Sydney, Australie | AFP | mercredi 22/08/2018 - Dans la boutique de Sarah Freeman, au coeur du Sydney commerçant, on n'achète pas de vêtements neufs: on emprunte des habits d'occasion. Un acte militant, pour dire non à la "Fast Fashion" et aux ravages environnementaux du consumérisme.
Choquée par la vitesse à laquelle ses compatriotes achetaient et jetaient, sans parfois les porter, des textiles de mauvaise qualité, Sarah Freeman a eu l'idée de convoquer dans le monde du textile le concept du prêt pour créer une "Clothes Library" ou "bibliothèque de vêtements".
"Aujourd'hui, on porte ses vêtements comme des préservatifs", dénonce cette passionnée du vintage dans sa boutique de Potts Point. "On les porte une fois puis on les jette."
"Sur le papier, ce n'est pas ce à quoi les vêtements sont destinés. Mais dans les faits, ils sont aujourd'hui fabriqués de façon à tenir six lavages, ce qui est terrible, de mon point de vue", dit-elle.
Entre 2000 et 2014, la production mondiale de vêtements a doublé et le nombre de vêtements achetés chaque année par les consommateurs a augmenté de 60%, selon le cabinet McKinsey & Company.
En cause notamment, la "Fast Fashion" (la mode en accéléré), peu chère et aux collections perpétuellement renouvelées. Son mode de consommation implique que des vêtements présentés lors de défilés se retrouvent désormais très rapidement sur les étals, à bas prix et facilement accessibles grâce aux sites internet.
Ce modèle a fait la fortune de marques mondiales comme H&M ou Zara et a trouvé en Australie un de ses marchés les plus dynamiques.
Selon le cabinet IBISWorld, le secteur de la "Fast Fashion" a connu une croissance de 19,5% ces cinq dernières années en Australie. Et la demande en vêtements en Australie est per capita l'une des plus élevées au monde.
Un récent sondage YouGov indiquait que près du quart des Australiens avaient jeté un vêtement porté une seule fois.
"L'état d'esprit, dès le début, est que ce ne sont pas des produits de valeur qui méritent d'être conservés dans sa garde-robe", explique à l'AFP Alison Gwilt, une experte des questions de mode durable à l'Université d'Australie méridionale.
Au centre de distribution de Sydney de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, une organisation de bienfaisance qui recycle notamment les vêtements, on dit avoir constaté ces dernières années une baisse de la qualité des textiles. "Certains produits ne tiennent que deux ou trois lavages", déplore le directeur George Blakely.
"Mais les arrivages, eux, augmentent en volume parce que les gens se séparent plus vite de leurs habits."
Jadis, les collections étaient en magasin six mois après leur présentation. Mais les réseaux sociaux ont contribué à changer la donne: le public découvre les nouvelles collections en temps réel et n'a plus de raison d'attendre. D'où la "Fast Fashion", cette mode au renouvellement rapide.
La frénésie consumériste qu'elle encourage interroge, d'un point de vue sociologique et psychologique, sur les motivations d'une société insatiable. Elle favorise le travail dans des ateliers à bas coûts aux conditions souvent déplorables et génère un désastre environnemental en raison des quantités de déchets produits.
Les cours d'eau proches des usines sont pollués en raison des rejets de substances chimiques. La destruction de tonnes de vêtements jetés consomme énergie et ressources. Même le lavage n'est pas durable car les textiles rejettent dans le processus des microfibres qui terminent dans les océans.
Une situation qui a été mise en exergue par la décision de la Chine, pour des motifs environnementaux, de fermer ses frontières à 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers, mais aussi textiles.
La fermeture de la poubelle chinoise a encouragé en Australie la recherche d'alternatives.
A l'Université Deakin de Melbourne, des chercheurs ont reçu des aides du géant H&M pour développer des "denims circulaires", avec l'idée que les vieux jeans peuvent être réutilisés dans la fabrication de nouveaux.
Et les fabricants se montrent proactifs en faisant appel à des fibres naturelles, sachant que l'Australie est un grand producteur de laine et de coton de haute qualité, assure David Giles-Kaye, directeur général de l'Australian Fashion Council, organisme de promotion du secteur de la mode australienne.
Mais, estime-t-il, la balle est dans le camp du consommateur. "Tant que les consommateurs demanderont des produits bon marché, les producteurs seront encouragés à fabriquer de façon moins durable", dit-il.
Sarah Freeman est également convaincue de la capacité du consommateur à faire changer les choses s'il accepte l'emprunt de vêtements d'occasion de bonne qualité contre un abonnement mensuel modique.
"J'espère qu'il y aura une prise de conscience et que les gens feront l'effort de ne plus acheter de la Fast Fashion", dit-elle. "Si nous arrêtons d'en demander, les fabricants arrêteront d'en produire."
Choquée par la vitesse à laquelle ses compatriotes achetaient et jetaient, sans parfois les porter, des textiles de mauvaise qualité, Sarah Freeman a eu l'idée de convoquer dans le monde du textile le concept du prêt pour créer une "Clothes Library" ou "bibliothèque de vêtements".
"Aujourd'hui, on porte ses vêtements comme des préservatifs", dénonce cette passionnée du vintage dans sa boutique de Potts Point. "On les porte une fois puis on les jette."
"Sur le papier, ce n'est pas ce à quoi les vêtements sont destinés. Mais dans les faits, ils sont aujourd'hui fabriqués de façon à tenir six lavages, ce qui est terrible, de mon point de vue", dit-elle.
Entre 2000 et 2014, la production mondiale de vêtements a doublé et le nombre de vêtements achetés chaque année par les consommateurs a augmenté de 60%, selon le cabinet McKinsey & Company.
En cause notamment, la "Fast Fashion" (la mode en accéléré), peu chère et aux collections perpétuellement renouvelées. Son mode de consommation implique que des vêtements présentés lors de défilés se retrouvent désormais très rapidement sur les étals, à bas prix et facilement accessibles grâce aux sites internet.
Ce modèle a fait la fortune de marques mondiales comme H&M ou Zara et a trouvé en Australie un de ses marchés les plus dynamiques.
- Société insatiable -
Selon le cabinet IBISWorld, le secteur de la "Fast Fashion" a connu une croissance de 19,5% ces cinq dernières années en Australie. Et la demande en vêtements en Australie est per capita l'une des plus élevées au monde.
Un récent sondage YouGov indiquait que près du quart des Australiens avaient jeté un vêtement porté une seule fois.
"L'état d'esprit, dès le début, est que ce ne sont pas des produits de valeur qui méritent d'être conservés dans sa garde-robe", explique à l'AFP Alison Gwilt, une experte des questions de mode durable à l'Université d'Australie méridionale.
Au centre de distribution de Sydney de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, une organisation de bienfaisance qui recycle notamment les vêtements, on dit avoir constaté ces dernières années une baisse de la qualité des textiles. "Certains produits ne tiennent que deux ou trois lavages", déplore le directeur George Blakely.
"Mais les arrivages, eux, augmentent en volume parce que les gens se séparent plus vite de leurs habits."
Jadis, les collections étaient en magasin six mois après leur présentation. Mais les réseaux sociaux ont contribué à changer la donne: le public découvre les nouvelles collections en temps réel et n'a plus de raison d'attendre. D'où la "Fast Fashion", cette mode au renouvellement rapide.
La frénésie consumériste qu'elle encourage interroge, d'un point de vue sociologique et psychologique, sur les motivations d'une société insatiable. Elle favorise le travail dans des ateliers à bas coûts aux conditions souvent déplorables et génère un désastre environnemental en raison des quantités de déchets produits.
- Pouvoir du consommateur -
Les cours d'eau proches des usines sont pollués en raison des rejets de substances chimiques. La destruction de tonnes de vêtements jetés consomme énergie et ressources. Même le lavage n'est pas durable car les textiles rejettent dans le processus des microfibres qui terminent dans les océans.
Une situation qui a été mise en exergue par la décision de la Chine, pour des motifs environnementaux, de fermer ses frontières à 24 catégories de déchets solides, dont certains plastiques, papiers, mais aussi textiles.
La fermeture de la poubelle chinoise a encouragé en Australie la recherche d'alternatives.
A l'Université Deakin de Melbourne, des chercheurs ont reçu des aides du géant H&M pour développer des "denims circulaires", avec l'idée que les vieux jeans peuvent être réutilisés dans la fabrication de nouveaux.
Et les fabricants se montrent proactifs en faisant appel à des fibres naturelles, sachant que l'Australie est un grand producteur de laine et de coton de haute qualité, assure David Giles-Kaye, directeur général de l'Australian Fashion Council, organisme de promotion du secteur de la mode australienne.
Mais, estime-t-il, la balle est dans le camp du consommateur. "Tant que les consommateurs demanderont des produits bon marché, les producteurs seront encouragés à fabriquer de façon moins durable", dit-il.
Sarah Freeman est également convaincue de la capacité du consommateur à faire changer les choses s'il accepte l'emprunt de vêtements d'occasion de bonne qualité contre un abonnement mensuel modique.
"J'espère qu'il y aura une prise de conscience et que les gens feront l'effort de ne plus acheter de la Fast Fashion", dit-elle. "Si nous arrêtons d'en demander, les fabricants arrêteront d'en produire."