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Assemblée : Tuihani s'indigne de "l’attitude à géométrie variable" des élus


Marcel Tuihani est intervenu en fin de matinée pour condamner "l’attitude à géométrie variable" des élus sur la question des temps de parole.
Marcel Tuihani est intervenu en fin de matinée pour condamner "l’attitude à géométrie variable" des élus sur la question des temps de parole.
PAPEETE, 28 avril 2016 - La deuxième séance de la session administrative a débuté jeudi sur une controverse, à l'initiative de la majorité, au sujet des temps de parole imposés par le règlement intérieur. Marcel Tuihani est intervenu en fin de matinée pour condamner "l’attitude à géométrie variable" de Nicole Bouteau et de Teva Rohfritsch.

Sept questions orales étaient inscrites en préambule de la plénière de jeudi, à l'assemblée. D’emblée, en ouverture de séance Sylvana Puhetini a pris la parole pour ouvrir le feu au sujet de "deux questions orales de l’UPLD et du Tahoera’a qui tiennent sur deux-trois pages". L'occasion pour la présidente du groupe majoritaire RMA de rappeler le règlement intérieur de l’assemblée et notamment son article 38 dont le 3e alinéa stipule "Les questions doivent être sommairement rédigées et se limiter aux éléments strictement indispensables à la compréhension de la question". Concrètement, un temps de 3 minutes est prévu pour chaque question, il ne doit excéder les 5 minutes pour les réponses.

Antony Géros, président du groupe UPLD, est de suite monté au créneau pour questionner avec ironie : "Pouvons-nous poser une question, compréhensible bien sûr, pour avoir une réponse ; ou bien avons-nous trois minutes pour ouvrir notre bouche ?".

Pendant une quinzaine de minutes, plusieurs interventions critiques ont alors fusé depuis les rangs de l’hémicycle, avec les UPLD Jacquie Drollet et Richard Tuheiava, puis par l’intermédiaire des Tahoera’a Sandra Levy-Agami et Alice Tinorua. Nicole Bouteau, ancienne élue A Ti’a Porinetia aujourd’hui membre du groupe majoritaire pro-Fritch RMA, s’est ensuite saisie de la parole pour abonder dans le sens de Sylvana Puhetini, sa président de groupe : "Nous avons souvenir d’une gouvernance de l’assemblée, notamment lorsque l’UPLD était à la présidence, où l’on coupait le micro une fois le temps de parole révolu. Nous avons un règlement. Nous venons de le modifier. Fallait-il allonger les temps de parole ? En tout cas nous demandons, pour les prochaines séances de questions orales, à ce que les intervenants fassent des interventions plus synthétiques. Nous nous y astreignons et demandons à ce qu’il en soit de même pour tout le monde".

Depuis le perchoir, Marcel Tuihani s’est alors indigné en égrainant posément son regret du "temps où il n’y avait aucune majorité à l’assemblée et où tout le monde appréciait les largesses que j’apportais aux minutes imposées par le règlement. Cette période me manque et j’aurais apprécié que certains d’entre vous s’en souvienne".

"M. le président", est intervenu sur ces entrefaites, énergiquement, Teva Rohfritsch depuis la tribune du gouvernement "comme ça fait 15 minutes que l’on se demande s’il ne faut pas dépasser les trois minutes, je vous propose de passer directement aux questions orales. Le gouvernement est à votre entière disposition pour tenter de répondre. Mais je voudrais simplement rappeler qu’il y a un règlement intérieur et qu’il appartient aux représentants de fixer ce cadre et de le respecter. (…) Au-delà des chronométrages qu’il vous appartient de surveiller, il me semble important que ce débat sur les questions d’actualité puisse rester dans un cadre choisi par la représentation de la population".

La séance devait ensuite se dérouler comme si de rien n’était. Les sept questions ont été posées, sans que rien n’ait été modifié dans leur rédaction. Les réponses ont toutes dépassé les cinq minutes imparties. Et la séquence des questions au gouvernement a largement débordé des 60 minutes prévues par le règlement intérieur.

Mais à l’issue de cette phase de la plénière, le président de l’assemblée a invité la presse pour préciser l’indignation dont il venait de faire part aux élus, plus d'une heure auparavant : "Il m’appartient de veiller à l’application stricte du règlement de l’assemblée. C’est une obligation. Sauf que je vois là des attitudes à géométrie variable. Mme Bouteau et son président de groupe, Teva Rofritsch, était à la tête du groupe politique le plus faible avec huit élus. Ils avaient naturellement les temps de parole les plus faibles. J’ai toujours observé une certaine largesse pour qu’ils puissent s’exprimer. Il me semblait qu’ils appréciaient cette attitude. Aujourd’hui qu’ils se retrouvent dans la majorité, il faut appliquer strictement le règlement intérieur ? Trois minutes pour la question, cinq minutes pour la réponse… Imaginez un instant que je me trouve un jour obligé de couper une intervention du président Fritch. Que diront-ils alors ? Outrage, irrespect… Ce qui m’anime dans ma gestion de l’assemblée est de tout mettre en œuvre pour que les élus puissent disposer des informations. (…) Oui pour l’application du règlement intérieur ; mais de grâce, n’ayons pas ces attitudes à géométrie variable. (…) Quand on est dans la minorité on apprécie les largesses au regard du règlement et lorsqu’on accède à la majorité on demande le règlement strict du règlement ? (…) Si personne n’alerte les élus que nous sommes au sujet de ces comportement critiqués par une large majorité, va-t-on continuer comme cela à se donner en spectacle ?"

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 28 Avril 2016 à 13:23 | Lu 2134 fois