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Au tribunal : quand les réunions de famille dégénèrent...


L’audience correctionnelle en juge unique a essentiellement traité des affaires de conflits familiaux sur fond d’alcoolisation massive, jeudi.
L’audience correctionnelle en juge unique a essentiellement traité des affaires de conflits familiaux sur fond d’alcoolisation massive, jeudi.
PAPEETE, 6 avril 2017 - L'audience correctionnelle en juge unique avait lieu jeudi. Une énième occasion de constater que l'alcoolisation massive et les réunions familiales se terminent souvent au tribunal.

Histoire d'une infidélité

Le 17 avril 2016, un frère et une sœur organisent une réunion familiale du côté de la Presqu'île en présence de leurs conjoints respectifs ainsi que de leurs enfants. Cela fait longtemps que la famille ne s'est pas réunie. Le pastis et la bière coulent à flots. Alors que le mari de la sœur s'éloigne pour aller aux sanitaires, son téléphone, oublié sur la table du salon, sonne plusieurs fois. Son épouse s'en empare et constate que l'interlocutrice n'est autre que la maîtresse de son tane. Elle avait visiblement mal choisi son moment. Folle de rage, la femme trompée devient hors de contrôle. Son mari, en la saisissant par les épaules, tente de la calmer. Tout dégénère. Le frère, pensant que sa sœur va être victime de violences met un coup de poing à son beau frère. C'est alors qu'éclate une bagarre à l'issue de laquelle le frère aura une ITT de 5 jours quand le beau frère en aura le double.

Les deux hommes, présents à la barre hier, ont des situations familiales plutôt différentes. Le frère, sans emploi ni enfant, a un casier judiciaire qui ne comporte que des infractions relatives à la sécurité routière. Le beau-frère, père de 3 enfants, a, lui, déjà été condamné pour des violences volontaires en 2010. Sa femme a expliqué qu'elle était régulièrement victime de violences conjugales mais qu'elle "l'aimait", malgré tout…
Si le procureur a requis des peines d'amende, gageons que le prochain repas de famille ne sera pas pour tout de suite.

Il boit 48 bières et insulte les gendarmes

Le prévenu de 43 ans qui s'est, hier, présenté au tribunal devait répondre de l'accusation d'outrages sur personne dépositaire de l'ordre public. Les faits remontent au 12 janvier 2017. Ce soir-là, l'homme rentre chez lui dans un état avancé d'alcoolisation et détruit la totalité de son salon ainsi que sa télé. Sur place, terrorisée, la mère de sa fille de 6 ans appelle les gendarmes à l'aide. Lorsque ces derniers arrivent au domicile, ils trouvent l'homme endormi dans la chambre de son enfant. Il se réveille immédiatement et commence alors à insulter les forces de l'ordre. S'ensuit une telle litanie que les gendarmes se voient dans l'obligation d'arrêter l'homme tant il est virulent.

Hier, pas de virulence au tribunal. Bien au contraire, c'est un homme se disant dépressif qui s'est présenté, abattu, à la barre. Le père de famille, dont le casier judiciaire comporte déjà deux condamnations pour des faits similaires, a expliqué avoir perdu son emploi dans la sécurité suite à sa première condamnation. Aux questions de la présidente sur son comportement, l'homme a reconnu les faits. "L'enquête dit que vous aviez bu 48 bières, est-ce possible?". Deux secondes de réflexion et l'homme se souvient finalement qu'il "n'était pas seul". " Vous avez tout de même cassé votre télévision!"… "Oui, je voulais me suicider avec". Et la présidente du tribunal de répondre " Le suicide à la tété, c'est une première!"
Le procureur de la République, tenant compte de la récidive, a requis une peine ferme de six mois d'emprisonnement.

Endormi sur un banc, il se fait dépouiller par son neveu

Le 15 décembre 2015, alors qu'il récupère, endormi sur un banc, d'une intense nuit de beuverie un homme se réveille soudainement. La victime se rend compte qu'il est en train de se faire voler son sac à dos. C'est alors qu'il reconnaît ni plus ni moins que son neveu.

A la question de la motivation de ces faits, le prévenu a aujourd'hui expliqué à la barre qu'il "n'avait pas d'argent". Alors que la présidente aborde le lien familial qui les unit, "Mais monsieur, c'est votre oncle tout de même, en avez-vous conscience?"... L'homme: "Oui, mais j'avais besoin d'argent". A la question des sommes réclamées par l'oncle, ce dernier a expliqué que, juste avant l'audience, son neveu lui avait donné un billet de 10.000 francs en dédommagement. Il est vrai que l'on n’est jamais mieux entouré que par les siens.
Le Procureur de la république a requis une peine d'amende de 30.000 francs.

De la gifle au drame familial

Le 1er janvier 2016 sur la côte Ouest de Moorea, un couple ainsi que leurs 6 enfants, dont une adolescente de 15 ans, se réunissent à leur domicile pour profiter du premier jour de l'année. Une fois n'étant pas coutume, les protagonistes de cette affaire étaient, ce jour-là, fortement alcoolisés.
Alors que l'adolescente de 15 ans vient d'avoir une violente altercation avec sa mère, elle insulte le voisin qui tentait de lui faisait des remontrances. Une gifle fuse. Sauf que… le père de la jeune fille a tout vu. Ivre de colère, il se jette sur l'homme et le tabasse littéralement. Ce dernier aura 15 jours d'ITT ainsi qu'une fracture de la paroi orbitaire.

Le prévenu, présent au tribunal hier, n'a pas semblé mesurer l'ampleur de son acte, expliquant qu'il avait fait cela car la victime était un "emmerdeur" et qu'il ne pouvait supporter que l'on gifle son enfant. Le père de 6 enfants exerce le métier de marin et n'est connu de la justice que pour des conduites en état d'ébriété. Face à cet "acharnement", le procureur de la république a requis une peine de six mois de prison avec sursis. Les relations de voisinage ne sont pas prêtes de s'améliorer.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 6 Avril 2017 à 16:25 | Lu 5479 fois