Azerbaïdjan: victoire du parti d'Aliev lors d'élections dénoncées par l'opposition


Tahiti le 2 septembre 2024. Le parti du président Ilham Aliev a remporté la majorité des sièges lors des législatives en Azerbaïdjan, ont déclaré lundi les autorités, l'opposition dénonçant des "violations massives" et les observateurs européens l'absence de "véritable alternative politique".

 
Ce pays du Caucase, hôte de la COP29 en novembre, est dirigé d'une main de fer depuis 2003 par M. Aliev. 
Le parti du président, Yeni ("Nouvel") Azerbaïdjan, a obtenu 68 des 125 sièges du Parlement monocaméral, le Milli Majlis, a annoncé la Commission électorale centrale azerbaïdjanaise.

Quarante-cinq sièges ont été remportés par des candidats indépendants et 11 par les membres de divers partis politiques, tous considérés proches du gouvernement.

Seul un candidat d'opposition, issu du parti de l'Alternative républicaine, a été élu. Le parti d'opposition Musavat a, lui, dénoncé lundi des "violations massives" des règles électorales, notamment des votes multiples.

Les détracteurs du président l'accusent d'avoir organisé ces élections afin de renforcer son emprise sur le pays, à un peu plus de deux mois de la COP29, organisée du 11 au 22 novembre par cette puissance pétrogazière.

Sous M. Aliev, aucun scrutin en Azerbaïdjan n'a été jugé libre et transparent par les missions d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

"Intimidation"

Dans un communiqué, lundi, ses observateurs ont estimé que le vote de dimanche "n'a pas offert aux électeurs de véritable alternative politique et a eu lieu dans un cadre légal très restrictif concernant les libertés fondamentales et les médias".
 
Les observateurs se sont inquiétés de "l'intimidation d'électeurs" et d'arrestations récentes de journalistes et de militants, ce qui a contribué "à une vaste autocensure" et à "limiter sérieusement la possibilité d'un journalisme indépendant".
 
Ces derniers mois, une dizaine de reporters ont été interpellés dans le cadre d'affaires judiciaires que leurs partisans jugent montées de toutes pièces.
 
Il s'agissait des premières élections législatives depuis la reprise du territoire du Haut-Karabakh face à des séparatistes arméniens en septembre 2023.
 
M. Aliev, auréolé de son succès militaire dans cette région qui échappait jusque-là à son contrôle, a déjà été réélu en février pour un cinquième mandat avec 92% des voix, lors d'élections boycottées par l'opposition.
 
Le président de 62 ans, qui a pris la suite de son défunt père Heydar Aliev - au pouvoir entre 1993 et 2003 après avoir été un haut responsable dans l'appareil soviétique -, est accusé de réprimer depuis des années toute voix indépendante, si bien qu'aucune surprise électorale n'était attendue.
 
L'Azerbaïdjan, ex-république soviétique de quelque 10 millions d'habitants, est habitué aux dernières places des classements des groupes de défense des droits humains.
 
L'organisation américaine de promotion de la démocratie Freedom House classe le pays parmi le "pire du pire" en termes de libertés civiles.

Rédigé par AFP le Lundi 2 Septembre 2024 à 15:50 | Lu 880 fois