Assises : A 42 ans, il écope de 30 ans de réclusion criminelle pour son second crime de sang


PAPEETE, le 23 février 2017 - L'accusé, Sébastien T., avait déjà été condamné par la cour d'assises à 16 ans de réclusion criminelle, en 1997, pour sa participation à l'assassinat d'un commerçant à Raiatea. Vingt ans plus tard, c'est pour le meurtre de son cousin, tué de cinq coups de marteau en pleine tête en juin 2015, et toujours sur l'île sacrée, que les jurés ont renvoyé pour de très longues années derrière les barreaux ce quadragénaire soufrant de schizophrénie. Le procès n'a en revanche pas permis de comprendre les raisons profondes de cette mise à mort.


Les jurés de la cour d'assises de la Polynésie française ont suivi les réquisitions de l'avocat général, ce jeudi en début d'après-midi. Sébastien T., 42 ans, a été reconnu coupable du meurtre de son cousin, Loïc, dans la soirée du 12 au 13 juin 2015, assommé puis achevé de cinq coups de marteau en pleine tête dans son modeste cabanon du district d'Avera, à Raiatea. Pour ce crime, il écope d'une peine de 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté de 20 ans.

S'ils ont finalement considéré que ce quadragénaire schizophrène, limite psychopathe, n'avait pas toute sa tête quand il est passé à l'acte, les jurés n'ont pas pu occulter qu'il était en état de récidive de meurtre. Un second crime de sang en effet pour Sébastien, déjà condamné à 16 ans de réclusion criminelle en 1997 pour avoir activement participé à l'assassinat d'un commerçant chinois de Raiatea, étranglé puis poignardé à six reprises de nuit dans son arrière-boutique.

"Cet homme est plus que dangereux", a martelé le représentant du ministère public dans son réquisitoire, rappelant que Sébastien, peu de temps après sa première sortie de prison et des années avant le meurtre de Loïc, avait aussi été condamné pour des menaces de mort sur une ex-concubine. "Il n'a fait preuve d'aucune réflexion sur lui-même, d'aucune remise en cause malgré toutes ces années en détention (...) Il faut protéger la société, je ne vous cache pas que cet individu ne me rassure en aucune façon". Les experts ont d'ailleurs souligné le risque important de récidive toujours bien présent chez cet accusé qui donne l'impression d'être capable de tuer de sang-froid, et sans jamais exprimer le moindre regret.

"Je lui ai réglé son compte"

Car au-delà de la violence, il y a le comportement, la personnalité. Et Sébastien n'explique jamais clairement ses passages à l'acte. Ou alors de façon délirante. Au terme de deux jours d'audience, le mystère n'a en effet toujours pas été levé sur les raisons qui l'ont conduit à achever son pauvre cousin de la sorte ce soir-là, et avec un tel acharnement. Toutes les pistes ont été explorées sans pouvoir en dégager de certitudes. De la jalousie au mysticisme d'un accusé borderline qui a un temps dit avoir été commandé par des voix, en passant par sa réaction à une éventuelle agression ou autre provocation d'ordre sexuelle de la victime à son égard. "On est à la frontière entre le psychiatrique et le criminologique", a plaidé l'avocat de l'accusé Me Aureille. "Et on va vers la facilité en envoyant en prison des personne qu'on devrait, mais qu'on ne sait pas, prendre en charge médicalement en Polynésie française".

Dans la soirée du 12 au 13 juin 2015, Sébastien avait asséné cinq violents coups de marteau de chantier au crâne de son cousin Loïc. Les deux hommes, sans grandes ressources et aux parcours de vie chaotique vivaient chacun dans leur coin, relativement isolés de leur famille. Ils n'avaient pas de contentieux sérieux connu. Au moment du drame, Sébastien achevait sur le terrain d'une tante qu'ils avaient en commun la construction d'un modeste cabanon que Loïc devait occuper. Les deux hommes travaillaient ensemble sur ce chantier depuis un mois. Aucun témoin n'a assisté à la scène.

L'enquête avait été ouverte plusieurs jours après les faits, la famille ayant fini par s'inquiéter de ne plus avoir de nouvelles des deux hommes. Sébastien avait quitté Raiatea pour Bora Bora après son crime, où il se rendra à la gendarmerie pour avouer froidement et sans trop d'explications "avoir réglé son compte" à son cousin.

Le corps de Loïc n'avait été retrouvé que quinze jours après les faits, en état de décomposition avancée, sur les lieux du crime, le marteau ensanglanté abandonné à proximité. Autant de paramètres qui, associés aux multiples versions fournies par la personnalité schizophrénique de Sébastien, n'auront pas permis à la justice d'avoir le fin mot sur l'élément déclencheur cette sordide histoire.

Sébastien T. a dix jours pour faire appel.

Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 23 Février 2017 à 13:51 | Lu 4894 fois