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Avant une opération, des jeux et des voiturettes pour déstresser les enfants


Valenciennes, FRANCE | AFP | mercredi 13/03/2018 - A 5 ans, Marame se retrouve au volant d'une voiturette électrique... direction le bloc opératoire. Comme d'autres hôpitaux, Valenciennes explore désormais les jeux pour lutter contre l'anxiété des enfants, qui oublient l'anesthésie imminente et se réveillent plus facilement.

Prostrée dans sa chambre, en attendant vers 8h30 le départ pour la chirurgie, la petite fille paraît inquiète. Mais une fois devant les trois voiturettes qu'elle découvre tels des cadeaux sous le sapin, son visage se déride.
"Laquelle tu préfères ?", interroge l'infirmière. Après inspection des bolides et test des options musique et klaxon, Marame, amusée, s'installe dans le coupé sport noir sous le regard envieux des autres enfants qui patientent. 
A quelques mètres, le brancardier télécommande la voiturette et négocie les virages jusqu'au sas du bloc, un arrêt au stand où l'accueille l’anesthésiste.
 

- Supprimer les anxiolytiques -

 
"Elle ne me calcule même pas!" s'amuse Hassiba Mazouzi, après avoir donné une dernière embrassade à sa fille, blouse bleu marine et charlotte blanche sur la tête. 
"La dernière fois, j'ai pleuré (...). Mais là, quand je l'ai vue comme ça... Elle était contente. Elle est partie sans pleurer", se réjouit-elle.
Depuis décembre, le service de chirurgie ambulatoire du CH de Valenciennes (Nord) met en place cette nouvelle méthodologie, pour les opérations programmées des enfants de 18 mois à 8 ans, sur le modèle de ce qui se fait dans certains pays anglo-saxons. 
"Ca permet d'arriver au bloc opératoire de manière ludique et d'éviter tout le contexte stressant. L'environnement anxiogène est complètement occulté", explique à l'AFP Fanny Defrancq, médecin anesthésiste.
"Si on ne met plus les médicaments anxiolytiques, il faut trouver un moyen de les distraire", poursuit-elle. 
Selon l'équipe médicale, la prescription de médicaments avant l'opération a quasiment disparu.
 

- Améliorer la récupération -

 
"Ce n'est pas un jouet", insiste Nabil El Beki, chef du pôle urgences-réanimation-anesthésie, à initiative du protocole. Une étude pour "asseoir scientifiquement" le projet est en cours.
"On sait que les anxiolytiques marchent sur l'anxiété, mais ça alourdit l'anesthésie et ça retarde le réveil", explique-t-il. "Si on peut les éviter, c'est mieux pour la récupération."
"Ce qu'on n'a pas prouvé, mais ce que l'on veut faire, c'est la particularité des voitures selon deux axes, la psychologie et la récupération", en observant notamment le niveau de conscience, la tension, la douleur, détaille-t-il.
Supprimer la prise d’anxiolytiques, c'est aussi ce qu'a réussi à faire le CHU de Rennes, toujours grâce au jeu. Une application pour les 3-10 ans, "Le Héros, c'est toi", lancée en 2014.
Le jeune hospitalisé se plonge dans sa chambre virtuelle à la recherche d'objets dissimulés, à travers son propre avatar. Le brancard se déplace jusqu’au bloc sans que l'enfant semble se préoccuper de son opération à venir.  
"L'auto-évaluation des enfants avec des émoticônes ont démontré que les courbes d'anxiété étaient très basses et stables", explique Séverine Delahaye, anesthésiste, sur la base d'une étude réalisée en 2015. 
Jusque-là, les courbes d'anxiété montaient de la séparation des parents à l'entrée du bloc, le summum étant la pose du masque pour l'anesthésie.
Désormais, la prémédication des enfants a baissé de 80%.

le Mercredi 14 Mars 2018 à 04:22 | Lu 221 fois