l'association Haururu a convié, le temps d'un week-end, tradi-praticiens et professionnels de santé. Le motif ? Un séminaire annuel où se croisent médecine traditionnelle (médecine "intégrative") et médecine contemporaine, tissant des liens entre passé et présent, entre science et soins ancestraux. Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 31 août 2024 - Eric Parrat œuvre depuis 25 ans à la reconnaissance de la médecine traditionnelle polynésienne. Ce week-end, comme chaque année, il organise un séminaire au Fare Hape, au cœur de la vallée de la Papenoo, en présence de professionnels de santé, de tradi-praticiens... Reportage.
Au creux de la vallée de la Papenoo, le Fare Hape se dresse comme un sanctuaire de la mémoire polynésienne. C'est ici, sous un ciel humide et dans une atmosphère lourde de traditions, que l'association Haururu a convié, le temps d'un week-end, tradi-praticiens et professionnels de santé. Le motif ? Un séminaire annuel où se croisent médecine traditionnelle (médecine "intégrative") et médecine contemporaine, tissant des liens entre passé et présent, entre science et soins ancestraux.
Au premier matin de ce séminaire, le président de l'association, Éric Parrat, arborait un sourire empreint de fierté. Cette réunion d'esprits, issue de tous horizons -médecins, historiens, tradi-praticiens, et même le ministre de la Santé, Cédric Mercadal -, relève du prodige. Parrat, à l'origine de ce projet en 2000, n'aurait jamais imaginé une telle confluence d'intelligences et de convictions, tant au départ, il y a 25 ans, ces adeptes de la médecine traditionnelles peinaient à se dévoiler."On est très surpris de ce qui se passe aujourd'hui, d'avoir pu rassembler tout ce monde, car c'était un challenge" s'est d'ailleurs félicité Eric Parrat, "On a réussi à mettre tout le monde ensemble, médecine traditionnelle et celle basée sur des preuves scientifiques. On se rencontre plus de 20 ans après et ça donne un événement exceptionnel, que la planète entière nous envie. Je vais d'ailleurs très bientôt aller présenter le résultat de nos années de travail en France, dans un congrès de ma spécialité, la pneumologie. La question sera : comment avez-vous fait pour obtenir ces résultats ? Eh bien, disons-le, la Polynésie est faite pour ça, on ne sait pas comment, mais ça marche."
Les participants, qu'ils soient là pour assister aux ateliers de discussions sur l'alimentation, l'obésité, mère et enfant, médecine traditionnelle, pratiques complémentaires, et langue et culture polynésiennes, semblaient unis par un même fil conducteur : démontrer l'importance de la médecine traditionnelle dans les parcours de soin contemporains, ou tout simplement curieux d'en apprendre davatange.
Au creux de la vallée de la Papenoo, le Fare Hape se dresse comme un sanctuaire de la mémoire polynésienne. C'est ici, sous un ciel humide et dans une atmosphère lourde de traditions, que l'association Haururu a convié, le temps d'un week-end, tradi-praticiens et professionnels de santé. Le motif ? Un séminaire annuel où se croisent médecine traditionnelle (médecine "intégrative") et médecine contemporaine, tissant des liens entre passé et présent, entre science et soins ancestraux.
Au premier matin de ce séminaire, le président de l'association, Éric Parrat, arborait un sourire empreint de fierté. Cette réunion d'esprits, issue de tous horizons -médecins, historiens, tradi-praticiens, et même le ministre de la Santé, Cédric Mercadal -, relève du prodige. Parrat, à l'origine de ce projet en 2000, n'aurait jamais imaginé une telle confluence d'intelligences et de convictions, tant au départ, il y a 25 ans, ces adeptes de la médecine traditionnelles peinaient à se dévoiler."On est très surpris de ce qui se passe aujourd'hui, d'avoir pu rassembler tout ce monde, car c'était un challenge" s'est d'ailleurs félicité Eric Parrat, "On a réussi à mettre tout le monde ensemble, médecine traditionnelle et celle basée sur des preuves scientifiques. On se rencontre plus de 20 ans après et ça donne un événement exceptionnel, que la planète entière nous envie. Je vais d'ailleurs très bientôt aller présenter le résultat de nos années de travail en France, dans un congrès de ma spécialité, la pneumologie. La question sera : comment avez-vous fait pour obtenir ces résultats ? Eh bien, disons-le, la Polynésie est faite pour ça, on ne sait pas comment, mais ça marche."
Les participants, qu'ils soient là pour assister aux ateliers de discussions sur l'alimentation, l'obésité, mère et enfant, médecine traditionnelle, pratiques complémentaires, et langue et culture polynésiennes, semblaient unis par un même fil conducteur : démontrer l'importance de la médecine traditionnelle dans les parcours de soin contemporains, ou tout simplement curieux d'en apprendre davatange.
Garder la flamme vivante, préserver la mémoire
Cependant, pour que les ra'au tahiti, ces remèdes traditionnels, déploient toute leur puissance, il ne suffit pas de croire en leur efficacité. Encore faut-il savoir les préparer, un art qui se transmet de génération en génération et qui, malheureusement, tend à se perdre. "C'est ma mère et mon père qui m'ont transmis ce savoir", raconte Éliane, connue sous le nom de Taurea, une tradi-praticienne dont les gestes perpétuent un héritage familial complexe. Chez elle, le temps semble s'être arrêté. Les gens viennent à sa rencontre, comme autrefois, pour trouver le remède à leurs maux. "Je récolte moi-même les herbes dans les vallées environnantes et je prépare les ra'au en fonction des besoins de chacun", explique-t-elle à Tahiti Infos. Pour Taurea, de tels événements sont cruciaux pour écourager l'émergence de tradi-praticien : "Notre pratique doit renaître de ses cendres. Beaucoup ont peur ou honte, mais il est temps de redonner vie à nos ra'au médicinales."
Un sentiment partagé par Marania Penanhoat, présidente de l'association des jeunes médecins polynésiens. Bien que ce sujet divise encore les professionnels de santé formés à la médecine contemporaine, elle reconnaît l'importance d'ouvrir son esprit à d'autres approches. "Nous, c'est notre culture, alors c'est différent que si nous venions de l'extérieur. Mais il faut être lucide, la médecine occidentale ne résout pas tout et il faut le reconnaître, et donc avoir l'ouverture d'esprit de voir d'autres personnes soigner avec d'autres méthodes. Ça ne peut qu'aider les malades."
Eliane, dit Taurea, tradi-praticienne. Crédit photo : Thibault Segalard.
D'autant que, comme nous l'apprend Eric Parrat, les chiffrent parlent d'eux même. Selon la dernière enquête de Haururu, plus de 70% des professionnels de santé sur le territoire seraient favorables à l'intégration de la médecine traditionnelle dans les parcours de soins. Une tendance accentuée par les conséquences de la crise du COVID-19, comme l'explique Jenny Torea, tradi-praticienne au Taaone depuis 2019. "La pandémie a tout changé. Les malades étaient désespérés, et sans espoir face à la maladie" a-t-elle confié en tahitien.
Un système de santé "à changer"
Pour le docteur Parrat, le succès de cette intégration est une source de satisfaction immense. Il espère désormais, avec le soutien du ministre, initier un changement profond du système de santé. "On ne peut plus continuer comme ça, il faut que tout le monde se responsabilise. Les dépenses sont colossales, abyssales. Il faut désormais se concentrer sur les soins pour réduire cette pression. Il faut qu'on évolue, depuis le COVID, tous les systèmes de santé se sont effondrés. On a montré qu'on était plus capable de répondre aux besoins. Il faut changer de paradigme, de modèle, et on a démontré que c'était possible", a-t-il confié à la presse.
Cédric Mercadal, présent lors de cette première journée d'échanges, a exprimé un timide enthousiasme face aux déclarations de toate Parrat. Mais s'il se montre prudent, il reconnaît néanmoins le rôle crucial que joue la médecine traditionnelle au Fenua : "Je pense que nous partageons une vision commune. La médecine traditionnelle polynésienne est un allié dont nous avons besoin."
Les discussions entamées au Fare Hape ne se termineront pas avec le séminaire. Elles ont allumé une flamme, celle de la médecine traditionnelle, qui brûle chaque année plus densément et qui continuera à se propager bien au-delà des murs de pierre de cette vallée. Ce savoir ancestral, vital pour l'identité, mais aussi la santé des Polynésiens, trouve une nouvelle vigueur. Désormais, il s'insère peu à peu dans le quotidien, que ce soit à l'hôpital, en cabinet, ou au cœur des foyers. Le chemin parcouru jusqu'ici marque le début d'une révolution douce, un retour aux sources.
Un système de santé "à changer"
Pour le docteur Parrat, le succès de cette intégration est une source de satisfaction immense. Il espère désormais, avec le soutien du ministre, initier un changement profond du système de santé. "On ne peut plus continuer comme ça, il faut que tout le monde se responsabilise. Les dépenses sont colossales, abyssales. Il faut désormais se concentrer sur les soins pour réduire cette pression. Il faut qu'on évolue, depuis le COVID, tous les systèmes de santé se sont effondrés. On a montré qu'on était plus capable de répondre aux besoins. Il faut changer de paradigme, de modèle, et on a démontré que c'était possible", a-t-il confié à la presse.
Cédric Mercadal, présent lors de cette première journée d'échanges, a exprimé un timide enthousiasme face aux déclarations de toate Parrat. Mais s'il se montre prudent, il reconnaît néanmoins le rôle crucial que joue la médecine traditionnelle au Fenua : "Je pense que nous partageons une vision commune. La médecine traditionnelle polynésienne est un allié dont nous avons besoin."
Les discussions entamées au Fare Hape ne se termineront pas avec le séminaire. Elles ont allumé une flamme, celle de la médecine traditionnelle, qui brûle chaque année plus densément et qui continuera à se propager bien au-delà des murs de pierre de cette vallée. Ce savoir ancestral, vital pour l'identité, mais aussi la santé des Polynésiens, trouve une nouvelle vigueur. Désormais, il s'insère peu à peu dans le quotidien, que ce soit à l'hôpital, en cabinet, ou au cœur des foyers. Le chemin parcouru jusqu'ici marque le début d'une révolution douce, un retour aux sources.
En pleine préparation du ra'au he'a. Une boisson faite pour "purifier et nettoyer" les femmes enceintes malades. Crédit photo : Thibault Segalard.