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Audiovisuel : objectif 25% du PIB en 10 ans


Tahiti, le 2 février 2024 - Que le secteur du numérique et de l'audiovisuel passe de 3 à 25% du PIB d'ici dix ans. C'est l'objectif ambitieux que s'est fixé le président du Pays, Moetai Brotherson. Pour y parvenir, il compte notamment sur les Assises de l'audiovisuel organisées à la présidence sur trois journées la semaine prochaine avec une centaine de professionnels du secteur.
 
“Mon objectif dans dix ans, c'est que le secteur du numérique et de l'audiovisuel représente 25% du PIB du Pays.” Quand on sait qu'il représente aujourd'hui seulement 3% du PIB, l'objectif que s'est fixé le président du Pays à une échéance de dix ans est ambitieux mais pas inatteignable. L'audiovisuel pèse déjà dans l'économie polynésienne puisqu'il arrive en troisième position des filières à l'export avec des retombées estimées à 1,2 milliard de francs selon les chiffres de l'ISPF et de l'IEOM. Moetai Brotherson a toujours placé ce secteur parmi l'une des priorités de son gouvernement et il compte bien développer cette industrie.
 
Comme il l'avait annoncé en fin d'année dernière, il organise à la présidence les Assises de l'audiovisuel les 9, 12 et 13 février prochain, “à cheval avec le Fifo” (Festival international du film documentaire océanien), car il semble en effet “logique” de profiter de la présence d'intervenants internationaux pour qu'ils puissent participer à ces Assises destinées aux professionnels du secteur.
 
Un événement qui donnera lieu à un document de synthèse sur lequel pourra s'appuyer le gouvernement pour rédiger sa feuille de route. Il s'agit en premier lieu de “matérialiser” le lien entre les institutions du Pays et les professionnels de l'audiovisuel. De s'inspirer ensuite de ce qui se fait dans la région Pacifique pour “capitaliser les choses qui marchent” et “éviter” de reproduire “ce qui ne fonctionne pas”.
 
Une cinquantaine de métiers dans l'audiovisuel  

Pour atteindre ces objectifs, cinq problématiques ont été définies : d'abord, comment créer davantage de production locale sachant qu'elle se heurte aujourd'hui à plusieurs obstacles comme “la diffusion” ou les “moyens techniques” par exemple. Ensuite, la question de l'accompagnement des talents polynésiens qui sont en grande majorité autodidactes dans ce secteur qui est pourvoyeur d'emplois avec une “cinquantaine de métiers dans l'audiovisuel”. Pas forcément de formation sur le long terme car cela ne sert à rien d'être formé si au bout, il n'y a pas de débouché localement. Il faut donc d'abord “trouver le bon format et le bon tempo”.
 
Un “partenariat se dessine avec Cannes”, où Moetai Brotherson s'est rendu dernièrement et des “passerelles” post-bac pourraient être mises en place avec la Polynésie. Mais aussi avec Montpellier. “On a des contacts avec des studios d'animation au Japon”, a également indiqué le président du Pays qui reste prudent car il n'est pas question d'envoyer les étudiants polynésiens “au casse-pipe”. Des studios en Corée “seraient également intéressés” pour recevoir nos jeunes stagiaires.
 
L'une des autres problématiques sur laquelle vont devoir plancher les quelque 100 professionnels conviés pour ces Assises concerne le développement du secteur au-delà de la Polynésie. Le fameux “Tahiti Film Office” qui n'a jamais vu le jour est néanmoins un outil indispensable et il va falloir réfléchir “au format qu'on veut lui donner” pour réorganiser ce secteur et augmenter l'attractivité de la Polynésie. “Comment inciter les productions extérieures à fort impact économique à venir tourner en Polynésie... Aquaman 3 par exemple”, a souri Moetai Brotherson. Des problématiques qui dépendent “des professionnels eux-mêmes” mais aussi “de l'État” et “du Pays” qui doit redéfinir le catalogue d'aides fiscales directes ou indirectes pour les productions qui viendraient en Polynésie.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Vendredi 2 Février 2024 à 13:36 | Lu 2058 fois