Assurance chômage: la réforme se précise, 3,6 milliards d'euros d'économies attendues


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Paris, France | AFP | mercredi 22/05/2024 - Un objectif de "3,6 milliards" d'euros d'économies et 90.000 personnes supplémentaires en emploi: les contours de la réforme de l'assurance chômage, qui sera dévoilée dimanche, se précisent avec notamment un durcissement attendu des conditions d'ouverture de droits.

Matignon a annoncé mercredi que Gabriel Attal ferait des annonces à ce sujet dimanche. Le format de ces annonces n'a pas encore été décidé, a indiqué Matignon. 

La ministre du Travail Catherine Vautrin, qui a commencé mercredi à recevoir les partenaires sociaux, a dévoilé les pistes qui tiennent la corde.

Premier à être reçu, le président de la CFE-CGC François Hommeril a fait savoir à l'AFP, à l'issue d'une réunion "assez difficile", que "les conditions d'affiliation seraient durcies": il faudra avoir travaillé huit mois au cours des 20 derniers mois, au lieu de six mois pendant les 24 derniers mois actuellement.

Le ministère a confirmé cette piste, tout en soulignant que Mme Vautrin souhaitait que "la copie gouvernementale puisse évoluer à la suite de ces concertations".

Le gouvernement attend avec cette réforme "3,6 milliards" d'euros d'économies, et l'objectif est d'augmenter de "90.000 le nombre de personnes en emploi", a-t-on indiqué de même source.

"Les poches des chômeurs"

Côté syndical, la réforme est vivement contestée. Pour le numéro un de FO Frédéric Souillot, qui a vu Mme Vautrin à la mi-journée, "prendre les choses en tapant sur les demandeurs d'emploi ou en réduisant les possibilités d'être indemnisé, ce n'est pas prendre les choses par le bon bout". 

Son homologue de la CFDT Marylise Léon a aussi critiqué sur BFM Business une réforme pour "faire encore plus d'économies" en faisant "les poches des chômeurs".

"C'est une réforme très dure" qui va affecter "20% des demandeurs d'emploi parmi les plus vulnérables et les plus précaires", a affirmé dans la soirée le négociateur du premier syndicat Olivier Guivarch.

Il a expliqué que la réduction de 24 à 20 mois de la période de référence pour le calcul des droits allait entraîner une réduction d'au moins trois mois de la durée maximale de ces droits, aujourd'hui de 18 mois.

Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats sur la vie au travail et l'emploi des seniors, le ministère du Travail avait annoncé fin avril qu'il fixerait lui-même les nouvelles règles par "un décret de carence" avec une prise d'effet au 1er juillet.

Le passage de six à huit mois de travail pour être indemnisé toucherait particulièrement les allocataires de moins de 25 ans ou sortant d'un CDD ou d'intérim.

L'extension à davantage de secteurs du bonus-malus, système pour lutter contre l'abus de contrats courts, figure aussi parmi les pistes, ainsi qu'une nouvelle réduction de la durée d'indemnisation si le chômage descend sous les 6,5% contre 7,5% actuellement (cela engendrerait 3 milliards d'euros d'économies supplémentaires). 

soutien patronal 

Pour les seniors de 57 ans et plus, le gouvernement veut créer un "bonus à la reprise d'emploi" et dans le même temps plafonner les indemnisations des chômeurs proches de la retraite. Une mesure "anti-cadres" pour François Hommeril.

Les syndicats, qui avaient farouchement combattu les réformes controversées de 2019 et de 2023, sont à nouveau vent debout.

Ils ont apporté mardi leur soutien à une proposition de loi du groupe Liot qui doit être examinée à l'Assemblée nationale le 13 juin et vise à empêcher "la réforme de trop", que les députés PS ont qualifiée mercredi de "régression sociale historique".

M. Souillot a dit avoir précisé à la ministre que FO attaquerait "son décret en Conseil d'État".

Côté patronal en revanche, le président du Medef Patrick Martin a confirmé à l'AFP son "soutien à la réforme" mais a dit à Catherine Vautrin son opposition "à une généralisation ou même à une simple extension du bonus malus", et en demandant une baisse de la cotisation patronale pour l'assurance chômage.

Sur ce dernier point, "l'arbitrage n'est pas pris", a rapporté à l'AFP le président de l'U2P Michel Picon, auquel Catherine Vautrin a assuré que les jeunes qui ne seraient plus indemnisés bénéficieraient d'un accompagnement renforcé par France Travail et de plus de contrats d'engagement jeunes (CEJ).

le Jeudi 23 Mai 2024 à 05:23 | Lu 357 fois