ATUONA, France | AFP | samedi 07/11/2015 - Sur Hiva Oa, comme dans les autres îles de l'archipel polynésien des Marquises, les "mama" font les délices des tables familiales. Mais ces mollusques se raréfient et les enfants, gestionnaires d'une aire marine, ont demandé à leurs parents d'arrêter de les pêcher.
"Des poissons et des crustacés disparaissent ici, victimes d'une pêche trop importante comme le chiton, mama en marquisien", raconte à l'AFP Poeheana Kaimuko, animatrice référente de l'aire marine éducative (AME) de cette île de 2.300 habitants surtout connue pour avoir été le dernier havre de Paul Gauguin et de Jacques Brel.
Si la population a pris conscience qu'il fallait réguler la pêche, "chaque vallée préfère que ce soit celle d'à côté qui se restreigne", relève l'animatrice, "et même s'il y a une interdiction du maire, elle n'est pas respectée alors on compte sur l'aide des enfants!"
Cette année, 54 élèves de CM1 et CM2 sont impliqués dans la gestion de l'AME d'Hiva Oa. D'un périmètre de 3,33 km, l'aire marine est située dans la baie d'Hanaiapa, "une des plus belles de l'île, la plus protégée et la plus accessible aussi", assure Mélina Kokauani, l'enseignante en charge de ces deux classes.
Pour assurer les sorties de terrain, Etienne Tehaamoana troque sa casquette de maire d'Atuona pour devenir chauffeur du "truck" communal, seul véhicule assez grand pour emmener toute une classe de l'autre côté de la montagne, par des routes qui alternent entre pistes terreuses et tronçons goudronnés.
Sur la plage de sable noir et de roches, dans un décor abrupt lié à la nature volcanique de l'île, les enfants ramassent et comptent coquillages et crustacés, dénombrent les anémones dans des bassins.
L'étude de la biodiversité, initiée l'an passé avec le concours de scientifiques, a vocation à perdurer avec une nouveauté: la mise à l'eau avec masque et tuba.
"C'est vraiment faire l'école autrement", se réjouit Mélina, joviale institutrice de 32 ans, qui a toujours aimé "enseigner avec ce qu'il y a autour". "Les enfants ont besoin de manipuler, de voir pour entrer ensuite dans les manuels scolaires", constate cette marquisienne.
"Des poissons et des crustacés disparaissent ici, victimes d'une pêche trop importante comme le chiton, mama en marquisien", raconte à l'AFP Poeheana Kaimuko, animatrice référente de l'aire marine éducative (AME) de cette île de 2.300 habitants surtout connue pour avoir été le dernier havre de Paul Gauguin et de Jacques Brel.
Si la population a pris conscience qu'il fallait réguler la pêche, "chaque vallée préfère que ce soit celle d'à côté qui se restreigne", relève l'animatrice, "et même s'il y a une interdiction du maire, elle n'est pas respectée alors on compte sur l'aide des enfants!"
Cette année, 54 élèves de CM1 et CM2 sont impliqués dans la gestion de l'AME d'Hiva Oa. D'un périmètre de 3,33 km, l'aire marine est située dans la baie d'Hanaiapa, "une des plus belles de l'île, la plus protégée et la plus accessible aussi", assure Mélina Kokauani, l'enseignante en charge de ces deux classes.
Pour assurer les sorties de terrain, Etienne Tehaamoana troque sa casquette de maire d'Atuona pour devenir chauffeur du "truck" communal, seul véhicule assez grand pour emmener toute une classe de l'autre côté de la montagne, par des routes qui alternent entre pistes terreuses et tronçons goudronnés.
Sur la plage de sable noir et de roches, dans un décor abrupt lié à la nature volcanique de l'île, les enfants ramassent et comptent coquillages et crustacés, dénombrent les anémones dans des bassins.
L'étude de la biodiversité, initiée l'an passé avec le concours de scientifiques, a vocation à perdurer avec une nouveauté: la mise à l'eau avec masque et tuba.
"C'est vraiment faire l'école autrement", se réjouit Mélina, joviale institutrice de 32 ans, qui a toujours aimé "enseigner avec ce qu'il y a autour". "Les enfants ont besoin de manipuler, de voir pour entrer ensuite dans les manuels scolaires", constate cette marquisienne.
photo Gregory Boissy
- 'Un pari sur l'avenir' -
Du haut de ses neuf ans, Brian Moke "aime" sans hiérarchie "la poésie, compter les coquillages et les poissons, les mathématiques, apprendre le nom des poissons en marquisien et en français". Mais sa fierté, c'est d'avoir "appris à ses parents que la Tête de Nègre s'appelle Fatutue".
Ce rocher planté dans la baie d'Hanaiapa n'était souvent connu des habitants que par son nom français alors qu'une légende ancienne existe et n'attendait qu'à être contée de nouveau. L'histoire de ce guerrier pétrifié a été l'occasion pour les écoliers d'écrire une poésie, déclamée ensuite suivant les règles du 'orero, cet art oratoire traditionnel.
L'aventure des aires marines éducatives a débuté en 2012, à la suite d'une campagne océanographique qui avait sillonné les Marquises. Lors d'une restitution publique aux habitants à Tahuata, petite île en face de Hiva Oa, une écolière avait demandé comment protéger ce patrimoine naturel marin dont la quarantaine de chercheurs du CNRS, du Muséum d'histoire naturelle, de l'Ifremer et de l'université de Polynésie venaient de dévoiler les richesses.
Peu après naissait la première AME, en face de l'école, et deux ans plus tard, chacune des six îles habitées de l'archipel en a créé une. Les classes partagent maintenant leurs connaissances et activités via Facebook, enfin quand l'internet capricieux le permet.
"Ce projet est un pari sur l'avenir", s'enthousiasme Thierry Geldhof, conseiller pédagogique des Marquises, "ces enfants seront les pêcheurs, instituteurs et élus de demain, en ayant eu cette formation et cette sensibilisation".
Et "ce concept unique au monde, que la ministre de l'Education polynésienne veut étendre à toute la Polynésie, intéresse beaucoup la Réunion, la Nouvelle-Calédonie et même Hawaï", assure cet inspecteur de l'Education nationale. Et Brest pourrait être la première ville de métropole à mettre en place un tel projet.
Le projet marquisien d'AME s'inscrit dans la démarche plus large d'une grande aire marine protégée des Marquises et du processus mené par les élus locaux d'inscription de l'archipel au patrimoine mondial de l'Unesco.
sla/frd/bd
Du haut de ses neuf ans, Brian Moke "aime" sans hiérarchie "la poésie, compter les coquillages et les poissons, les mathématiques, apprendre le nom des poissons en marquisien et en français". Mais sa fierté, c'est d'avoir "appris à ses parents que la Tête de Nègre s'appelle Fatutue".
Ce rocher planté dans la baie d'Hanaiapa n'était souvent connu des habitants que par son nom français alors qu'une légende ancienne existe et n'attendait qu'à être contée de nouveau. L'histoire de ce guerrier pétrifié a été l'occasion pour les écoliers d'écrire une poésie, déclamée ensuite suivant les règles du 'orero, cet art oratoire traditionnel.
L'aventure des aires marines éducatives a débuté en 2012, à la suite d'une campagne océanographique qui avait sillonné les Marquises. Lors d'une restitution publique aux habitants à Tahuata, petite île en face de Hiva Oa, une écolière avait demandé comment protéger ce patrimoine naturel marin dont la quarantaine de chercheurs du CNRS, du Muséum d'histoire naturelle, de l'Ifremer et de l'université de Polynésie venaient de dévoiler les richesses.
Peu après naissait la première AME, en face de l'école, et deux ans plus tard, chacune des six îles habitées de l'archipel en a créé une. Les classes partagent maintenant leurs connaissances et activités via Facebook, enfin quand l'internet capricieux le permet.
"Ce projet est un pari sur l'avenir", s'enthousiasme Thierry Geldhof, conseiller pédagogique des Marquises, "ces enfants seront les pêcheurs, instituteurs et élus de demain, en ayant eu cette formation et cette sensibilisation".
Et "ce concept unique au monde, que la ministre de l'Education polynésienne veut étendre à toute la Polynésie, intéresse beaucoup la Réunion, la Nouvelle-Calédonie et même Hawaï", assure cet inspecteur de l'Education nationale. Et Brest pourrait être la première ville de métropole à mettre en place un tel projet.
Le projet marquisien d'AME s'inscrit dans la démarche plus large d'une grande aire marine protégée des Marquises et du processus mené par les élus locaux d'inscription de l'archipel au patrimoine mondial de l'Unesco.
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