Au tour de la famille d'Eddie de faire un don à la Polynésie


Tahiti, le 8 septembre 2020 - La famille d'Eddie, le jeune adolescent mortellement percuté par un bateau à Tahiamanu à Moorea en août dernier, a décidé d'offrir une partie des dons récoltés pour son fils à des jeunes musiciens polynésiens, à travers le Conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF).
 
La famille du jeune Eddie, décédé à Moorea le 9 août dernier percuté par un bateau à Tahiamanu, a rencontré le directeur du Conservatoire artistique, Fabien Dinard, vendredi dernier. Les proches du jeune homme ont visité l'établissement et ont surtout découvert tous les cours proposés aux artistes en herbe du fenua. Mais cette visite avait un autre but. En effet, en souvenir de l'amour que portait Eddie pour la musique, la famille du jeune a décidé d'aider de jeunes musiciens, en leur offrant des cours au Conservatoire ou en leur achetant des instruments de musique, grâce aux nombreux dons reçus pour permettre le rapatriement du corps du jeune homme.
 
Rappelons en effet que lorsque ce drame est survenu, la famille de l'adolescent avait lancé une campagne de financement pour rapatrier Eddie au Royaume-Uni. "Malheureusement, nous n'étions pas couverts pour de telles dépenses. Alors nous avons lancé une campagne de financement sur Internet. Et en quelques heures, nous avons rassemblé tout l'argent dont nous avions besoin et plus encore". La famille a donc décidé de créer un fonds de bienfaisance intitulé Eddie Jarman Young Musicians Trust Fund pour les jeunes musiciens.

"Très beau geste"

"Nous avons voulu étendre ce don aux jeunes de la Polynésie, car c'est là qu'Eddie a passé les neuf derniers mois de sa vie, qui ont été des moments très heureux, même lors du confinement", explique la mère du jeune homme, Barbara. "Nous voulons garder un lien avec le pays où Eddie était le plus heureux et où il est mort". La famille du jeune Eddie compte essayer de financer les études de deux à quatre jeunes musiciens sur du "long terme" au Conservatoire. Et pour ce faire, elle a décidé de continuer à collecter des fonds, auprès notamment de la communauté musicale du Royaume-Uni mais aussi à l'international. Elle a même mis en place une autre campagne de financement : www.justgiving / crowdfunding / eddie-jarman. Et par ailleurs, les proches d'Eddie comptent mettre aux enchères les instruments du jeune homme ainsi que ses enregistrements piano et violon pour participer à cette cagnotte.
 
"C'est un très beau geste de financer des études artistiques d'un enfant ou de plusieurs enfants,  considérant ce qui s'est passé pour cette famille", a réagi Fabien Dinard. "J'aurais pensé qu'ils auraient eu un mauvais souvenir de notre pays. Finalement le geste est très fort envers les enfants de la Polynésie". Le directeur du Conservatoire explique que cette aide va être destinée à la fois aux enfants les moins favorisés et aux plus méritants. "Que cela soit des études musicales, de danse ou même de théâtre. On va identifier quelques enfants. Mais maintenant, on doit avoir des échanges avec la famille surtout pour savoir quelles sont les disciplines qu'elle aimerait soutenir"

Une stèle en mémoire d'Eddie

Autre projet que la famille d'Eddie aimerait voir sortir de terre, la mise en place d'une pierre commémorative, à Tahiamanu, lieu de l'accident, en souvenir de leur fils. "Nous espérons que le mémorial va sensibiliser tous ceux qui utilisent le lagon à être plus réfléchis et plus respectueux (…).Un court moment de plaisir dû à un excès de vitesse peut entraîner un accident tragique", assure la mère de l'adolescent. À travers cette stèle, la famille espère qu'une réglementation fera son apparition. Quant au souhait du tāvana de Moorea d'interdire le mouillage des voiliers à Tahiamanu, la famille concède que cette décision n'a pas dû être facile, mais trouve que cette annonce est mal venue une semaine après l'accident. "Cela nous a semblé malheureusement comme une tentative de rendre les voiliers responsables de ce qui s'est passé, et ce n'est clairement pas juste".
 
La famille considère qu'une enquête "appropriée et approfondie" aurait dû être menée pour déterminer les responsabilités de chacun. La mère d'Eddie affirme que beaucoup de questions restent encore en suspens et que cette interdiction de mouillage est "une décision précipitée (…). Comment l'interdiction des voiliers pourra résoudre le problème des bateaux à grande vitesse et des jet-skis qui s'approchent de la plage?". La famille endeuillée rappelle d'ailleurs que "'l'argent des voiliers' va directement à la communauté (…), contrairement au cas des grands hôtels où les dépenses ne sont pas toujours distribuées à la population locale."

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Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 8 Septembre 2020 à 18:53 | Lu 12279 fois