"Aventurier, c'est mon métier", raconte le jeune explorateur Matthieu Tordeur


Paris, France | AFP | mardi 23/03/2021 - Enfant rêveur, Matthieu Tordeur est aujourd'hui un aventurier professionnel auteur d'un exploit retentissant en Antarctique en totale autonomie. Conférences, film, livre: sa vie foisonne de projets en tout genre.

"Cette aventure-là m'a fait passer du statut d'étudiant voyageur amateur à aventurier professionnel. Cette expérience en Antarctique a fait que c'est devenu un vrai métier, ça m'a rendu légitime et les gens m'ont fait une petite place sur cette scène-là", raconte à l'AFP Matthieu Tordeur.

"Cette aventure-là", c'est la traversée de l'Antarctique à skis en solitaire sans assistance, sans ravitaillement et à la seule force des bras et des jambes. Un périple polaire de 50 jours et 3 heures, en tirant son traîneau, et qu'il a réalisé du 24 novembre 2018 au 13 janvier 2019 lui valant un record au Guinness comme le plus jeune (27 ans) au monde à signer cette performance.

"Faut avoir envie de vivre la solitude, de ne pas prendre de douche pendant soixante jours, de skier douze heures par jour pendant deux mois, avoir l'envie de chercher des sponsors pendant un an. On est entre 25 et 30 au monde à avoir fait ça dans ces conditions, c'est une petite poignée par rapport à ceux qui font l'Everest", souligne le Normand, qui avait dans l'idée de devenir diplomate.

Un rêve

Plus jeune, ce licencié en Affaires européennes (à Londres) et détenteur d'un master en sécurité internationale (à Sciences Po) était fasciné d'abord par les aventures de Tintin, puis par les récits de Roald Amundsen et Robert Falcon Scott, les premiers à avoir atteint le pôle sud. Sans oublier les histoires de Jean-Louis Etienne, son parrain pour l'expédition.

Alors il a voulu voir de ses propres yeux le pôle sud qu'il avait tant imaginé.

"L'entraînement a commencé y a dix ans quand j'ai pris mon vélo pour aller tout seul à Istanbul, à mes 18 ans. Après, ça a été un cheminement".

La Transcontinentale Race en 2015, le Marathon des Sables en 2017, un Ironman en 2018, une traversée de l'Atlantique à la voile: tout a été prétexte pour préparer son expédition polaire, devenue un vrai projet alors qu'il faisait le tour du monde en 4L avec un ami d'enfance pour promouvoir le micro-crédit.

"Je ne suis pas une tête brûlée, aujourd'hui les aventuriers sont des gens qui sont dans la maîtrise du risque, dans le calcul, comprendre ce qui est dangereux et jouer avec ces variables-là", précise-t-il.

Son aventure extraordinaire a connu un écho important et, depuis son retour du continent blanc, il court de conférences en séminaires, pour partager et raconter. "Je n'aurais pas imaginé qu'il y ait autant d'exposition sur un projet qui ne défendait rien d'autre qu'un rêve personnel".

Après avoir sorti un film de 52 minutes, il vient de publier un livre, "Le continent blanc" (Ed. Robert Laffont), qui sortira aussi en livre de poche.

"J'ai la chance d'en vivre maintenant, c'est devenu mon métier", se satisfait-il alors que son expédition touche maintenant réellement à sa fin.

"Je vois des gens plus vieux que moi qui ont fait des aventures ou des expéditions incroyable et qui en parlent pendant 15 ans de leur vie, et ça, ça me déprime un peu. Ça m'angoisserait de ne me résumer qu'à cette expédition. Je trouve ça triste, j'ai 29 ans, c'était incroyable mais j'ai bien envie d'employer mon énergie à d'autres choses aussi".

"Il y a plein de projets super, inspirants... qui comblent ce besoin d'aventure et le fait de se rendre utile. Le truc qui m'anime le plus, c'est le côté très libre, tu t'appropries ton existence vraiment en faisant ce que tu veux, et c'est la plus belle chose que je suis en train de réaliser aujourd'hui. J'aimerais juste dépasser +le Matthieu Tordeur aventurier qui vit ses rêves+ pour être porteur d'un message", confie ce membre de la Société des explorateurs français. 

En quête permanente, il a traversé la France à vélo puis la calotte polaire du Groenland en ski-kite. Il projette de faire un film sur la Haute Route dans les Alpes, un autre sur la fonte d'un glacier au Tadjikistan. Entre autres aventures.

le Mercredi 24 Mars 2021 à 04:26 | Lu 224 fois