Au chevet du climat scolaire à Bora Bora


Tahiti, le 28 septembre 2023 - Le ministre de l’Éducation et la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance se sont rendus mercredi à Bora Bora pour prendre la température des établissements de l’île et rechercher des solutions pour lutter contre les violences en milieu scolaire.
 
Alors que l’agression d’un jeune vient secouer la communauté universitaire, le ministre de l’Éducation Ronny Teriipaia était mercredi en déplacement à Bora Bora, en compagnie de la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Prévention contre la délinquance, Nahema Temarii. Avec en filigrane, l’ambition d’adresser un signal fort en direction de la population de l’île : “Certains faits de violence ont attiré notre attention. Bora Bora n’est pas au-dessus de la norme en la matière, mais c’est l’occasion de s’intéresser à ce problème”, a déclaré la ministre.  

Solutions en synergie

Accueillie par l’équipe de direction du lycée Ihi Tea no Vavau, le maire Gaston Tong Sang et des membres de l’équipe municipale, la délégation ministérielle s’est rendue dans cet établissement du secondaire afin d’y rencontrer tous les partenaires impliqués dans la lutte contre l’insécurité et la violence à l’école. Personnels de la vie scolaire, membre de l’association des parents d’élèves, représentants des directeurs d’école et des forces de l’ordre ainsi que des confessions religieuses étaient tous réunis autour de la table pour tenter de poser un diagnostic et d’envisager des solutions pérennes. Pour le ministre de l’Éducation, il s’agit de “recueillir ce qu’il y a de meilleur chez chaque partenaire afin de favoriser la réussite des élèves. Tous nos élèves peuvent réussir si nous menons une action qui nous ressemble et nous rassemble”.
 
Un effort collectif de tous les acteurs de la communauté insulaire qui illustre bien la nécessité de prendre en compte les problèmes de société, comme la perte des valeurs qui, selon le ministre de l’Éducation, doivent être rappelées au sein de l’école. Ronny Teriipaia souligne à cet égard les initiatives déjà en place : la présence de médiateurs recrutés par la commune, l’action des associations de parents d’élèves et celle des confessions religieuses qui “jouent un rôle important en Polynésie”. 

Les personnels du lycée ont aussi mis en avant les actions de prévention de la violence menées depuis plusieurs années : stages contre le harcèlement ou encore des formations à la communication non-violente, dispensées dans les écoles grâce à l’association Ia Vai Ma Noa Bora Bora. “Nous progressons dans le bon sens”, estime Céline Reinier, proviseure adjointe du lycée Ihi Tea no Vavau qui regrette les idées reçues sur le climat scolaire dans l’établissement. “On ne peut pas réduire le travail de toute une communauté scolaire à un incident”, relativise-t-elle.

Le ministre a souhaité également rencontrer dans un second temps les personnels enseignants volontaires des premier et second degrés, les directeurs d’écoles, les membres du Dispositif d’aides spécialisées pour les élèves en difficulté (Dased) ainsi que les agents. Comme le souligne la ministre en charge de la Prévention de la délinquance : “Nous avons besoin de l’expérience sur le terrain : il faut tenir compte du vécu des gens de Bora Bora pour trouver des solutions.” 

De ces échanges sont nées un certain nombre de propositions, comme la multiplication de moments d’échanges conviviaux au cours de l’année afin de permettre à chaque élève de se sentir “accueilli dans un environnement familier” et de “trouver sa voie”, explique Ronny Teriipaia. “L’augmentation du niveau scolaire est un idéal accessible” précise le ministre, en soulignant l’importance de l’“effet Pygmalion” devant les enseignants. 

Des moyens matériels indispensables

Force est de constater que l’environnement dans lequel évoluent les élèves a un impact important sur leur avenir scolaire. Le lycée, inauguré en septembre 2018 par Édouard Fritch, est certes “un très bel établissement” dans lequel les “élèves ont toutes les conditions pour réussir”, affirme le ministre de l’Éducation.

La délégation a pu s’en rendre compte lors d’une visite rapide de l’établissement scolaire. Un lycée qui accueille aujourd’hui au-delà de sa capacité limite avec 1 071 élèves alors qu’il a été conçu pour en recevoir 800. “À l’horizon 2025, les effectifs devraient monter à 1 150 voire 1 200 élèves” estime Dominique Mériguet. Le proviseur du lycée a d’ailleurs ouvert la réunion en rappelant ces données démographiques avant de présenter aux deux ministres une proposition d’extension du lycée. Le problème de l’accueil des élèves par un personnel en nombre suffisant parait incontournable.

Une question de moyens matériels et humains garante d’un climat scolaire apaisé. Pour l’heure, la création d’un poste d’assistante sociale présente à plein temps dans l’établissement, constitue un élément de réflexion pour le ministre. Il envisage d’ailleurs une consultation globale en Polynésie et assure vouloir traiter les demandes en besoins humains lors du dialogue de gestion qui aura lieu au mois de novembre en métropole. Reste que le nombre de surveillants est aujourd’hui encore insuffisant au lycée, situation qui rend nécessaire le recrutement de médiateurs supplémentaires en attendant l’arrivée de renforts en charge de la vie scolaire, à l’instar de ce qui s’est déjà fait en début d’année. 

Progrès à poursuivre

À l’issue de cette journée d’échanges, le ministre a assuré ne pas être dans la démarche de “visiter pour visiter”, mais bien attendre un suivi à cette première rencontre. “Trouver des solutions avec ce qui existe déjà” pour faire face aux problèmes de violence et “réfléchir aux moyens pour lutter contre les problèmes de harcèlement et de violence dans l’ensemble de la Polynésie”. Un objectif affirmé par les deux ministres qui se font fort de travailler en “interministérialité” pour venir à bout de cette question.

La mise en place d’un Conseil local de sécurité et de prévention contre la délinquance sous l’égide de la mairie, en partenariat avec l’État et le Pays a pour objectif de répondre à la nécessité de concertation pour lutter contre la violence en milieu scolaire. Le retour de Nameha Temarii ce samedi à Bora Bora dans le cadre de l’opération Gene’raction montre la volonté des responsables politiques de s’engager au moins à moyen terme auprès des familles et des associations de l’île.

Rédigé par Lucie Scarparo le Jeudi 28 Septembre 2023 à 19:11 | Lu 1468 fois