Catherine Chavaillon et Eric Olivier ont découvert ensemble 143 objets archéologiques aux Marquises
Hiva Oa, le 17 décembre 2015. Eric Olivier et Catherine Chavaillon ont passé onze ans aux Marquises, désormais, ils habitent dans les Cévennes. Passionnés d'archéologie, ils ont laissé derrière eux un patrimoine exceptionnel. 143 objets issus de leur découverte, résident désormais à l'espace Gauguin d'Atuona. Ils donnent le 18 décembre une conférence sur l'archéologie lors du festival des arts des îles Marquises. Retour en récit sur leur vie dans l'archipel.
L'arrivée en Polynésie
"Nous sommes arrivés en Polynésie en 1990 à bord d'un voilier par Fatu Hiva. Nous sommes restés 6 mois aux Marquises dans les baies de chaque île habitée. Puis nous avons navigué jusqu'à Raiatea où j'ai effectué des remplacements comme professeur dans les matières scientifiques et technologiques. Catherine faisait de la peinture sur tissu et des aquarelles. J'ai continué les remplacements de professeur à Tahiti en 93. Puis en 96, j'ai obtenu un poste aux Marquises à Hiva Oa comme enseignant en mathématiques et technologie."
Les Marquises
"Nous aimons beaucoup marcher en montagne et tout naturellement nous avons été étonnés par la richesse et le nombre des magnifiques vestiges de l'ancienne civilisation marquisienne. Il y a des ensembles de plateformes partout en forêt et on y voit encore parfois des statues ou des dessins gravés dans la pierre ou le keetu (tuf). Nous avons contacté l'archéologue Pierre Ottino sur Nuku Hiva qui voyant notre enthousiasme nous a envoyé les copies traduites par lui de l'inventaire de Ralph Linton, archéologue américain passé vers 1920 aux Marquises. Ces pages sont devenus pendant quelques années notre guide et livre de chevet."
La passion pour l'archéologie
" J'ai cherché pendant des jours les sites que l'archéologue Ralph Linton décrivait en détail mais dont il ne donnait qu'une position très approximative (bas ou haut de telle ou telle vallée), jusqu'à les retrouver presque tous. Et bien évidemment en recherchant des paepae, j'en ai trouvé d'autres, non répertoriés. Je prenais des photos qui montraient des détails des sites ou des statues. J'ai montré ces photos à tous ceux qui s'intéressaient au patrimoine marquisien, et qui sont venus les voir sur mon ordinateur, comme Lucien Kimitete, Toti, Louise Peltzer alors ministre de la Culture, puis en 2002 au nouveau responsable du département archéologie du service de la culture et du patrimoine de Polynésie, Henri Marchesi, qui a été enthousiaste et constructif et nous a proposé d'effectuer l'inventaire en surface des éléments sculptés et gravés dans leur contexte archéologique à Hiva Oa."
"Je savais, par mes fréquentes balades, que c'était un boulot énorme, mais Catherine, fille de deux archéologues africanistes, Jean et Nicole Chavaillon avait baigné dans ce milieu depuis toute petite et n'a pas hésité à se lancer dans cette aventure. Elle avait déjà l'expérience du dessin minutieux des objets archéologiques que ses parents découvraient en Ethiopie."
Un travail de couple
"Nous nous sommes partagés les tâches. Le week-end et lors des vacances, je recherchais et redécouvrais les sites oubliés lors d'incessantes balades, en explorant tous les reliefs particuliers ou ceux qui étaient couverts par des arbres remarquables : aoa (banian), badamier, hutu (Barringtonia), temanu, un toa solitaire (aito). Puis nous retournions ensemble sur les sites intéressants, je nettoyais à la machette la petite végétation pour dégager les alignements et je photographiais et cartographiais. Catherine mesurait, prenait les orientations, puis dessinait les objets lithiques et effectuait les plans, et enfin rédigeait le texte de présentation. Nous n'avons pas effectué de fouilles, mais nous avons ramassé les objets trouvés en surface après les avoir photographiés et notés l'emplacement exact."
"Lors de notre départ de Polynésie en 2011 nous avons donné 143 objets à la commune d'Atuona, exposés dans des vitrines de l'espace Gauguin, à charge pour elle de les conserver correctement. Chaque découverte importante (tiki, pétroglyphe) nous a enchantés, mais notre première grande (re)découverte du mea'e de Makamea, avec ces gravures de tiki que je palpais avec mes doigts sur une dalle renversée, ou le site aérien de Taaovea sur une arête rocheuse, ou bien encore les pétroglyphes du rocher Ahamea, aperçus sous la mousse, sont autant de souvenirs de pure jubilation, plaisir et ravissement."
Découverte de nouveaux rochers gravés de pétroglyphes
"En 2007, notre travail a été publié dans le dossier d'archéologie polynésienne, collection initiée par Henri Marchesi. Cette publication n’est pas exhaustive, il y a encore des centaines de sites à recenser dans les vallées très éloignées. Nous avons continué nos recherches et nous avons trouvé beaucoup de gros rochers gravés de pétroglyphes, enfouis sous une mince couche de racines et de terre, qui ont fait l'objet d'un rapport, mais nous n'avons pas encore fait de publication sur ce sujet. Nous présenterons un diaporama lors du festival montrant ces rochers gravés. L'équipe de l'émission ''des Racines et des ailes'' était passée en 2010 à Hiva Oa avec Pierre Ottino, et nous leur avons présenté Ahamea, l'un de ces rochers magnifiques, couvert de gravures dont un pétroglyphe unique représentant vraisemblablement une naissance…"
Propos recueillis par Noémie Debot-Ducloyer, avec Eric Olivier
Vendredi 18 décembre - 16h00 au Tohua Pepeu d'Atuona - Conférence sur l’Archéologie aux Marquises - Eric Olivier et Catherine Chavaillon
L'arrivée en Polynésie
"Nous sommes arrivés en Polynésie en 1990 à bord d'un voilier par Fatu Hiva. Nous sommes restés 6 mois aux Marquises dans les baies de chaque île habitée. Puis nous avons navigué jusqu'à Raiatea où j'ai effectué des remplacements comme professeur dans les matières scientifiques et technologiques. Catherine faisait de la peinture sur tissu et des aquarelles. J'ai continué les remplacements de professeur à Tahiti en 93. Puis en 96, j'ai obtenu un poste aux Marquises à Hiva Oa comme enseignant en mathématiques et technologie."
Les Marquises
"Nous aimons beaucoup marcher en montagne et tout naturellement nous avons été étonnés par la richesse et le nombre des magnifiques vestiges de l'ancienne civilisation marquisienne. Il y a des ensembles de plateformes partout en forêt et on y voit encore parfois des statues ou des dessins gravés dans la pierre ou le keetu (tuf). Nous avons contacté l'archéologue Pierre Ottino sur Nuku Hiva qui voyant notre enthousiasme nous a envoyé les copies traduites par lui de l'inventaire de Ralph Linton, archéologue américain passé vers 1920 aux Marquises. Ces pages sont devenus pendant quelques années notre guide et livre de chevet."
La passion pour l'archéologie
" J'ai cherché pendant des jours les sites que l'archéologue Ralph Linton décrivait en détail mais dont il ne donnait qu'une position très approximative (bas ou haut de telle ou telle vallée), jusqu'à les retrouver presque tous. Et bien évidemment en recherchant des paepae, j'en ai trouvé d'autres, non répertoriés. Je prenais des photos qui montraient des détails des sites ou des statues. J'ai montré ces photos à tous ceux qui s'intéressaient au patrimoine marquisien, et qui sont venus les voir sur mon ordinateur, comme Lucien Kimitete, Toti, Louise Peltzer alors ministre de la Culture, puis en 2002 au nouveau responsable du département archéologie du service de la culture et du patrimoine de Polynésie, Henri Marchesi, qui a été enthousiaste et constructif et nous a proposé d'effectuer l'inventaire en surface des éléments sculptés et gravés dans leur contexte archéologique à Hiva Oa."
"Je savais, par mes fréquentes balades, que c'était un boulot énorme, mais Catherine, fille de deux archéologues africanistes, Jean et Nicole Chavaillon avait baigné dans ce milieu depuis toute petite et n'a pas hésité à se lancer dans cette aventure. Elle avait déjà l'expérience du dessin minutieux des objets archéologiques que ses parents découvraient en Ethiopie."
Un travail de couple
"Nous nous sommes partagés les tâches. Le week-end et lors des vacances, je recherchais et redécouvrais les sites oubliés lors d'incessantes balades, en explorant tous les reliefs particuliers ou ceux qui étaient couverts par des arbres remarquables : aoa (banian), badamier, hutu (Barringtonia), temanu, un toa solitaire (aito). Puis nous retournions ensemble sur les sites intéressants, je nettoyais à la machette la petite végétation pour dégager les alignements et je photographiais et cartographiais. Catherine mesurait, prenait les orientations, puis dessinait les objets lithiques et effectuait les plans, et enfin rédigeait le texte de présentation. Nous n'avons pas effectué de fouilles, mais nous avons ramassé les objets trouvés en surface après les avoir photographiés et notés l'emplacement exact."
"Lors de notre départ de Polynésie en 2011 nous avons donné 143 objets à la commune d'Atuona, exposés dans des vitrines de l'espace Gauguin, à charge pour elle de les conserver correctement. Chaque découverte importante (tiki, pétroglyphe) nous a enchantés, mais notre première grande (re)découverte du mea'e de Makamea, avec ces gravures de tiki que je palpais avec mes doigts sur une dalle renversée, ou le site aérien de Taaovea sur une arête rocheuse, ou bien encore les pétroglyphes du rocher Ahamea, aperçus sous la mousse, sont autant de souvenirs de pure jubilation, plaisir et ravissement."
Découverte de nouveaux rochers gravés de pétroglyphes
"En 2007, notre travail a été publié dans le dossier d'archéologie polynésienne, collection initiée par Henri Marchesi. Cette publication n’est pas exhaustive, il y a encore des centaines de sites à recenser dans les vallées très éloignées. Nous avons continué nos recherches et nous avons trouvé beaucoup de gros rochers gravés de pétroglyphes, enfouis sous une mince couche de racines et de terre, qui ont fait l'objet d'un rapport, mais nous n'avons pas encore fait de publication sur ce sujet. Nous présenterons un diaporama lors du festival montrant ces rochers gravés. L'équipe de l'émission ''des Racines et des ailes'' était passée en 2010 à Hiva Oa avec Pierre Ottino, et nous leur avons présenté Ahamea, l'un de ces rochers magnifiques, couvert de gravures dont un pétroglyphe unique représentant vraisemblablement une naissance…"
Propos recueillis par Noémie Debot-Ducloyer, avec Eric Olivier
Vendredi 18 décembre - 16h00 au Tohua Pepeu d'Atuona - Conférence sur l’Archéologie aux Marquises - Eric Olivier et Catherine Chavaillon