Au lycée de Raiatea, la jeunesse exprime son identité multiple


Raiatea, le 23 mars 2022 – Nanua Brown, professeure au lycée de Uturoa, a d'abord enseigné en métropole d'où elle a ramené un projet intitulé Je suis multiple. Il a pour but de donner la parole à la jeunesse "qui se cherche". Pour ses élèves polynésiens, elle l'a fait évoluer et a choisi le thème du tatouage.
 
Le projet pédagogique Je suis multiple, est né en métropole, au lycée professionnel de Montauban. À l’origine de ce travail, une jeune professeure de lettres, histoire et géographie, Nanua Brown, originaire du fenua. De retour en Polynésie, cette enseignante a décidé de poursuivre ce projet en le faisant évoluer. Elle raconte : "Fructueux, ce travail qui donne la parole à des élèves peu portés sur la lecture et l’écriture, a permis de libérer les mots d’une jeunesse qui se cherche. Lorsque j’ai obtenu ma mutation en Polynésie, à Raiatea, en août 2021, le projet m’a suivi et a évolué puisque je l’ai complexifié en y traitant un thème proche de nos élèves des îles Sous-le-Vent : le tatouage polynésien."
 
Inciter les jeunes à écrire, s’assumer, parler de soi
 
Le projet de Nanua Brown comporte plusieurs volets : écriture, photographie et tatouage. À la manière de Fatima Daas dans son livre autobiographique La petite dernière, les élèves de seconde professionnelle ont d'abord écrit une autobiographie anonyme qui s’intitule Je suis multiple. Une élève témoigne : "Au début, ce n’était pas facile de se mettre à écrire, surtout pour parler de soi". Avec l’aide de la documentaliste, madame Malzac, et avec le soutien du proviseur, monsieur Guilloux, les élèves ont d’abord exposé leurs textes au CDI. Ils ont immortalisé l’exposition en prenant des photos d’eux, de dos, avec l'indication Je suis multiple devant la fresque du lycée.
 
Vendredi au Centre de documentation et d’information (CDI) du collège et lycée de Uturoa (LUT), c'était l'heure d'exposer le travail accompli. Trois élèves de la classe de seconde professionnelle en métiers de l’accueil ont présenté, à des élèves de 3e prépa métiers, leur projet d’écriture. Pendant que Lanitea, Ranitea et Tetiareiti guident les élèves de 3e dans la découverte de l’exposition et répondent à leurs questions, "ça veut dire quoi enquiquineuse ?", Nanua Brown glisse, en aparté, que ses élèves sont fiers de leurs écritures grâce à leur rencontre avec l’auteure Hong My Phong, au Salon du livre de décembre dernier. "On a eu l’honneur de lui offrir les textes des élèves. Elle s’en inspirera pour l’écriture de son troisième roman. Ça les a motivés à continuer le projet."
 
Le tatouage en parcours initiatique
 
Pour clôturer l’exposition, les trois lycéennes ont présenté le dernier volet du projet : le tatouage polynésien. Après avoir étudié en cours de français les différents motifs et leurs significations, les élèves ont réalisé, chacun, un bracelet de tatouages polynésiens, reflet de leur identité dans un véritable parcours initiatique. Exposés au-dessus de leurs textes, Lanitea et ses deux camarades ont initié les collégiens, en leur proposant une dernière activité autour du tatouage, pour les amener à parler de leur histoire, de leur identité, eux-mêmes auteurs de petits poèmes autobiographiques en début d’année. Les élèves de 3e ont joué le jeu et se sont décrits à travers le choix de trois motifs parmi Hinena’o, Hoka, Hope vehine ou encore Kokoata.
 
L'exposition Je suis multiple s’exportera dans différents établissements de Raiatea jusqu’au mois de mai, puis est attendue à Taha’a.

Les élèves ont présenté leur travail au CDI du lycée. L'exposition se déplacera dans d'autres établissements de Raiatea et ira même jusqu'à Taha'a.

Le projet comporte plusieurs volets : écriture, photographie et tatouage.

Rédigé par Marion Alexandre le Mercredi 23 Mars 2022 à 16:49 | Lu 1778 fois