Assises: un père reconnaît avoir involontairement donné la mort à son bébé


PAPEETE, le 14 février 2018 - Après une longue matinée émaillée d’incidents procéduraux, le troisième procès de cette session d’assises a débuté en présence de la mère et de la grand-mère de la victime, une petite fille de 21 mois morte après avoir été brutalisée par son père. Dès le début de l’audience, l’individu, âgé de 27 ans, a reconnu les faits.

Cruelle ironie du sort. En ce 14 février 2018, la petite victime aurait dû fêter ses 5 ans. Mais elle a succombé le 2 décembre 2014 suite à un important œdème cérébral. Ce jour-là, la petite avait été momentanément confiée à son père par sa grand-mère maternelle qui devait se rendre chez le médecin. La vieille dame avait la garde de l’enfant puisque sa fille, la mère du bébé, suivait une formation en métropole. Très tôt dans la matinée, elle avait donc amené l’enfant chez son père. En début d’après-midi, ce dernier avait appelé les secours car il avait retrouvé sa fille « inconsciente. » Transportée à l’hôpital, la victime était décédée d’une hémorragie intracrânienne. Tout d’abord entendu en qualité de témoin, l’homme avait expliqué que sa fille était tombée d’un banc. Puis, il avait changé de version et avait évoqué un choc contre un appareil de musculation. Plusieurs mois après les faits, il avait finalement reconnu avoir secoué le bébé à plusieurs reprises car il ne supportait pas ses pleurs, car il était « énervé. » Le médecin légiste avait conclu que le diagnostic était « hautement compatible avec le syndrome du bébé secoué. »



violences conjugales et alcoolisme

Lors du début de son procès ce mercredi, l’accusé a, de nouveau, reconnu les faits. Prostré, peu audible, l’homme a évoqué son enfance : « je n’écoutais pas, je faisais des bêtises (…) mes parents m’aimaient moins que mes frères. »

Alcoolique dès l’âge de 15 ans, l’accusé connaît une scolarité moyenne. Puis il s’engage au RSMA, période durant laquelle il rencontre la mère de sa fille, alors âgée de 15 ans. La relation du couple est marquée par la violence et les comportements addictifs du jeune homme. Trois jours après la naissance de sa fille, les vigiles de la maternité doivent le faire de sortir de l’hôpital car il s’est montré brutal envers sa compagne et leur bébé.

Risque de récidive non négligeable

Après l’évocation de la personnalité de l’accusé, l’expert psychiatre, qui avait examiné l’individu plusieurs mois après les faits, s’est avancé à la barre : « à l’époque, il niait encore les faits. Il était préoccupé par la sanction pénale mais l’on décelait toutefois d’authentiques éléments dépressifs réactionnels. » Evoquant l’enfance de l’accusé, le médecin poursuit : « il a des carences éducatives non négligeables à mettre en relation avec l’alcoolisme notoire de son père. » A propos des faits, le psychiatre note un « risque de récidive non négligeable (…) Dans son parcours, la violence apparaît précocement, il présente une importante capacité de passage à l’acte. »

Le procès se poursuivra ce jeudi avec l'audition de la mère de la victime.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 14 Février 2018 à 16:57 | Lu 5698 fois