Australie: les propriétaires d'un site détruit par Rio Tinto dénoncent un "vandalisme d'entreprise"


Sydney, Australie | AFP | vendredi 25/09/2020 - Les propriétaires d'un site aborigène historique ont accusé vendredi Rio Tinto de "vandalisme d'entreprise", dans une première réaction publique au dynamitage de ce site par le géant minier en mai, qui a suscité l'émoi en Australie.

Dans un résumé de leur contribution écrite à l'enquête parlementaire sur ce dynamitage, les peuples Puutu Kunti Kurrama et Pinikura (PKKP) accusent l'entreprise d'avoir ignoré leurs avertissements, et de s'être ainsi rendue coupable d'un "acte choquant de vandalisme d'entreprise".

"Nous espérons qu'elle (la contribution, NDLR) permettra de donner un semblant de clarté (...) et de contrer certaines informations fournies par Rio Tinto, à nos yeux incomplètes, au mieux", affirment-ils.

Les peuples aborigènes fustigent "une culture enracinée et systémique" de respect minimal des normes et de "maximisation du profit" au sein de Rio Tinto et des autres entreprises minières actives en Australie-occidentale.

C'est dans cette province que Rio Tinto a détruit à l'explosif la grotte de Juukan Gorge, un site vieux de 46.000 ans, le 24 mai. Considéré comme sacré par les PKKP, il abritait plusieurs objets aborigènes parmi les plus anciens retrouvés en Australie.

L'entreprise souhaitait, grâce au dynamitage, agrandir une mine de minerai de fer. Avant l'opération, avalisée par les autorités de l'Etat, les PKKP disent avoir "alerté" sur le fait que les explosifs détruiraient des formations rocheuses historiques, et que Rio Tinto aurait pu protéger le site. 

Depuis le dynamitage, les actionnaires ne cachent pas leur colère à l'encontre du groupe anglo-australien, à tel point que le patron de Rio Tinto, le Français Jean-Sébastien Jacques, et deux hauts dirigeants ont démissionné le 11 septembre.

"Un changement profond est nécessaire dans les interactions entre les entreprises minières et les communautés aborigènes", ont estimé les PKKP vendredi.

"Nous espérons que notre contribution fournira une meilleure compréhension de notre position quant à la profanation de la grotte de Juukan Gorge, et de la manière dont cette tragédie nous a profondément affectés", a affirmé John Ashburton, le président de la Communauté aborigène des PKKP.

Ces derniers ont également critiqué les autorités de l'Etat pour avoir échoué à mettre en œuvre de manière "rigoureuse et équitable" les lois protégeant les sites historiques.

L'enquête parlementaire sur le dynamitage doit déboucher sur un rapport d'ici au 9 décembre.

le Vendredi 25 Septembre 2020 à 07:42 | Lu 672 fois