Avec sa lettre de rentrée, Ronny Teriipaia annonce vouloir une école “ancrée dans sa société”


Le ministre de l'Éducation, Ronny Teriipaia, a dévoilé ce jeudi, la veille de sa mise en examen pour provocation à la haine raciale, sa traditionnelle lettre de rentrée. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 9 août 2024 - Le ministre de l'Éducation, Ronny Teriipaia, a dévoilé ce jeudi, la veille de sa mise en examen pour provocation à la haine raciale, sa traditionnelle lettre de rentrée. Dans ce message, il réaffirme sa volonté de renforcer l'intégration des langues polynésiennes dans le premier et le second degré. Il a également annoncé son intention de réviser le calendrier scolaire des collèges et lycées à partir de la rentrée 2026.
 
La rentrée scolaire approche à grands pas. Les élèves du premier et du second degré retrouveront les bancs de l'école le 12 août prochain. À cette occasion, le ministre de l'Éducation, Ronny Teriipaia, a dévoilé ce jeudi, la veille de sa mise en examen pour provocation à la haine raciale, sa traditionnelle lettre de rentrée. Dans ce message, il réaffirme son ambition de créer une école “ancrée dans son environnement et dans sa société”.
 
Les premières lignes de sa lettre donnent le ton sur sa vision de l'éducation, qui se doit, selon lui, d'être “au service de la transmission du patrimoine immatériel de la Polynésie, de ses langues, de ses cultures, de ses arts...” Bien que l'enseignement du premier et du second degré relève de la compétence du Pays, c'est l'État qui assure les salaires des professeurs tout en participant aux dépenses d'investissement dans les bâtiments et aux coûts de fonctionnement des transports scolaires. L'ambition du ministre est claire : il souhaite promouvoir les langues polynésiennes dans les établissements scolaires, une priorité déjà annoncée l'an passé.
 
Augmentation du volume horaire
 
En 2023, Ronny Teriipaia avait déjà initié le plan d'actions territorial pour les langues dans le premier degré. Ce plan, s'étendant sur cinq ans, continuera son déploiement pour offrir aux élèves “un apprentissage précoce et quotidien”. “J'attends de toutes les écoles, des CJA et des établissements du second degré qu'ils intègrent ces mesures (...) Je les encourage également à créer des moments d'immersion en langue polynésienne dans les temps de vie scolaire.” Pour ce faire, le volume horaire dédié à l'enseignement des langues et de la culture polynésiennes sera augmenté à trois heures par semaine pour le premier degré et à deux heures pour les classes de 6e. Des évaluations spécifiques seront progressivement mises en place en CP, CE2 et CM2 afin d'évaluer le niveau des élèves dans cette nouvelle matière.
 
Cependant, à l'instar de l'année passée, les professeurs se retrouvent une nouvelle fois sur le pied de guerre. Pour enseigner le reo, encore faut-il le maîtriser. Comment former des enseignants, souvent peu ou pas familiers avec les langues, qu'ils soient d'origine polynésienne ou venus de métropole, afin qu'ils puissent les enseigner efficacement ? Sur ce point, le ministre a précisé, toujours dans sa lettre de rentrée, que de nouvelles formations ciblées seront mises en place pour accompagner les professeurs des écoles dans l'enseignement de ces langues. Toutefois, si ces mesures peuvent suffire pour les quelques heures d'enseignement des élèves en premier degré et en 6e, elles se révèlent insuffisantes pour répondre à la volonté à long terme du ministre d'enseigner des matières spécifiques, comme les mathématiques, dans ces langues. Ceci est d'autant plus vrai pour les enseignants du collège, dont beaucoup sont originaires de métropole.
 
En ce qui concerne les autres langues, Ronny Teriipaia a également souligné l'importance de l'anglais dans un “bassin géographique très majoritairement anglophone”. Il a annoncé que l'expérimentation des écoles bilingues français-anglais, lancée à Bora Bora lors de la dernière rentrée, se poursuivra. L'ouverture d'un baccalauréat français international en langue anglaise est également à l'étude.
 

Bousculer le calendrier du secondaire

Après la modification des horaires de classe dans les écoles du premier degré, qui avait suscité l'inquiétude de nombreux parents lors de son annonce il y a quelques mois, le ministre a déclaré, dans sa lettre de rentrée, vouloir réadapter le calendrier scolaire du second degré. “Je lancerai une réflexion sur l'évolution de ce calendrier afin de prendre enfin en compte les conditions climatiques du Pacifique Sud et les températures des premières semaines de l'année civile. Un nouveau calendrier scolaire triennal sera ainsi adopté pour les années 2026-2027 et 2028-2029”, a-t-il expliqué.
 
Par ailleurs, Ronny Teriipaia souhaite adapter le statut des établissements scolaires du second degré, qu'il juge “obsolète” et non conforme à la “réglementation financière, budgétaire et comptable de la Polynésie”.
 
Le ministre aspire à s'inspirer du modèle calédonien en créant un nouveau statut pour les collèges et lycées, qui deviendraient des “établissements publics d'enseignement de Polynésie française (EPEPF)”.Pour adopter ce nouveau statut, une loi du Pays sera promulguée au cours de l'année, créant ces EPEPF”, a-t-il précisé.
 

Poursuivre le plan Marshall

Dans sa lettre de rentrée, le ministre de l'Éducation, Ronny Teriipaia, a annoncé la poursuite de la mise en œuvre du plan Marshall, visant à rénover les infrastructures scolaires. Comme l'a souligné le ministre, “le parc immobilier de 35 établissements en Polynésie est vétuste, car la majorité des constructions date d'avant 1990 et nécessite une rénovation ou une restructuration”. Il a précisé que de nombreux établissements seront rénovés entre 2025 et 2028. “J'actualiserai cette liste après le vote du budget 2025 afin que tous les usagers aient une visibilité sur la programmation de l'amélioration des bâtiments scolaires et des internats, que je souhaite rendre effective pour accueillir les personnels, les parents et les élèves dans de meilleures conditions”, a-t-il déclaré.

Rédigé par Thibault Segalard le Vendredi 9 Aout 2024 à 14:30 | Lu 3924 fois