Rio de Janeiro, Brésil | AFP | vendredi 23/09/2021 - Les pieds de marijuana poussent sur les hauteurs d'une ferme en plein soleil, dans une zone montagneuse près de Rio: rien à voir avec le trafic de stupéfiants, ils appartiennent à une ONG pionnière au Brésil dans la production de cannabis médical.
Pour accéder à la ferme depuis Rio de Janeiro, il faut faire deux heures de route, puis parcourir un sinueux chemin de terre.
À l'entrée, aucun signe extérieur ne suggère qu'on y cultive 2.000 pieds de cannabis pour soulager des patients atteints d'autisme sévère, de sclérose en plaques ou d'épilepsie.
Et pour cause: ce genre de plantation n'est pas autorisé par la loi brésilienne, et l'association bénéficie d'une dérogation spéciale sur décision judiciaire.
"Si l'on suit la législation à la lettre, rien ne nous autorise à faire ça", admet pour l'AFP Margarete Brito, fondatrice de l'Apepi, association qui produit des huiles thérapeutiques artisanales.
La plantation de marijuana demeure illégale au Brésil, mais Mme Brito et son mari, Marcos Langenbach, ont obtenu en 2016 une autorisation judiciaire inédite pour cultiver cette plante afin de soulager les crises d'épilepsie de leur fille Sofia, âgée de 12 ans aujourd'hui.
"En 2013, nous avons vu sur Facebook l'histoire d'une petite fille épileptique qui prenait des médicaments et qui avait l'air d'aller bien. Et même si c'était illégal, j'ai ramené" de l'huile de cannabis au Brésil, admet-elle.
"Au début, ça n'a pas fait une grande différence, parce que c'était de l'huile industrielle. Mais après nous avons découvert qu'une huile artisanale, faite avec toute la plante, fonctionnait mieux. Nous avons donc appris à planter du cannabis", raconte cette avocate de formation.
Clôtures électriques
Sur le terrain protégé par des barbelés et des clôtures électriques, un ingénieur agronome se fraie un chemin entre les pieds poussant dans de grands pots noirs, le long des écriteaux sur lesquels on peut lire le nom de chaque variété: Purple Wreck, Schanti, Doctor, Harle Tsu, Solar, CBG.
De quoi produire des huiles thérapeutiques qui correspondent aux besoins de chaque patient, avec des taux plus ou moins élevés de substances comme le CBD (cannabidiol), non psychotrope et aux vertus relaxantes.
À l'aide d'un microscope de poche, il examine chaque pied pour évaluer le moment idéal pour la cueillette.
En avril, des policiers armés ont fait irruption dans la ferme, avec des chiens renifleurs, après avoir reçu une dénonciation d'une personne venue travailler dans la rénovation du laboratoire.
"Beaucoup de gens ont des préjugés. On explique bien comment fonctionne notre projet à tout le monde, mais cette personne a cru que nous étions des narcotrafiquants et nous a dénoncés", raconte Manoel Caetano, gérant de la ferme.
Au final, quand les policiers ont compris qu'il s'agissait d'une plantation de cannabis à usage médical, ils ont mis fin à la perquisition.
"Ils se sont même excusés, parce qu'ils savent qu'on a une vraie légitimité sociale. C'est cela qui nous protège", dit Margarete Brito, dont l'association a tissé des partenariats avec des institutions scientifiques de renom, comme la fondation Fiocruz ou l'Université de Campinas.
Plus accessible
Durant la pandémie, l'Apepi a multiplié par cinq son nombre d'adhérents, passant de 300 à 1.500 membres en moins de deux ans.
Parmi eux, Gabriel Guerra, 19 ans, atteint d'une forme sévère d'autisme et de paralysie cérébrale. Quand il avait huit ans, il lui arrivait de faire 60 crises convulsives par jour.
"Mais quand il a commencé à prendre de l'huile artisanale, quelques gouttes trois fois jour, ces crises ont cessé. Il est plus autonome à présent", explique son père, Ricardo Guerra.
Grâce à l'association, les produits sont beaucoup plus accessibles: 150 reais (environ 25 euros) le flacon de 30 ml, tandis que les produits importés sont vendus de 600 à 3.000 reais (97 à 480 euros).
L'Apepi est en attente d'une nouvelle décision judiciaire qui pourrait lui permettre d'augmenter sa production à 10.000 pieds dès l'an prochain.
Mais l'association ne se fait pas trop d'illusions sur une légalisation prochaine du cannabis médical: le président Jair Bolsonaro a déjà indiqué qu'il opposerait son véto à un projet de loi en cours d'analyse au Parlement.
Pour accéder à la ferme depuis Rio de Janeiro, il faut faire deux heures de route, puis parcourir un sinueux chemin de terre.
À l'entrée, aucun signe extérieur ne suggère qu'on y cultive 2.000 pieds de cannabis pour soulager des patients atteints d'autisme sévère, de sclérose en plaques ou d'épilepsie.
Et pour cause: ce genre de plantation n'est pas autorisé par la loi brésilienne, et l'association bénéficie d'une dérogation spéciale sur décision judiciaire.
"Si l'on suit la législation à la lettre, rien ne nous autorise à faire ça", admet pour l'AFP Margarete Brito, fondatrice de l'Apepi, association qui produit des huiles thérapeutiques artisanales.
La plantation de marijuana demeure illégale au Brésil, mais Mme Brito et son mari, Marcos Langenbach, ont obtenu en 2016 une autorisation judiciaire inédite pour cultiver cette plante afin de soulager les crises d'épilepsie de leur fille Sofia, âgée de 12 ans aujourd'hui.
"En 2013, nous avons vu sur Facebook l'histoire d'une petite fille épileptique qui prenait des médicaments et qui avait l'air d'aller bien. Et même si c'était illégal, j'ai ramené" de l'huile de cannabis au Brésil, admet-elle.
"Au début, ça n'a pas fait une grande différence, parce que c'était de l'huile industrielle. Mais après nous avons découvert qu'une huile artisanale, faite avec toute la plante, fonctionnait mieux. Nous avons donc appris à planter du cannabis", raconte cette avocate de formation.
Clôtures électriques
Sur le terrain protégé par des barbelés et des clôtures électriques, un ingénieur agronome se fraie un chemin entre les pieds poussant dans de grands pots noirs, le long des écriteaux sur lesquels on peut lire le nom de chaque variété: Purple Wreck, Schanti, Doctor, Harle Tsu, Solar, CBG.
De quoi produire des huiles thérapeutiques qui correspondent aux besoins de chaque patient, avec des taux plus ou moins élevés de substances comme le CBD (cannabidiol), non psychotrope et aux vertus relaxantes.
À l'aide d'un microscope de poche, il examine chaque pied pour évaluer le moment idéal pour la cueillette.
En avril, des policiers armés ont fait irruption dans la ferme, avec des chiens renifleurs, après avoir reçu une dénonciation d'une personne venue travailler dans la rénovation du laboratoire.
"Beaucoup de gens ont des préjugés. On explique bien comment fonctionne notre projet à tout le monde, mais cette personne a cru que nous étions des narcotrafiquants et nous a dénoncés", raconte Manoel Caetano, gérant de la ferme.
Au final, quand les policiers ont compris qu'il s'agissait d'une plantation de cannabis à usage médical, ils ont mis fin à la perquisition.
"Ils se sont même excusés, parce qu'ils savent qu'on a une vraie légitimité sociale. C'est cela qui nous protège", dit Margarete Brito, dont l'association a tissé des partenariats avec des institutions scientifiques de renom, comme la fondation Fiocruz ou l'Université de Campinas.
Plus accessible
Durant la pandémie, l'Apepi a multiplié par cinq son nombre d'adhérents, passant de 300 à 1.500 membres en moins de deux ans.
Parmi eux, Gabriel Guerra, 19 ans, atteint d'une forme sévère d'autisme et de paralysie cérébrale. Quand il avait huit ans, il lui arrivait de faire 60 crises convulsives par jour.
"Mais quand il a commencé à prendre de l'huile artisanale, quelques gouttes trois fois jour, ces crises ont cessé. Il est plus autonome à présent", explique son père, Ricardo Guerra.
Grâce à l'association, les produits sont beaucoup plus accessibles: 150 reais (environ 25 euros) le flacon de 30 ml, tandis que les produits importés sont vendus de 600 à 3.000 reais (97 à 480 euros).
L'Apepi est en attente d'une nouvelle décision judiciaire qui pourrait lui permettre d'augmenter sa production à 10.000 pieds dès l'an prochain.
Mais l'association ne se fait pas trop d'illusions sur une légalisation prochaine du cannabis médical: le président Jair Bolsonaro a déjà indiqué qu'il opposerait son véto à un projet de loi en cours d'analyse au Parlement.