Tahiti, le 13 février 2025 - Un homme, accusé du meurtre de sa concubine en 2021, est jugé cette fin de semaine au tribunal de Papeete devant la cour d’assises. Lors de la première journée d’audience, jeudi, la parole a été donnée à des parties civiles et témoins, ainsi qu’à l’accusé. Celui-ci encourt la prison à perpétuité.
Le 16 mai 2021, sans nouvelle d’Augustine depuis la nuit du 26 au 27 avril 2021, sa mère finit par signaler sa disparition. Le concubin de la jeune femme âgée de 26 ans lors de sa disparition a d’abord nié son implication lors d’une première audition en qualité de témoin. Le 30 juin, après avoir procédé à l'audition de l'entourage de la disparue, les gendarmes l’ont placé en garde à vue, ils l’ont interrogé, mis en examen puis placé en détention provisoire. Il est accusé de meurtre par conjoint aggravé.
Son procès s’est ouvert ce jeudi matin au tribunal de Papeete, sachant que le corps de la victime n’a jamais été retrouvé. Avant d’entendre l’accusé, le président de la cour a donné la parole à des parties civiles et témoins. Ils se sont relayés toute la journée à la barre. Dans la salle, la tension était palpable, la famille et les proches de la victime émus.
Pour la grand-mère de la victime – tutrice des six enfants de sa fille – Augustine était “très sensible et gentille”, elle était “adorable”, elle était “la plus grande partie de mon cœur”. Elle était là, à chaque fête et “son concubin était comme mon fils”. Le couple avait ses habitudes, “ils venaient souvent chez moi”.
Double vie
L’histoire d’Augustine et de son concubin a duré huit ans. Le concubin, né en 1989, raconte : “Je l’ai rencontrée au bord de la route, je me suis engagé”. C’était en 2013. Il l’a prise en stop et “ça a été le coup de foudre”. Mais il était marié et père de famille depuis 2010. Qu’importe. Le président de la cour, alors, l’interroge : “Vous avez donc eu une double vie ?” L’accusé confirme, disant être incapable de quitter sa femme, même s'il dit avoir préféré Augustine. Le couple adultérin vivait chez la mère de l’accusé, et parfois chez la grand-mère de la victime. L’accusé se rendait en journée chez sa femme pour voir ses trois enfant, il n’y dormait jamais. Pour autant, il dit avoir continué à avoir des relations intimes avec elle. “Les deux femmes étaient jalouses”, commente-t-il. Sa relation avec Augustine s’est écrite sur fond de jalousie mais aussi de violence.
“Vous arrivait-il de vous disputer ?”, interroge le président. “Oui, à cause de l’alcool. Au début, je ne buvais pas, j’avais signé à la Croix bleue, mais elle, elle buvait”, assure l’accusé qui reconnaît les coups. “Je ne tapais que le tibia, dans les parties basses, parce que ça se voit moins.” Les disputes dans le couple n'avaient de secret pour personne ; les coups, eux, étaient portés à l’abri des regards selon les témoins. Mais certains disent avoir constaté les bleus sur le corps de la victime.
“Ça me faisait mal”
Les témoignages de cette première journée d’audience portent à croire que la violence était conjugale et familiale. La mère de la victime, à propos de ses enfants : “Oui, ça arrive que l’on se dispute et si on doit se taper, on se tape”. Un jour, l’accusé, venu chercher Augustine, l’a forcée à monter dans son véhicule, ce sont finalement les frères de la victime qui l’ont installée à bord. L’accusé rapporte : “Elle se sentait l’esclave de ses frères”. Le président de la cour, lisant le témoignage d’un homme de 26 ans se disant en couple avec Augustine, a révélé : “Elle disait que ses frères étaient des caïds, du plus petit au plus grand, mais il faut dire qu’elle aussi avait un fort caractère”. La victime, selon les témoignages aurait eu plusieurs hommes dans sa vie, dont un à Paea, un autre à Papeno’o.
Quoi qu’il soit arrivé dans la nuit du 26 au 27 avril 2021, les parties civiles invitées à s’exprimer à la barre ont réclamé des réponses. “Je vis avec la douleur depuis quatre ans, je suis fatiguée, j’attends une réponse, je veux savoir où a été enterrée ma fille, où est son corps. Je veux faire mon deuil”, a insisté la grand-mère.
Le déroulé de la journée qui a précédé la disparition n’est pas encore formellement établi à l’issue de ce premier jour d’audience. Avant la disparition, l’accusé a constaté : “Augustine ne s’amusait plus avec moi, ça me faisait mal. Je la soupçonnais de voir quelqu’un d’autre, mais je ne savais pas.” Le 26 avril, il a demandé à la victime qu’ils fêtent son anniversaire ensemble. Ils sont allés chez la grand-mère d’Augustine. “On a parlé dans la chambre, elle m’a dit qu’elle voulait qu’on se sépare et en même temps, elle disait qu’elle m’aimait.” À la question du président, “avez-vous eu une relation sexuelle ?” L’accusé répond : “Oui”.
“Comme un lâche, je suis parti”
En réaction à l’annonce, l’accusé a dit vouloir “challenger” le nouvel homme d’Augustine. En d’autres termes, il a cherché à “lui faire face”, “le frapper quoi”. Le président poursuit : “Vous en avez voulu à la victime ?” Il hoche la tête. Finalement, le couple serait monté dans la voiture du tāne. Des images de vidéosurveillance prises par un voisin confirment deux claquements de porte, direction Papeno’o où le nouvel homme d’Augustine était censé vivre. “On s’est chamaillé en route. On était en colère.” La voiture s’est arrêtée en bord de précipice, “dans un coin sentimental” décrit l’accusé, “je ne voulais pas qu’elle s’en aille, je voulais l’apaiser”. Mais la discussion a dégénéré. “Je l’ai frappée au poing au niveau de la tête, elle est tombée dans la falaise. Et alors, comme un lâche, je suis parti. J’ai vu toute ma vie défiler.”
Les éléments fournis par l’opérateur téléphonique indiquent qu’un appel a été passé à 1 h 32, depuis Mahina, à partir du téléphone utilisé par l’accusé. Confronté à la grand-mère de la victime, il a affirmé : “Je n’ai pas caché le corps”. Dans la salle, les larmes ont bruyamment coulé. L’accusé encourt la prison à perpétuité.
Le 16 mai 2021, sans nouvelle d’Augustine depuis la nuit du 26 au 27 avril 2021, sa mère finit par signaler sa disparition. Le concubin de la jeune femme âgée de 26 ans lors de sa disparition a d’abord nié son implication lors d’une première audition en qualité de témoin. Le 30 juin, après avoir procédé à l'audition de l'entourage de la disparue, les gendarmes l’ont placé en garde à vue, ils l’ont interrogé, mis en examen puis placé en détention provisoire. Il est accusé de meurtre par conjoint aggravé.
Son procès s’est ouvert ce jeudi matin au tribunal de Papeete, sachant que le corps de la victime n’a jamais été retrouvé. Avant d’entendre l’accusé, le président de la cour a donné la parole à des parties civiles et témoins. Ils se sont relayés toute la journée à la barre. Dans la salle, la tension était palpable, la famille et les proches de la victime émus.
Pour la grand-mère de la victime – tutrice des six enfants de sa fille – Augustine était “très sensible et gentille”, elle était “adorable”, elle était “la plus grande partie de mon cœur”. Elle était là, à chaque fête et “son concubin était comme mon fils”. Le couple avait ses habitudes, “ils venaient souvent chez moi”.
Double vie
L’histoire d’Augustine et de son concubin a duré huit ans. Le concubin, né en 1989, raconte : “Je l’ai rencontrée au bord de la route, je me suis engagé”. C’était en 2013. Il l’a prise en stop et “ça a été le coup de foudre”. Mais il était marié et père de famille depuis 2010. Qu’importe. Le président de la cour, alors, l’interroge : “Vous avez donc eu une double vie ?” L’accusé confirme, disant être incapable de quitter sa femme, même s'il dit avoir préféré Augustine. Le couple adultérin vivait chez la mère de l’accusé, et parfois chez la grand-mère de la victime. L’accusé se rendait en journée chez sa femme pour voir ses trois enfant, il n’y dormait jamais. Pour autant, il dit avoir continué à avoir des relations intimes avec elle. “Les deux femmes étaient jalouses”, commente-t-il. Sa relation avec Augustine s’est écrite sur fond de jalousie mais aussi de violence.
“Vous arrivait-il de vous disputer ?”, interroge le président. “Oui, à cause de l’alcool. Au début, je ne buvais pas, j’avais signé à la Croix bleue, mais elle, elle buvait”, assure l’accusé qui reconnaît les coups. “Je ne tapais que le tibia, dans les parties basses, parce que ça se voit moins.” Les disputes dans le couple n'avaient de secret pour personne ; les coups, eux, étaient portés à l’abri des regards selon les témoins. Mais certains disent avoir constaté les bleus sur le corps de la victime.
“Ça me faisait mal”
Les témoignages de cette première journée d’audience portent à croire que la violence était conjugale et familiale. La mère de la victime, à propos de ses enfants : “Oui, ça arrive que l’on se dispute et si on doit se taper, on se tape”. Un jour, l’accusé, venu chercher Augustine, l’a forcée à monter dans son véhicule, ce sont finalement les frères de la victime qui l’ont installée à bord. L’accusé rapporte : “Elle se sentait l’esclave de ses frères”. Le président de la cour, lisant le témoignage d’un homme de 26 ans se disant en couple avec Augustine, a révélé : “Elle disait que ses frères étaient des caïds, du plus petit au plus grand, mais il faut dire qu’elle aussi avait un fort caractère”. La victime, selon les témoignages aurait eu plusieurs hommes dans sa vie, dont un à Paea, un autre à Papeno’o.
Quoi qu’il soit arrivé dans la nuit du 26 au 27 avril 2021, les parties civiles invitées à s’exprimer à la barre ont réclamé des réponses. “Je vis avec la douleur depuis quatre ans, je suis fatiguée, j’attends une réponse, je veux savoir où a été enterrée ma fille, où est son corps. Je veux faire mon deuil”, a insisté la grand-mère.
Le déroulé de la journée qui a précédé la disparition n’est pas encore formellement établi à l’issue de ce premier jour d’audience. Avant la disparition, l’accusé a constaté : “Augustine ne s’amusait plus avec moi, ça me faisait mal. Je la soupçonnais de voir quelqu’un d’autre, mais je ne savais pas.” Le 26 avril, il a demandé à la victime qu’ils fêtent son anniversaire ensemble. Ils sont allés chez la grand-mère d’Augustine. “On a parlé dans la chambre, elle m’a dit qu’elle voulait qu’on se sépare et en même temps, elle disait qu’elle m’aimait.” À la question du président, “avez-vous eu une relation sexuelle ?” L’accusé répond : “Oui”.
“Comme un lâche, je suis parti”
En réaction à l’annonce, l’accusé a dit vouloir “challenger” le nouvel homme d’Augustine. En d’autres termes, il a cherché à “lui faire face”, “le frapper quoi”. Le président poursuit : “Vous en avez voulu à la victime ?” Il hoche la tête. Finalement, le couple serait monté dans la voiture du tāne. Des images de vidéosurveillance prises par un voisin confirment deux claquements de porte, direction Papeno’o où le nouvel homme d’Augustine était censé vivre. “On s’est chamaillé en route. On était en colère.” La voiture s’est arrêtée en bord de précipice, “dans un coin sentimental” décrit l’accusé, “je ne voulais pas qu’elle s’en aille, je voulais l’apaiser”. Mais la discussion a dégénéré. “Je l’ai frappée au poing au niveau de la tête, elle est tombée dans la falaise. Et alors, comme un lâche, je suis parti. J’ai vu toute ma vie défiler.”
Les éléments fournis par l’opérateur téléphonique indiquent qu’un appel a été passé à 1 h 32, depuis Mahina, à partir du téléphone utilisé par l’accusé. Confronté à la grand-mère de la victime, il a affirmé : “Je n’ai pas caché le corps”. Dans la salle, les larmes ont bruyamment coulé. L’accusé encourt la prison à perpétuité.