Australie: la nationalité "kiwi" du Premier ministre adjoint sème la zizanie


Sydney, Australie | AFP | mardi 14/08/2017 -Le Premier ministre adjoint de l'Australie a renoncé mardi à la nationalité néo-zélandaise qu'il ignorait détenir, une étrange affaire qui menace la très courte majorité parlementaire du gouvernement, et suscite de multiples quolibets et même des accusations de conspiration.
Barnaby Joyce a révélé lundi qu'il avait la double nationalité néo-zélandaise par son père né en Nouvelle-Zélande mais qu'il ne le savait pas et ne l'avait jamais demandée.
En Australie, les titulaires d'une double nationalité ne peuvent siéger au Parlement. Or, la coalition conservatrice du Premier ministre Malcolm Turnbull n'a qu'une voix de majorité au sein de la chambre des représentants. 
M. Joyce, qui avait acquis une notoriété internationale en menaçant de faire euthanasier les chiens de l'acteur Johnny Depp entrés illégalement en Australie, a expliqué au Parlement mardi que les autorités de Wellington avaient accepté qu'il renonce à la nationalité néo-zélandaise.
Le sort du Premier ministre adjoint de 50 ans est désormais entre les mains de la Haute cour australienne.
Amber Head, l'ex-épouse de Johnny Depp, qui a gardé les chiens Pistol et Boo après sa séparation d'avec la star américaine, se régalait de cette affaire.
"Quand Barnaby Joyce a dit que +personne n'était au-dessus des lois+, je n'avais pas compris qu'il voulait dire la loi néo-zélandaise", a-t-elle dit sur Twitter.
"Pour venir en aide à M. Joyce en ces temps difficiles, je lui ai envoyé un carton des meilleurs kiwis de Nouvelle-Zélande (si tant est qu'ils franchissent l'étape de ses lois sur la biosécurité)", a-t-elle ironisé.
Barnaby Joyce cultive de longue date l'image d'un Australien pur et dur, portant souvent un Akubra, chapeau à larges bords typique de l'Australie rurale.
Certains ont agité l'hypothèse du complot, après qu'un député travailliste néo-zélandais, Chris Hipkins, a reconnu avoir posé des questions sur la nationalité de M. Joyce après avoir discuté avec un représentant du Parti travailliste australien.
Pour Michael Sukkar, adjoint aux Finances, il ne s'agit rien de moins que d'une conspiration entre la gauche des deux pays, digne de l'époque de la Guerre froide.
La ministre australienne des Affaires étrangères Julie Bishop est allée plus loin, se demandant si elle pourrait collaborer avec les travaillistes néo-zélandais si ceux-ci remportaient les législatives de septembre. 
"Je trouverais très difficile d'établir des relations de confiance avec ceux qui sont mêlés à des accusations visant à nuire au gouvernement australien", a-t-elle dit à la presse.
En attendant, la presse de l'île-continent s'en donnait à coeur joie, surfant sur les préjugés australiens relatifs aux Néo-Zélandais assimilés à des péquenauds qui n'aimeraient que leurs moutons.
"Rien ne va plus pour Bêe-naby", selon le Herald Sun de Melbourne. "C'est peut-être Haka la vista pour Barnaby", écrivait le Brisbane Courier Mail.

le Mardi 15 Aout 2017 à 05:39 | Lu 447 fois