Tahiti Infos

Audiovisuel et cinéma : "L'un des secteurs les plus dynamiques de la croissance de notre Pays"


PAPEETE, le 8 février 2017 - Marie Eve Tefaatau de Pacific Tv Prod, saisit l'occasion du Fifo pour faire un point sur les différents projets en cours dans le domaine de la fiction.

Tahiti infos : Pacific Tv Prod a été nominé pour participer au Prix du producteur Français 2017 de la Procirep, qu'est-ce que cela signifie?
Marie-Eve Tefaatau : "La Procirep est la société des producteurs de cinéma et de télévision. Elle soutient de nombreux projets d’intérêt collectif favorisant la promotion et le développement du secteur de la création audiovisuelle et cinématographique. Chaque année elle organise le Prix du producteur français de télévision. Cette année c'est la 23ème édition qui se déroulera le 13 mars 2017 au Trianon-Elysée Montmartre à Paris. Trois prix seront remis pour récompenser le professionnalisme d’une société de production dans chacune des catégories Animation, Documentaire et Fiction. De notre côté, nous savons que nous n'avons aucune chance car en face, nous avons de très grosses Sociétés de production en lice comme Gaumont Télévision et autres mais le fait d'avoir été nominé dans la catégorie fiction suffit pour nous motiver."

La fiction vous tient à cœur, comment la développer en particulier et développer la filière audiovisuelle et cinématographique en général ?
"Je n'ai pas la science infuse et notre spécialité est la fiction mais je peux avancer que la niche audiovisuelle et cinématographique est, d'un point de vue économique, un vaste chantier à organiser et peut constituer, si la prise en charge n'est pas politique, l'un des secteurs les plus dynamiques de la croissance de notre Pays. La population locale (comme tous les peuples du monde), est une consommatrice importante en images ce qui pose aujourd'hui un problème majeur d'identité culturelle et de cohésion sociale."

Pourquoi?

"La cause est simple : la domination écrasante des images américaines ou européennes réduit notre population a un simple consommateur d'images étrangères importées, lesquelles véhiculent des modes de pensées et d'agir copiées qui remplacent au fur et à mesure des années nos propres valeurs culturelles. Sauf certaines images venues de Nouvelle-Zélande nous permettent de nous retrouver et de nous identifier. Le développement de la filière locale doit être impérativement axé sur le savoir-faire et savoir-être de notre pays. Nous avons une identité qui nous est propre, une originalité qui ne doit pas être monnayée au plus offrant. Nous devons préserver nos valeurs qui nourrissent et enrichissent notre Pays tout en restant ouverts vers le monde extérieur. Malheureusement, faute de moyens financiers et d'une d'offre conséquente de programmes télévisuels et cinématographiques, les chaines locales sont contraintes, pour remplir leurs grilles, d'engager une grosse partie de leur budget annuel au profit de programmes étrangers. La production locale est donc entre l'enclume et le marteau ! À nous de faire ce qu'il faut pour ne pas nous laisser enfoncer !"

Comment faire?

"Plusieurs axes sont possibles : le développement de l'audiovisuel local grâce à fiction locale : C'est la niche qui permettra de développer le plus de métiers divers, de valoriser le savoir-faire, de faire éclore des talents de tout corps de métiers et de garder une identité locale. Nos dépenses sont 100% faites sur Tahiti et ses îles, rien ne sort. Si nous bénéficions d'une aide grâce au Scan elles repartent directement dans l'économie du Pays. Notre problème c'est que nous ne sommes pas pris encore assez au sérieux et le résultat c'est que nos financements sont minimes en comparaison de ceux des équipes étrangères. Or, nous aussi nous embauchons du local et deux fois plus ce, tout au long de l'année, nous aussi nous diffusons dans le monde entier, alors nous aussi nous devons être aidé à la même hauteur que ces équipes étrangères. Pour exemple, une production comme Tupapa'u 2 l'emprise qui va être diffusée à partir de fin mars sur Polynésie 1ère c'est 24 X 18 minutes soit six heures de films donc l'équivalent de trois long métrage, trente emplois sur deux ou trois mois pour les techniciens... "

Quels sont les autres axes?
"Les documentaires, indispensables pour faire connaitre nos îles, la population…, L’accueil des équipes de tournages, là il faut s'organiser ! Afin de répondre aux besoins internationaux, il est impératif d'organiser un bureau des tournages autour de quatre espaces spécifiques : patrimoine, bureau d'accueil des tournages, règlementation, promotion et prospection. Le financement se ferait via le territoire, les banques locales, les sociétés privées, les taxes et par l’Union Européenne. Une idée peut être ? Et si le Territoire créait une collecte globale auprès des Sociétés qui serait destinée au financement de la production locale ? On pourrait aussi proposer des prises de participation dans les sociétés de production ou des contrats d'association pour le financement de telle ou telle œuvre locale ? En contrepartie de leur souscription, ces Sociétés pourraient bénéficier d'une réduction d'impôts à décider par le gouvernement calculée sur le montant investi ?"

Une association pour les artistes voit le jour

Dans le cadre de la professionnalisation des nouveaux métiers liés au développement de la filière audiovisuelle locale et sous l’impulsion d’Yves Edouard Malakai, les artistes de la télévision et du cinéma de Tahiti et ses îles, sont invités à se joindre aux membres déjà actifs de la future association T.A.U (Tahiti artists unity) en voie de constitution actuellement. L’association a pour but de promouvoir : l’activité professionnelle des Comédiens, animateurs, danseurs (toutes les danses pro), chanteurs, figurants, mannequins, imitateurs et humoristes, musiciens, DJ…tant au plan local, national et international, la défense et l’amélioration des conditions d’exercice de la profession sur les plans artistiques, financiers, économiques, juridiques et techniques, l’instauration et la défense d’une déontologie et d’une éthique relative à la profession, la mise en commun et le développement de compétences spécifiques à cette profession et valorisables internationalement, le développement de manifestations culturelles, scientifiques et pédagogiques ou d’autre nature relatives à l’activité cinématographique et audiovisuelle. L’association propose aussi un espace de rencontre, un forum de réflexion, un lieu d’information.
Pour tout renseignements : [email protected]

Un Webfest à Tahiti?

Le Webfest est une cérémonie regroupant des professionnels de haut niveau qui est organisée dans le but d’accorder la reconnaissance aux productions fiction dédiées à la télévision et au web en récompensant les réalisateurs, les acteurs, les producteurs et les scénaristes. Le Président du Webfest Marseille et du Webfest de Los Angeles, Jean Michel Albert propose à la POLYNESIE d’être la terre d’accueil de cet événement international. "Pourquoi pas un Tahiti fiction festival en collaboration avec l'international Webfest et en complément du Fifo?", s'interroge Marie-Eve Tefaatau.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 8 Février 2017 à 10:07 | Lu 3395 fois