Au cœur du cerveau de nos enfants


Marie Goëtz, en charge de la mission neuro-éducation en Polynésie, est récemment intervenue à Vairao et Taravao (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 19 avril 2024 - Comprendre le fonctionnement du cerveau pour mieux apprendre, c’est l’objectif de la neuro-éducation. En Polynésie, Marie Goëtz, inspectrice de l’Éducation nationale, a la charge d’une mission dédiée depuis un an et demi. Une centaine de parents, enseignants et élus ont bénéficié de ses explications et conseils à Taiarapu-Ouest, mercredi soir.

“Familles, parlons cerveau !” C’est ainsi que Marie Goëtz, inspectrice de l’Éducation nationale à Papeete et Pirae, en charge de la mission neuro-éducation en Polynésie française de la maternelle jusqu’au lycée, a ouvert son intervention, mercredi 17 avril, à l’école Potii de Vairao, à Taiarapu-Ouest. Parents, enseignants et élus locaux, une centaine de personnes avaient répondu à l’invitation pour s’informer sur ce sujet aussi passionnant que complexe.
 
Selon l’académie de Versailles, où Marie Goëtz a précédemment exercé, la neuro-éducation est une “discipline née de la rencontre des sciences cognitives et des sciences de l’éducation”, qui “cherche à optimiser les méthodes pédagogiques en fonction de l’activité normale, spontanée du cerveau”. Émergente en France, cette approche est encore plus récente en Polynésie, où une mission dédiée a été créée il y a un an et demi.
 

Immaturité et bienveillance

Cartographie du cerveau, effets des hormones, réflexes archaïques et gestion des émotions sont quelques-unes des thématiques qui ont été évoquées lors de cette intervention. Certains parents ont profité de cette occasion inédite pour prendre des notes et poser des questions. “Comment gérer les émotions de son enfant quand on n’arrive pas à gérer nos propres émotions ? Quelle attitude adopter face aux écrans ? Quels sont les effets de l’alcool et du paka sur le cerveau des ados ?”
 
Mieux comprendre le fonctionnement du cerveau des enfants permet de mieux réagir, mais aussi de mieux apprendre. Parmi les approches encouragées par Marie Goëtz, la bienveillance prime pour la simple et bonne raison que le cerveau humain n’est pas pleinement mature avant 25 ans. “Lors de ces formations, je fais passer des messages sur deux grands fléaux en Polynésie : la violence intrafamiliale et la violence éducative. J’essaie de montrer, en reprenant notamment les travaux de Catherine Gueguen, que les humiliations verbales ou physiques répétées ont des effets nocifs sur le développement du cerveau et les apprentissages.”
 
Plusieurs astuces pour éduquer sans punir ont été détaillées pour outiller les parents et les enseignants, toutes axées sur une réflexion par rapport aux besoins fondamentaux des enfants. Impossible de tout aborder en deux heures, mais la neuro-éducation s’intéresse aussi à différentes techniques pour favoriser l’attention, la motivation ou encore la mémorisation.
 

Associer les parents

Pour l’inspecteur de la circonscription pédagogique de Taiarapu et des Australes, Pierre Chin Meun, cette première rencontre, également proposée à Taravao il y a quelques semaines, ne sera pas la dernière. “On veut associer les parents, les enseignants et les élus à la réflexion en tant que communauté éducative. Il y aura d'autres rendez-vous sur d'autres thématiques : le prochain sera sur le climat scolaire et le harcèlement à l’école”, annonce le référent local du premier degré. En matière de neuro-éducation et de bien-être à l’école, la première “salle sensorielle” de la circonscription pourrait être inaugurée à la rentrée d’août à l’école Potii.
 

Pratique

Une page Facebook vient d’être créée pour enrichir le sujet : Neuroéducation PF. Un séminaire complet se tiendra du 15 au 17 mai, à Pirae (DGEE).
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 19 Avril 2024 à 12:20 | Lu 2007 fois