Paris, France | AFP | mardi 29/04/2025 - Yunice Abbas parle si vite que le président doit le faire ralentir pour qu'on comprenne. "Je vais essayer mais c'est mon bras qui m'entraîne", répond l'un des "papys braqueurs" de Kim Kardashian, atteint de Parkinson et entendu mardi sur sa vie faite d'allers-retours en prison.
Les interrogatoires dits "de personnalité" ont souvent devant la cour d'assises des airs de séances de psy et le sien ne fait pas exception. "Votre vie ne se réduit pas à votre parcours pénal, mais vous diriez qu'il a abîmé votre couple et votre famille ?", demande le président David De Pas.
"Inéluctablement", répond l'accusé de 71 ans, qui a mis les pieds en prison pour la première fois à 18 ans à peine, pour des vols de supermarché, et y a passé 17 années au total.
Dans l'affaire Kim Kardashian, celle de "trop", qui lui a "ouvert les yeux" par sa surmédiatisation, il a reconnu avoir joué le rôle du guetteur. Arrivé et reparti à vélo (c'est lui qui avait chuté avec le sac de bijoux ramassé à la hâte sur la chaussée), il était resté à la réception, et n'a jamais vu la star américaine.
Il a pourtant écrit un livre sorti en 2021 pour donner sa "vérité" sur cette affaire.
L'avocate générale le brandit, le président commente la couverture bling-bling : "Quand on voit le livre avec les petits diamants, le titre +"J'ai séquestré Kim Kardashian+, ça pose question, ça laisse penser qu'il y a une sorte de fierté", comme si "c'était héroïque", lance-t-il.
Yunice Abbas secoue vigoureusement la tête pour dire "non", explique qu'on est venu le chercher, qu'il n'a pas choisi le titre.
"Je suis très mal à l'aise avec ça", répète l'accusé, assurant son "total regret" du braquage. Dans un sourire jaune, son avocat, Me Gabriel Dumenil, note que l'intitulé de l'ouvrage va lui donner "un peu de fil à retordre" pour tenter de faire tomber la qualification de séquestration retenue contre son client.
- "Pots cassés" -
Petit, chauve, bouche pincée, chemise à carreaux à manches courtes, Yunice Abbas est un homme à la "franchise assez déconcertante, à charge ou décharge d'ailleurs", résume l'avocat.
Tout au long de son interrogatoire, sa main droite tient fermement plaquée contre son coeur sa main gauche, pour en contenir les tremblements. Ils empirent quand il stresse mais ça va nettement mieux depuis le diagnostic et le traitement, explique-t-il.
Le casier judiciaire de celui qui a admis non sans ironie avoir "un peu trop d'amis" est épais: ici une condamnation pour de fausses plaques d'immatriculation pour des braquages, là pour avoir fabriqué des caches de cannabis dans des voitures, là encore un hold-up où il a pris les armes lui-même.
Mais entre chaque séjour en prison souligne le président, Yunice Abbas se réinsère, "combattif", dans la vie professionnelle classique, rouvre un garage, travaille comme mécanicien chez les autres.
"Le travail semble compter pour vous, qu'est-ce qui fait qu'à chaque fois ça bascule ?"
L'accusé évoque les "moments de faiblesse" quand il a besoin d'argent, "les banques" à qui il en veut "à mort" parce qu'elles ne prêtent pas d'argent à ceux qui n'ont rien.
"Quand on ne vous le prête pas, vous le prenez ?", rétorque le président.
"Je me suis rabattu sur des choses que je croyais être des raccourcis faciles mais qui n'ont fait que compliquer ma vie", des "raccourcis qui rallongent", admet l'accusé.
A ses enfants tenus éloignés de sa vie de malfrat, il a tout de même transmis sa "petite morale". "Qu'ils soient polis, qu'ils parlent bien, pas de +verlan+ chez moi".
Aujourd'hui, il voit plus sa femme et moins ses amis. Et menait une "vie monotone" avec une "petite retraite" en attendant ce procès - qui a mis neuf ans à être audiencé.
La veille quand il est rentré chez lui après la première journée, il a croisé un voisin: "ah ils vous ont relâché, il me dit !", raconte-t-il dans un rire.
"Vous comprenez qu'il y a une sanction, vous y êtes préparé ?", demande son avocat.
"Non, on n'est jamais préparé. Mais bien sûr, il va falloir payer les pots cassés".
Les interrogatoires dits "de personnalité" ont souvent devant la cour d'assises des airs de séances de psy et le sien ne fait pas exception. "Votre vie ne se réduit pas à votre parcours pénal, mais vous diriez qu'il a abîmé votre couple et votre famille ?", demande le président David De Pas.
"Inéluctablement", répond l'accusé de 71 ans, qui a mis les pieds en prison pour la première fois à 18 ans à peine, pour des vols de supermarché, et y a passé 17 années au total.
Dans l'affaire Kim Kardashian, celle de "trop", qui lui a "ouvert les yeux" par sa surmédiatisation, il a reconnu avoir joué le rôle du guetteur. Arrivé et reparti à vélo (c'est lui qui avait chuté avec le sac de bijoux ramassé à la hâte sur la chaussée), il était resté à la réception, et n'a jamais vu la star américaine.
Il a pourtant écrit un livre sorti en 2021 pour donner sa "vérité" sur cette affaire.
L'avocate générale le brandit, le président commente la couverture bling-bling : "Quand on voit le livre avec les petits diamants, le titre +"J'ai séquestré Kim Kardashian+, ça pose question, ça laisse penser qu'il y a une sorte de fierté", comme si "c'était héroïque", lance-t-il.
Yunice Abbas secoue vigoureusement la tête pour dire "non", explique qu'on est venu le chercher, qu'il n'a pas choisi le titre.
"Je suis très mal à l'aise avec ça", répète l'accusé, assurant son "total regret" du braquage. Dans un sourire jaune, son avocat, Me Gabriel Dumenil, note que l'intitulé de l'ouvrage va lui donner "un peu de fil à retordre" pour tenter de faire tomber la qualification de séquestration retenue contre son client.
- "Pots cassés" -
Petit, chauve, bouche pincée, chemise à carreaux à manches courtes, Yunice Abbas est un homme à la "franchise assez déconcertante, à charge ou décharge d'ailleurs", résume l'avocat.
Tout au long de son interrogatoire, sa main droite tient fermement plaquée contre son coeur sa main gauche, pour en contenir les tremblements. Ils empirent quand il stresse mais ça va nettement mieux depuis le diagnostic et le traitement, explique-t-il.
Le casier judiciaire de celui qui a admis non sans ironie avoir "un peu trop d'amis" est épais: ici une condamnation pour de fausses plaques d'immatriculation pour des braquages, là pour avoir fabriqué des caches de cannabis dans des voitures, là encore un hold-up où il a pris les armes lui-même.
Mais entre chaque séjour en prison souligne le président, Yunice Abbas se réinsère, "combattif", dans la vie professionnelle classique, rouvre un garage, travaille comme mécanicien chez les autres.
"Le travail semble compter pour vous, qu'est-ce qui fait qu'à chaque fois ça bascule ?"
L'accusé évoque les "moments de faiblesse" quand il a besoin d'argent, "les banques" à qui il en veut "à mort" parce qu'elles ne prêtent pas d'argent à ceux qui n'ont rien.
"Quand on ne vous le prête pas, vous le prenez ?", rétorque le président.
"Je me suis rabattu sur des choses que je croyais être des raccourcis faciles mais qui n'ont fait que compliquer ma vie", des "raccourcis qui rallongent", admet l'accusé.
A ses enfants tenus éloignés de sa vie de malfrat, il a tout de même transmis sa "petite morale". "Qu'ils soient polis, qu'ils parlent bien, pas de +verlan+ chez moi".
Aujourd'hui, il voit plus sa femme et moins ses amis. Et menait une "vie monotone" avec une "petite retraite" en attendant ce procès - qui a mis neuf ans à être audiencé.
La veille quand il est rentré chez lui après la première journée, il a croisé un voisin: "ah ils vous ont relâché, il me dit !", raconte-t-il dans un rire.
"Vous comprenez qu'il y a une sanction, vous y êtes préparé ?", demande son avocat.
"Non, on n'est jamais préparé. Mais bien sûr, il va falloir payer les pots cassés".