Aux assises, un schizophrène jugé pour une tentative de parricide


Tahiti, le 19 juin 2023 – Le procès d'un jeune schizophrène de 34 ans poursuivi pour avoir tenté de tuer son père en lui portant plusieurs coups de couteau s'est ouvert devant la cour d'assises, lundi. En ce premier jour d'audience, les parents de l'accusé ont affirmé que leur fils n'était pas responsable de son geste car il était gravement malade. 

Un homme de 34 ans atteint de schizophrénie comparaît depuis lundi matin devant la cour d'assises pour répondre d'une tentative de meurtre commise sur son père. Le 8 mai 2021 à Papeari, l'accusé avait mis un coup de poing à un adolescent de 14 ans qui marchait non loin de son domicile et ce, sans aucune raison. Alors que son père venait le réprimander, l'homme avait saisi un couteau de cuisine doté d'une lame de 18 cm et l'avait frappé à plusieurs reprises. Placé en garde à vue puis mis en examen pour cette tentative de parricide, le jeune homme avait été expertisé par un psychiatre qui avait conclu à l'abolition de son discernement. Saisie par le juge d'instruction chargé de l'information judiciaire, la chambre de l'instruction avait finalement conclu au renvoi de l'intéressé devant la cour d'assises en estimant donc qu'il était conscient de ses actes et apte à être jugé. 
 
En ce premier jour de procès, lundi, la question de la responsabilité de l'accusé s'est immédiatement imposée au cœur des débats. Alors que la présidente de la cour d'assises lui demandait son âge, l'accusé, né en 1989, a affirmé qu'il avait 26 ans. Interrogé sur les faits, le trentenaire a expliqué qu'il ne savait pas pourquoi il avait commis ce geste. Peu bavard et souvent absent, il a assuré qu'il fumait du paka depuis des années afin d'être “plus près de dieu”. Tel que l'a précisé la présidente de la cour, l'accusé a été diagnostiqué schizophrène en 2006 et a, depuis, été admis en hôpital psychiatrique à plusieurs reprises. Il a déjà été condamné à deux reprises, dont une fois pour avoir – déjà – mis un coup de couteau à son père. 
 
Carences du milieu psychiatrique
 
Et c'est justement ce père, à la place délicate d'une victime qui veut défendre son agresseur, qui s'est ensuite avancé à la barre pour décrire l'enfance d'un fils “très intelligent” qui a sombré avec la maladie psychiatrique. Alors qu'il ressort de l'enquête que l'homme avait pu se montrer violent avec son enfant auquel il mettait parfois des coups de ceinture, il a reconnu ces violences en affirmant toutefois qu'il avait parfois dû le “maîtriser” en raison de son “instabilité”. Revenant sur les faits, le père de l'accusé a dit à la cour que son fils n'était pas “responsable” car il était “malade”. Alors que la présidente de la cour lui faisait remarquer qu'il semblait ne pas réaliser qu'il aurait pu mourir, l'homme a répondu qu'il avait “conscience” que son fils avait fait “quelque chose de grave”. 
 
Succédant à son mari à la barre, la mère de l'accusé a déclaré que son fils n'était pas un “criminel”, mais un homme “tout simplement malade” qui a besoin de “soins”. “J'étais présente ce jour-là et il était incontrôlable. Ce n'était plus la même personne, c'est comme s'il était possédé”, a-t-elle assuré avant d'affirmer qu'elle préférait encore qu'il s'en prenne à elle ou à son mari plutôt qu'à “quelqu'un d'autre”. En pleurs, la quinquagénaire a soutenu qu'elle n'aimerait pas être “à la place” de son fils qui “souffre” d'une maladie qui l'a empêché de “s'épanouir” dans la vie. Alors que la psychiatrie est un domaine encore carencé sur le territoire, la mère de l'accusé a déploré qu'en Polynésie, il n'y ait “pas vraiment de structures pour ces gens-là”.
 
Au terme de ce procès qui doit s'achever mardi, l'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité s'il est reconnu responsable de ses actes. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 19 Juin 2023 à 19:24 | Lu 2150 fois