© Anne-Laure Guffroy
Tahiti, le 3 mai 2023 – Un homme a été condamné, mercredi, à 18 mois de prison avec sursis après avoir frappé sa femme au visage, alors qu'il était alcoolisé et qu’elle dormait. Si les faits et la peine prononcée sont plutôt banals, le procès l'était beaucoup moins puisqu'il s'agissait d'un procès fictif écrit et interprété par des étudiants en BTS au lycée Diadème.
C’est une audience peu commune qui s'est tenue ce mercredi après-midi au tribunal correctionnel de Papeete. Des élèves de la classe de BTS Support à l'action managériale du lycée Diadème de Pirae ont joué un procès fictif, basé sur un cas réel de violences conjugales qui avait été rapporté dans la presse. Le tribunal correctionnel, juridiction de première instance, juge les personnes soupçonnées d'avoir commis un délit (puni d'une amende ou d'une peine d'emprisonnement inférieure à dix ans). Mercredi, chacun a campé son rôle avec sérieux au cours de cette audience, point d'orgue de plus d'une année de travail interdisciplinaire, orchestré par Yolande Delmas, leur professeure de culture générale et expression, et Nadia Groune, qui enseigne la culture économique, juridique et managériale.
Dans cette affaire, le prévenu, Teva Mauinate, interprété par Hawaiki Huria, comparaît pour des faits de violence sur sa compagne, sur fond de jalousie. Le 19 mai 2022 au soir, l'homme, chauffeur-livreur dans une entreprise d'import-export, sort s'amuser avec son cousin. Au cours de la soirée, fortement alcoolisée, ce dernier annonce au prévenu que sa femme le trompe. Celui-ci est pris de colère et lorsqu'il rentre chez lui, au petit matin, il lui assène plusieurs coups de poing au visage alors qu'elle dort. “C'était juste une seule gifle”, dira le prévenu à la barre. Mais le rapport d'expertise médicale effectuée sur la victime après son passage aux urgences de l'hôpital de Taaone indique que la victime a été frappée violemment. Il fait état de plusieurs hématomes sur les joues, de l'arcade sourcilière gauche ouverte et de troubles de l'audition ayant entraîné une ITT de 10 jours.
C’est une audience peu commune qui s'est tenue ce mercredi après-midi au tribunal correctionnel de Papeete. Des élèves de la classe de BTS Support à l'action managériale du lycée Diadème de Pirae ont joué un procès fictif, basé sur un cas réel de violences conjugales qui avait été rapporté dans la presse. Le tribunal correctionnel, juridiction de première instance, juge les personnes soupçonnées d'avoir commis un délit (puni d'une amende ou d'une peine d'emprisonnement inférieure à dix ans). Mercredi, chacun a campé son rôle avec sérieux au cours de cette audience, point d'orgue de plus d'une année de travail interdisciplinaire, orchestré par Yolande Delmas, leur professeure de culture générale et expression, et Nadia Groune, qui enseigne la culture économique, juridique et managériale.
Dans cette affaire, le prévenu, Teva Mauinate, interprété par Hawaiki Huria, comparaît pour des faits de violence sur sa compagne, sur fond de jalousie. Le 19 mai 2022 au soir, l'homme, chauffeur-livreur dans une entreprise d'import-export, sort s'amuser avec son cousin. Au cours de la soirée, fortement alcoolisée, ce dernier annonce au prévenu que sa femme le trompe. Celui-ci est pris de colère et lorsqu'il rentre chez lui, au petit matin, il lui assène plusieurs coups de poing au visage alors qu'elle dort. “C'était juste une seule gifle”, dira le prévenu à la barre. Mais le rapport d'expertise médicale effectuée sur la victime après son passage aux urgences de l'hôpital de Taaone indique que la victime a été frappée violemment. Il fait état de plusieurs hématomes sur les joues, de l'arcade sourcilière gauche ouverte et de troubles de l'audition ayant entraîné une ITT de 10 jours.
Les enfants, témoins de la scène
Entendue à son tour à la barre, la victime – Tiare Neheria épouse Mauinate, incarnée par Vaiani Mahai – a du mal à contenir son émotion. C'est en pleurs qu'elle livre sa version des faits. Elle nie tromper son mari mais surtout, elle explique que ses enfants, qui dormaient dans la pièce à côté, ont été réveillés par ses cris et ont assisté à la scène. Les avocates du prévenu et de la partie civile appelleront chacun un témoin à la barre : le cousin du prévenu et la voisine du couple, qui expliquent avoir entendu des cris et la victime demander à son mari d'arrêter de la frapper. Avant les plaidoiries, le prévenu est de nouveau appelé à la barre. Il se présente de façon nonchalante, en soufflant, devant la présidente du tribunal, interprétée par Sherryline Bonnet, et les magistrats assesseurs qui l'entourent. En revenant sur les faits, il lâche : “C'est pas comme si je l'avais tuée !” “Vous vous rendez compte de ce que vous dites, vous seriez aux assises, là !”, lui rétorque la présidente du tribunal.
Dans ses réquisitions, la procureure, jouée par Aloane Tauira, a dénoncé le fait que le prévenu minimise les faits et a insisté sur les conclusions du rapport d'expertises médicale. “Faudra-t-il attendre qu'il commette l'irréparable ?”, s'est-elle interrogée. Dans la mécanique judiciaire, le procureur, qui représente le ministère public, défend les intérêts de la société et agit au nom de l'État. Il propose au juge une décision que ce dernier décidera de suivre ou non. En l'occurrence, dans cette affaire, la procureure a requis trois ans de prison ferme, assortis d'une amende de 140 000 Fcfp et d'une obligation de soins contre l'addiction du prévenu à l'alcool. De son côté, l'avocate du prévenu a tenté de trouver des excuses à son client, expliquant qu'il avait perdu sa mère quatre mois avant les faits et qu'il avait perdu pied. Elle a demandé au tribunal d'être beaucoup plus clément. Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné Teva Mauinate à 18 mois de prison avec sursis, assortis d'une amende de 70 000 Fcfp, en plus du remboursement de tous les frais médicaux de sa femme et l'obligation de se faire soigner pour sa dépendance à l'alcool.
Dans ses réquisitions, la procureure, jouée par Aloane Tauira, a dénoncé le fait que le prévenu minimise les faits et a insisté sur les conclusions du rapport d'expertises médicale. “Faudra-t-il attendre qu'il commette l'irréparable ?”, s'est-elle interrogée. Dans la mécanique judiciaire, le procureur, qui représente le ministère public, défend les intérêts de la société et agit au nom de l'État. Il propose au juge une décision que ce dernier décidera de suivre ou non. En l'occurrence, dans cette affaire, la procureure a requis trois ans de prison ferme, assortis d'une amende de 140 000 Fcfp et d'une obligation de soins contre l'addiction du prévenu à l'alcool. De son côté, l'avocate du prévenu a tenté de trouver des excuses à son client, expliquant qu'il avait perdu sa mère quatre mois avant les faits et qu'il avait perdu pied. Elle a demandé au tribunal d'être beaucoup plus clément. Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné Teva Mauinate à 18 mois de prison avec sursis, assortis d'une amende de 70 000 Fcfp, en plus du remboursement de tous les frais médicaux de sa femme et l'obligation de se faire soigner pour sa dépendance à l'alcool.
Un travail de réflexion et d'éloquence
Les enseignantes Yolande Delmas et Nadia Groune ont initié ce projet en mars 2022. Elles souhaitaient en effet mettre en place un projet “concret, interdisciplinaire et interniveaux”, explique Yolande Delmas. Car les élèves de terminale option Droit et grands enjeux du monde contemporain ont également travaillé sur l'histoire et l'évolution de la condition féminine. Pour le procès, la thématique retenue était celle des violences faites aux femmes, toujours trop présente dans l'actualité. “On voulait les sensibiliser à cette problématique et leur montrer aussi le rôle de la justice”, poursuit la professeure, très fière de ses élèves à l'issue de la représentation. Pour Sherryline Bonnet, qui s'est glissée dans la peau de la présidente du tribunal, mercredi, “c'était très stressant, mais c'était une très belle expérience”. Celle-ci lui a permis d'avoir plus confiance en elle. “Surtout avec les oraux qui approchent, on a gagné en éloquence et en assurance”, confie-t-elle.
Avant cette représentation, les étudiants ont beaucoup travaillé en amont. Ils ont effectué un travail de recherche en groupes avant une mise en commun et ont rencontré des professionnels. Ils ont rédigé le texte de ce procès mais aussi l'ensemble des pièces judiciaires, que ce soient les auditions par la gendarmerie, les témoignages, le rapport d'expertise médicale... Avant ce procès en conditions réelles, mercredi, deux représentations ont déjà eu lieu au lycée Diadème en présence de plusieurs magistrats, dont Karim Sekkaki, président de la chambre correctionnelle de Papeete. Le magistrat a été impressionné par les étudiants. “On est toujours étonnés, nous, professionnels, de voir à quel point ça se rapproche de la réalité et à quel point ils ont travaillé leur sujet”, dit-il. “C'était vraiment extrêmement parlant et extrêmement approchant de notre pratique professionnelle, donc on voit vraiment qu'ils ont creusé et discuté avec des gens. Et surtout, il y a une vraie réflexion autour de la problématique mise en avant, celle des violences faites aux femmes. C'était passionnant de voir comment des étudiants peuvent se saisir de la matière sur laquelle on travaille au quotidien.”
La représentation, mercredi, a été captée par la DGEE. Le film sera distribué dans les établissements scolaires et servira de support pédagogique.
Avant cette représentation, les étudiants ont beaucoup travaillé en amont. Ils ont effectué un travail de recherche en groupes avant une mise en commun et ont rencontré des professionnels. Ils ont rédigé le texte de ce procès mais aussi l'ensemble des pièces judiciaires, que ce soient les auditions par la gendarmerie, les témoignages, le rapport d'expertise médicale... Avant ce procès en conditions réelles, mercredi, deux représentations ont déjà eu lieu au lycée Diadème en présence de plusieurs magistrats, dont Karim Sekkaki, président de la chambre correctionnelle de Papeete. Le magistrat a été impressionné par les étudiants. “On est toujours étonnés, nous, professionnels, de voir à quel point ça se rapproche de la réalité et à quel point ils ont travaillé leur sujet”, dit-il. “C'était vraiment extrêmement parlant et extrêmement approchant de notre pratique professionnelle, donc on voit vraiment qu'ils ont creusé et discuté avec des gens. Et surtout, il y a une vraie réflexion autour de la problématique mise en avant, celle des violences faites aux femmes. C'était passionnant de voir comment des étudiants peuvent se saisir de la matière sur laquelle on travaille au quotidien.”
La représentation, mercredi, a été captée par la DGEE. Le film sera distribué dans les établissements scolaires et servira de support pédagogique.