Attentat raté sur les Champs-Elysées: des gardes à vue, questions sur la détention d'armes


Paris, France | AFP | mardi 20/06/2017 - Fiché pour radicalisation et autorisé à détenir des armes: les questions se multiplient autour du cas d'Adam Djaziri, mort lundi dans un attentat raté sur les Champs-Elysées et dont quatre membres de la famille ont été placés en garde à vue.
L'homme, 31 ans, était fiché depuis 2015 pour son appartenance à la mouvance islamiste radicale. Il disposait néanmoins d'une autorisation de détention d'arme car il pratiquait le tir sportif.
Lundi, peu avant 16H00, Adam Djaziri n'a fait d'autre victime que lui-même en fonçant contre un véhicule des gendarmes mobiles, près de deux mois après l'assassinat d'un policier le 20 avril par un jihadiste tué par les forces de l'ordre, déjà à deux pas du Rond-Point des Champs-Elysées.
Grièvement blessé, l'assaillant a succombé peu après. Des traces de brûlures ont été relevées sur son corps mais l'on ignore encore les causes précises de la mort, selon une source proche du dossier.
Si l'attaque n'a pas été revendiquée, ce mode opératoire et ce type de cible sont ceux préconisés par les jihadistes.
Deux bonbonnes de gaz fermées, sans dispositif de mise à feu, un fusil d'assaut israélien, deux armes de poing et un important stock de munitions ont été retrouvés dans sa voiture.
Les perquisitions menées à son domicile dans l'Essonne ont permis de découvrir un autre "stock d'armes", selon une source proche du dossier. Neuf étaient enregistrées auprès des autorités, dont trois étaient soumises à une autorisation particulière (deux pistolets et une carabine).
A la veille de la présentation en Conseil des ministres d'un nouveau projet de loi antiterroriste, le Premier ministre Edouard Philippe a reconnu mardi sur RMC/BFMTV que "personne ne pouvait se satisfaire" de cette situation.
  - Autorisation renouvelée -  
L'homme, qui n'a jamais été condamné, avait été repéré pour sa radicalisation et faisait l'objet d'une fiche S (pour Sûreté de l'Etat) après plusieurs voyages en Turquie qui intéressent les enquêteurs. Il avait invoqué des motifs professionnels pour justifier ces déplacements dans ce pays connu pour être une voie d'accès privilégiée des jihadistes européens vers la Syrie.
"Ce que je sais à ce stade, c'est que la première autorisation de détention d'armes a été donnée avant le signalement de cet individu (...) Et au moment où l'autorisation a été donnée il n'y avait aucun antécédent judiciaire qui aurait justifié une décision de ne pas autoriser la détention d'armes", a indiqué Edouard Philippe.
Djaziri était licencié "depuis six ans" à la Fédération française de tir, a indiqué à l'AFP son président Philippe Crochard. "Deux gendarmes étaient venus en octobre 2016 (à son club de tir, ndlr) et avaient posé des questions sur cet individu. Ce n'est pas une procédure habituelle donc je présume qu'ils avaient de bonnes raisons", a-t-il ajouté.
Il avait fait une demande de renouvellement de son autorisation en février 2017, a-t-on appris de source proche du dossier.
Son père, son ex-épouse, son frère et sa belle-soeur été ont été interpellés lundi soir dans le pavillon de banlieue de Plessis-Pâté (Essonne) où la famille vit depuis 28 ans, et placés en garde à vue.
"On pouvait voir en les croisant dans la rue qu'ils avaient une pratique religieuse très rigoureuse", a déclaré à l'AFP le maire de la commune, Sylvain Tanguy, parlant d'une "famille très discrète, qui ne sortait pas beaucoup et n'a jamais fait parler d'elle".
Cette nouvelle attaque survient dans un pays placé sous le régime de l'état d'urgence depuis les attentats de novembre 2015. Depuis janvier 2015, la France est visée par une vague d'attentats qui a fait au total 239 morts, plusieurs attaques ciblant particulièrement les forces de l'ordre.
Sur les Champs-Elysées, la vie a repris son cours habituel mardi matin: les travailleurs parisiens se mêlaient aux touristes qui flânaient et prenaient des selfies.
Vers 09H30, autour du Rond-Point des Champs-Elysées, deux policiers retiraient les derniers rubans du périmètre de sécurité déployé la veille.
Assis sur un banc non loin, Jim et Martha Page, un couple de retraités américains, ont entendu parler de l'attaque "sur CNN" mais n'ont pas pour autant changé leurs plans. "On connaît, on a eu le 11-Septembre, Orlando, San Bernardino...", raconte Jim, 71 ans: "C'est triste à dire mais on arrive à un point où on devient habitués".

le Mardi 20 Juin 2017 à 03:50 | Lu 486 fois