Australie: l'ex-chef du contrespionnage fustige "l'ingérence" de Pékin


Sydney, Australie | AFP | vendredi 21/11/2019 - La Chine cherche à "prendre le contrôle" des milieux politiques en Australie avec une campagne "d'espionnage et d'ingérence", accuse l'ex-chef du service de renseignement intérieur australien dans un entretien publié vendredi.

Duncan Lewis, qui a démissionné en septembre de la direction de l'Australian Security Intelligence Organisation (ASIO), affirme que Pékin est capable de cibler n'importe quel politique en activité.
Les dirigeants australiens disent régulièrement redouter l'influence jugée croissante de la Chine dans les affaires intérieures de l'Australie, et auprès des nations insulaires du Pacifique – traditionnellement chasse gardée de Canberra.
"L'espionnage et l'ingérence étrangères sont insidieux. Ses effets peuvent ne se manifester que plusieurs décennies plus tard, quant il est alors trop tard", a déclaré Duncan Lewis au Sydney Morning Herald.
Dans cette interview avec le quotidien, il cite plusieurs exemples, notamment celui de Chinois ayant effectué d'importants versements d'argent à des partis politiques australiens.
"Vous vous réveillez un jour et vous constatez que des décisions prises dans notre pays ne sont pas dans l'intérêt de notre pays", fustige M. Lewis. "Pas seulement en politique, mais aussi dans certaines communautés, ou en matière commerciale. Ils prennent le contrôle en tirant les ficelles depuis l'étranger".
L'Australie a ces dernières années limité la participation chinoise dans des projets d'infrastructure. Des contrats lucratifs passés entre des universités australiennes et le gouvernement chinois ont également été examinés à la loupe.
L'année dernière, le Parlement australien a par ailleurs adopté des lois visant à lutter contre les ingérences étrangères et à réformer les services de renseignement. 
Ces initiatives ont tendu les relations avec la Chine, premier partenaire commercial de l'Australie.
"Je ne veux pas créer de la paranoïa, mais nous devons avoir un certain niveau de prise de conscience", a affirmé Duncan Lewis au Sydney Morning Herald.
M. Lewis est ex-ambassadeur d'Australie en Belgique et à l'Otan. Lorsqu'il occupait la tête de l'ASIO, il avait déjà mis en garde contre l'espionnage étranger, mais pris soin de ne jamais cibler nommément la Chine.
Ses remarques risquent de provoquer la colère de Pékin, qui réagi avec virulence à tout propos accusant le Parti communiste chinois (PCC) de mener une campagne d'influence à l'étranger.
Mi-novembre, la Chine avait interdit la visite dans le pays de deux parlementaires australiens après leurs critiques des activités chinoises en Australie et dans le Pacifique.

le Jeudi 21 Novembre 2019 à 23:40 | Lu 941 fois