en décembre a montré une bonne immunité collective au moment de la dissémination du variant BA.2 sur le territoire.
 
Anticiper les vagues épidémiques
 
Cependant, il rappelle que les données scientifiques indiquent globalement que cette protection contre les cas graves conférée par la vaccination diminue rapidement au bout de six mois. Tout semble indiquer, précise Henri-Pierre Mallet, "qu'on se dirige vers une proposition de rappels réguliers, en fonction des vagues de contamination", à l'image de ce qu'il se passe pour les épidémies de grippe.
 
Au niveau mondial, des "sous-variants" d'omicron à forte capacité d'échappement immunitaire, les variants BA.4 et surtout BA.5 provoquent une recrudescence de l'épidémie dans certains pays, particulièrement en Europe et aux États-Unis. Alors que s'ouvre la période de vacances, un fort afflux depuis ces pays est attendu au fenua. Pour la première fois depuis deux ans, de nombreux résidents de Polynésie française vont partir en vacances vers des destinations où circulent ces sous-variants. S'ils n'ont pas encore été détectés sur le territoire, ce n'est, semble-t-il qu'une question de temps.
 
"le vaccin, c'est notre arme la plus efficace"
 
C'est donc en anticipation de cette vague probable que la quatrième dose de vaccin à Arn-m, est désormais disponible pour la population âgée de plus de 18 ans et fortement recommandée pour les plus de 60 ans et les populations à risque. Ceux qui ont fait leur rappel en décembre ou janvier sont désormais concernés par cette limite de six mois. Manutea Gay, responsable de la Plateforme, signale qu'entre 50 000 et 60 000 personnes ont besoin d'un rappel en Polynésie française. "Beaucoup de personnes n'ont fait qu'une seule dose", rappelle-t-il, "plus de 20% des plus de 60 ans ne sont toujours pas vaccinés, c'est le bon moment de commencer ou de compléter son schéma vaccinal". Henri-Pierre Mallet insiste sur le fait qu'il y a désormais un recul important sur l'innocuité des vaccins Pfizer, "il faut savoir dépasser la peur du vaccin", ajoute-t-il. Manutea Gay en appelle, lui, à la responsabilité individuelle : "Ce vaccin, c'est notre arme la plus efficace contre cette épidémie, si on veut éviter des restrictions". Un vaccinodrome sera organisé ce samedi 11 juin à l'institut Mathilde Frébault et un autre le 25 juin pour faciliter cette mise à jour vaccinale.

Rédigé par Antoine Launey le Jeudi 9 Juin 2022 à 21:02 | Lu 2688 fois