Richard BOUHET / AFP
Saint-Denis de la Réunion, France | AFP | mardi 13/02/2023 - La réforme des retraites inquiète de nombreux habitants de la Réunion, où les pensions sont les plus faibles du pays, et où les travailleurs repoussent déjà leur départ à 64 ans pour approcher un nombre de trimestres satisfaisant.
La retraite moyenne d'un Réunionnais en 2016 était de 1.160 euros brut par mois, soit 890 euros net, un montant qui est 28% moins élevé que dans l'Hexagone, selon une étude de l'Insee parue en 2022.
La moitié des retraités réunionnais, qui étaient environ 98.000 en 2022, touche moins de 652 euros par mois et six retraités sur dix perçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté.
Une situation qui s'explique notamment par "une durée moyenne de cotisation nettement plus basse" que la moyenne nationale, indique l'Insee.
Pour toucher une pension pleine, nombreux sont donc ceux qui retardent l'âge de leur départ à la retraite. En 2016, selon l'Insee, 22% des retraités sont partis à 65 ans contre 15% dans l'Hexagone. L'âge moyen de départ se situe d'ailleurs à 64 ans.
"Les Réunionnais partent plus tard parce qu'ils n'ont pas assez cotisé au cours de leur vie. Arrivés à 60 ans avant 2018, et 62 ans désormais, beaucoup n'avaient pas les annuités nécessaires et ont donc dû pousser jusqu'à 65 ans pour toucher une retraite complète", explique l'économiste réunionnais Amine Valy.
Les carrières hachées et le travail non déclaré sont les principales raisons du manque de cotisation dans le département, estime-t-il.
Joëlle, sexagénaire qui ne préfère pas donner son nom, "car les gens n'ont pas besoin de savoir comment ([elle] vit", est une ancienne aide-ménagère, partie à la retraite à 63 ans.
"J'ai mis mon travail entre parenthèses pour l'arrivée de chacun de mes cinq enfants. A chaque fois, je suis restée quelques années sans travailler pour m'occuper des marmailles", raconte-t-elle.
Ce choix lui coûte cher. Elle perçoit moins de 800 euros par mois. "Une fois le loyer et les autres charges payés, il ne reste pas grand-chose. Je compte les centimes tout le temps, soupire-t-elle. Sans l'aide de mes enfants, je ne pourrais pas vivre".
Une réforme "contre-productive"
"A la Réunion, beaucoup de personnes ont longtemps travaillé en ne cotisant pas aux caisses de retraite, parce que la départementalisation ne s'est pas faite en un seul jour. Beaucoup de nos concitoyens n'ont pas le nombre de trimestres suffisants pour bénéficier d'une retraite à taux plein", appuie le président du département Cyrille Melchior.
Par ailleurs, comme le Smic a été largement inférieur par rapport au niveau national jusqu'en 1996, "c'est normal que beaucoup de personnes âgées disposent de petites retraites", poursuit le président du conseil départemental, qui a demandé vendredi au ministre des Outre-mer d'en tenir compte dans le projet de loi.
"Si on veut corriger ça, il faut profiter de ce projet de loi pour que les outre-mer et la Réunion puissent bénéficier d'un dispositif qui permette de corriger ces anomalies", avance-t-il.
Selon M. Melchior, le ministre lui a assuré que le projet de loi prévoit que près de la moitié des personnes vivant avec des petites retraites bénéficieraient d'une revalorisation.
Dans ce contexte particulier, l'économiste Amine Valy craint cependant "une réforme contre-productive", alors que la retraite moyenne à La Réunion est "proche des minimas sociaux".
"Certaines personnes, si elles estiment ne pas pouvoir travailler jusqu'à l'âge requis, pourraient préférer arrêter de travailler pour passer au chômage, au RSA et autres aides", détaille-t-il, alors que 18% de la population active est au chômage. Ce qui aura forcément un impact sur l'âge de départ en retraite des actifs actuels.
"Finalement, le système pourrait finir perdant, car ces personnes qui décideraient de quitter le travail bien avant l'âge de retraite minimum vivront d'aides publiques", souligne M. Valy.
La retraite moyenne d'un Réunionnais en 2016 était de 1.160 euros brut par mois, soit 890 euros net, un montant qui est 28% moins élevé que dans l'Hexagone, selon une étude de l'Insee parue en 2022.
La moitié des retraités réunionnais, qui étaient environ 98.000 en 2022, touche moins de 652 euros par mois et six retraités sur dix perçoivent une retraite inférieure au seuil de pauvreté.
Une situation qui s'explique notamment par "une durée moyenne de cotisation nettement plus basse" que la moyenne nationale, indique l'Insee.
Pour toucher une pension pleine, nombreux sont donc ceux qui retardent l'âge de leur départ à la retraite. En 2016, selon l'Insee, 22% des retraités sont partis à 65 ans contre 15% dans l'Hexagone. L'âge moyen de départ se situe d'ailleurs à 64 ans.
"Les Réunionnais partent plus tard parce qu'ils n'ont pas assez cotisé au cours de leur vie. Arrivés à 60 ans avant 2018, et 62 ans désormais, beaucoup n'avaient pas les annuités nécessaires et ont donc dû pousser jusqu'à 65 ans pour toucher une retraite complète", explique l'économiste réunionnais Amine Valy.
Les carrières hachées et le travail non déclaré sont les principales raisons du manque de cotisation dans le département, estime-t-il.
Joëlle, sexagénaire qui ne préfère pas donner son nom, "car les gens n'ont pas besoin de savoir comment ([elle] vit", est une ancienne aide-ménagère, partie à la retraite à 63 ans.
"J'ai mis mon travail entre parenthèses pour l'arrivée de chacun de mes cinq enfants. A chaque fois, je suis restée quelques années sans travailler pour m'occuper des marmailles", raconte-t-elle.
Ce choix lui coûte cher. Elle perçoit moins de 800 euros par mois. "Une fois le loyer et les autres charges payés, il ne reste pas grand-chose. Je compte les centimes tout le temps, soupire-t-elle. Sans l'aide de mes enfants, je ne pourrais pas vivre".
Une réforme "contre-productive"
"A la Réunion, beaucoup de personnes ont longtemps travaillé en ne cotisant pas aux caisses de retraite, parce que la départementalisation ne s'est pas faite en un seul jour. Beaucoup de nos concitoyens n'ont pas le nombre de trimestres suffisants pour bénéficier d'une retraite à taux plein", appuie le président du département Cyrille Melchior.
Par ailleurs, comme le Smic a été largement inférieur par rapport au niveau national jusqu'en 1996, "c'est normal que beaucoup de personnes âgées disposent de petites retraites", poursuit le président du conseil départemental, qui a demandé vendredi au ministre des Outre-mer d'en tenir compte dans le projet de loi.
"Si on veut corriger ça, il faut profiter de ce projet de loi pour que les outre-mer et la Réunion puissent bénéficier d'un dispositif qui permette de corriger ces anomalies", avance-t-il.
Selon M. Melchior, le ministre lui a assuré que le projet de loi prévoit que près de la moitié des personnes vivant avec des petites retraites bénéficieraient d'une revalorisation.
Dans ce contexte particulier, l'économiste Amine Valy craint cependant "une réforme contre-productive", alors que la retraite moyenne à La Réunion est "proche des minimas sociaux".
"Certaines personnes, si elles estiment ne pas pouvoir travailler jusqu'à l'âge requis, pourraient préférer arrêter de travailler pour passer au chômage, au RSA et autres aides", détaille-t-il, alors que 18% de la population active est au chômage. Ce qui aura forcément un impact sur l'âge de départ en retraite des actifs actuels.
"Finalement, le système pourrait finir perdant, car ces personnes qui décideraient de quitter le travail bien avant l'âge de retraite minimum vivront d'aides publiques", souligne M. Valy.